Bienne, 14 avril 2013 (Apic) Le lama Maratika Rinpoché est l’hôte du Centre de méditation bouddhiste Do Nga Chö Ling, à Bienne, où il donnera jusqu’à fin avril une conférence et des séminaires. Ce docteur en philosophie dirige le monastère de Maratika, au Népal, proche des célèbres grottes de Maratika, un des six hauts lieus de pèlerinage du bouddhisme tibétain auquel sont attribués des pouvoirs thérapeutiques. Reconnu par le dalaï-lama comme détenteur d’un lignage de guérison spirituelle, Maratika Rinpoché livre sa conception du bouddhisme. Interview.
Maratika Rinpoché, comment définiriez-vous le bouddhisme?
Le bouddhisme consiste d’abord à développer compassion et amour pour tous les êtres vivants, humains et animaux, et à atteindre un état de paix intérieure qui permettra d’aider les autres à connaître à leur tour ce bonheur et d’éviter les guerres. Il vise ensuite, par la méditation, à contrôler, dompter, apaiser notre esprit agité et névrotique, lequel est souvent source de souffrance.
Peut-on parler de philosophie, de religion, de science de l’esprit?
Le bouddhisme recèle dans son corpus nombre d’aspects: une lecture scientifique et philosophique de la réalité extérieure, résumée dans le recueil de textes «Abhidharma kosha», un volet religieux et cosmogonique, avec des divinités, des croyances, ainsi qu’une dimension psychologique, avec une étude du fonctionnement du mental et des composantes de la psyché.
Comment expliquez-vous la fascination des Occidentaux pour le bouddhisme, tibétain tout particulièrement?
Le bouddhisme est né en Inde il y a 2500 ans et a été introduit au Tibet autour du 7e siècle. Après l’intervention militaire chinoise, en 1950, la diaspora tibétaine a diffusé les enseignements du Bouddha en Europe et en Amérique. La rencontre entre la quête de sens, la misère spirituelle qui taraudait l’Occident après la Seconde Guerre mondiale et le message dont étaient porteurs les exilés tibétains a favorisé le développement du bouddhisme.
Pensez-vous que l’angoisse de la mort sous nos latitudes puisse éclairer le succès d’une notion comme la réincarnation?
La peur de la mort peut être lue, selon moi, à l’aune d’un déficit d’éducation spirituelle, d’une perte de sens. Dans le bouddhisme, l’esprit, c’est l’invité, le corps, c’est l’auberge, marquée par sa dimension éphémère. Or, si l’on n’est identifié qu’à l’auberge, on va craindre de mourir, alors qu’il existe une continuité de l’âme après la mort. Dans ce contexte, la réincarnation équivaut à changer de maison. Et s’il on a une bonne pratique spirituelle, l’on pourra choisir la meilleure maison.
Les notions de punition, de pardon ont-elles cours dans le bouddhisme?
Tout acte délictueux accompagné d’un sentiment de réjouissance – par exemple se vanter d’avoir volé, d’avoir fait le mal – constitue un karma très lourd. Mais il y a toujours une possibilité de pardon par la confession, le regret, l’engagement de ne pas récidiver ou par un travail social ou humanitaire. Si tel n’est pas le cas, la dette karmique devra être repayée dans une autre vie.
Quels sont les terrains où bouddhisme et christianisme peuvent se rencontrer?
Je ne connais pas le christianisme de l’intérieur. Aux Etats-Unis, j’ai toutefois enseigné le bouddhisme dans des églises chrétiennes et je puis dire que ces religions se distinguent toutes deux par la compassion et l’amour. Pour le bouddhisme, les religions sont comparables à un jardin de fleurs multicolores. Chacun choisit une fleur en fonction de ses liens karmiques, mais la base demeure la même pour tous. Finalement, l’essentiel, c’est que les différentes traditions spirituelles délivrent un message de paix et de bonheur. (apic/eda/cw)
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