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Méditation — Cet amour et cette compassion qui nous rendent larges et infinis…

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IMG_1804-2.jpgParce que nous nous sommes éloignés de nous, nous avons perdu tout autre. Il en témoigne notre monde appauvri par des relations de plus en plus superficielles, difficiles, éphémères, maladroites. Pourtant nous sommes au coeur de l’ère de la communication. Quels merveilleux progrès nous avons fait! La science et la technologie aidés par l’intelligence de l’homme ont accompli de grandes choses; internet, la possibilité d’être reliés à tout et à tous en est un grandiose exemple. A n’importe quel endroit du monde où nous nous trouvons, nous pouvons tout atteindre, communiquer, rechercher, comprendre, solutionner, transmettre, partager. Mais nous ne pouvons pas atteindre la paix profonde et nous libérer de la souffrance.

Nous avons cherché en dehors de nous, ce qui se trouve en nous; ce qui « est » nous. Alors nous nous sommes éloignés de nous mêmes. Nous avons quitté les terres de notre essence, le pays de notre nature, la maison de notre paix profonde. Le chaos est apparu et a tout emporté par l’ignorance, l’avidité et la colère, troublant ainsi la vision de la réalité. Du coup, tout nous paraît séparé, distant, ailleurs. Il est important de revenir à nous. Important et urgent. Jamais trop tard. C’est au cœur de nous mêmes que s’ouvre la compréhension du monde, au creux de nos existences que réapparaît la vision juste.

Tous les voyages entrepris à l’extérieur de nous sont autant de leurres qui empêchent de voir ce que nous sommes. « QUE SUIS-JE? » n’est plus notre grande question. Et en ne sachant plus ce que nous sommes, nous avons fini par oublier, délaisser puis ignorer ce qu’est l’autre.

Revenir à la grande question « QUE SUIS-JE? » ici et maintenant comme en se positionnant nus en toute vérité face à un miroir pour se voir, se percevoir, et contempler ce que nous sommes en vérité, est le seul moyen d’ouvrir le regard de notre esprit sur la vision, la perception et la contemplation de l’humanité et de l’univers tout entiers. Ici sur ce coussin, assis au bord du précipice ineffable de notre vérité telle qu’elle apparaît instant après instant nous pouvons scruter le monde et en entendre le son. Comme cette statue d’Avalokitesvara que nous avons posé sur l’autel aujourd’hui, nous pouvons sentir les milles yeux et les mille bras de notre nature véritable se tourner et se diriger vers chaque être sensible pour lui apporter une main amoureuse et un regard compatissant; cette même main, ce même regard que nous avons porté sur nous lors de la méditation. Comprendre qu’il n’y a pas « ma » souffrance et « sa » souffrance. Comprendre qu’il n’y a pas « mon » malheur » et « son » malheur. Mais que si l’autre peine sous le joug de son existence, c’est ma vie et l’univers tout entier qui en souffrent. Tout comme ma sérénité, ma paix intérieure, l’harmonie que j’atteins en moi peuvent illuminer chaque particule de cet univers et chaque être vivant. Un jour un jeune homme me dit: « Mais toute cette harmonie et toute cette paix que je suis censé irradier aux autres et à l’univers, moi je ne les vois pas… » C’est parce que nous ne pouvons pas le « toucher », lui donner un nom propre, une forme ou une couleur, que cet échange est pur et fort. Parce qu’elle échappe à la dualité et aux illusions que cette communion avec l’univers est salvatrice et véritablement incommensurable. Toute-puissante. Notre esprit n’a pas de frontières, ni de limites. L’amour et la compassion qui en découlent peuvent tout embrasser, tout englober et irradier. Il suffit d’abattre les murs de notre ignorance de notre avidité et de notre colère pour que tout redevienne UN.
Reprenons en nos existences les vœux du Bodhisattva: ne produire aucun malheur, et engendrer le bonheur de tous les êtres et ce monde est déjà sauvé puisque entre lui et moi il n’y a pas de séparation.

Alors ce soir, ici, aux pieds de l’image de la Sagesse Éveillée, diffusons avec mansuétude et bonté tout notre amour et notre compassion aux êtres plongés dans la souffrance et le désarrois et plus particulièrement aux nombreux êtres victimes des catastrophes, hélas nombreuses, de cet été 2010. Portons également notre amour et notre compassion sur les chefs des nations, les gouvernants responsables de tant de causes néfastes pour notre planète et pour l’humanité, dirigeons vers eux un regard plein de bonté, percevons toute la souffrance qui les mène à accomplir des actes, même minimes, d’ignorance, de désinvolture de méconnaissance portant atteinte à l’univers. Faisons le vœux que toute souffrance soit apaisée que tout être soit libéré et que par l’amour, la compassion et la sagesse éveillés en chaque être, le monde soit transfiguré.

Je veux partager avec vous avant de chanter la dédicace cette prière d’un être éveillé d’une grande beauté, Saint François d’Assise; cette prière puisse conduire nos pas jours après jours en quittant ce lieu, et devenir notre pratique quotidienne englobant toute chose et tout être, et dans la simplicité de chaque instant pleinement vécu en sa lumière , sauver de la souffrance concrètement chaque être se présentant sur nos chemins:

Puisse-je devenir un instrument de paix.

Là où est la haine, que je porte l’amour.

Là où est l’offense, que je porte le pardon.

Là où est la discorde, que je porte l’union.

Là où est l’erreur, que je porte la vérité.

Là où est le doute, que je porte la foi.

Là où est le désespoir, que je porte l’espérance.

Là où sont les ténèbres, que je porte la lumière.

Là où est la tristesse, que je porte la joie.

Devenons ici et maintenant, aussi larges et infinis que le temps et l’espace. Aimant et compatissants telle une mère chérissant chacun de ces enfants.

Kwan Seum Bosal !




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