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Homosexualité et Religions

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Comment garder la foi lorsque sa propre religion ne reconnaît ni l’être que nous sommes ni l’être que nous aimons ? Comment ouvrir les yeux sur sa propre réalité et garder espoir en une reconnaissance universelle qui traîne des pieds et semble aujourd’hui plus que difficile à concilier avec la religion ?

Homosexualité, Mœurs et Diabolisations

ÉGLISE CATHOLIQUE

Diablo?
Diablo?

Les religions bien que de plus en plus portées vers la tolérance, ont souvent été à l’origine de nombreuses répressions sociales ou religieuses. Selon la manière avec laquelle sont interprétés les livres saints, des populations réagissent, protestent ou subissent le poids d’années de doctrines.

Le jeudi 31 juillet 2003, le Vatican publiait une campagne intitulée « Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles ». Avec cette campagne le Vatican encourageait fortement la répression des homosexuelles dénonçant les pratiques homosexuelles de « péchés gravement contraire à la chasteté » condamnés par les écritures saintes. Le pape déclarait alors que les homosexuels n’étaient pas tous « personnellement responsables » de ce phénomène qu’il qualifiait d’ « anomalie ».

Menacés d’excommunion, la communauté homosexuelle n’est rien aux yeux de l’église catholique et ne représente qu’une entrave à l’ordre public religieux. Dans cette campagne le but du Vatican était de limiter les droits des couples homosexuels au lieu de, comme les principes démocratiques le voudraient, leur en accorder.

En 2005, le Vatican entendait purifier l’Eglise romaine en interdisant l’accès à la prêtrise à tout homosexuel. Une chasse au « gays » était alors lancée. Comme au temps des « chasses aux sorcières » la communauté homosexuelle est fortement réprimée par l’Eglise catholique et encore demain la répression peut se faire plus dure car il semble que l’Eglise vaticane s’ancre dans une pensée conservatrice dont elle fait preuve jour aprés jour à travers ses déclarations sur l’avortement, la chasteté, la contraception et l’homosexualité.

JUDAÏSME

Dans la religion juive, l’homosexualité est considérée comme une « abomination ». Jugée sur le même plan que l’inceste ou que l’infidélité, l’homosexualité est considérée comme une perversion majeure. Elle est perçue comme une forme de replis sur soi, une bulle au sein de laquelle un homme ou une femme se complait ne se dirigeant que vers l’être qui lui ressemble. La Torah rejette ce genre de comportement. Le judaïsme est considéré comme une ouverture sur le monde, mais relative sur certains sujets…

PROTESTANTISME

Les Églises protestantes sont d’accord pour dire, à partir de la Bible que ce qui compte avant tout c’est l’amour, indépendamment de la sexualité. L’apôtre Paul décrivait l’homosexualité comme une espèce d’ « idolâtrie ».

Aujourd’hui les églises protestantes, connues pour leur certaine tolérance vis-à-vis de sujets tels que la chasteté, le mariage des hommes d’église et l’avortement, n’a pour seul but que de laisser s’exprimer la communauté homosexuelle et de comprendre par la même occasion comment un être humain concilie sa vie sexuelle et amoureuse avec sa vie religieuse.

Cependant, bien qu’elle la tolère, l’Eglise protestante ne se sent pas encore prête à accepter et à intégrer totalement la communauté « gay » au sein de son organisation.

RELIGION MUSULMANE

La Charia (code de conduite musulman) condamne l’homosexualité, qu’elle considère comme un pêché. « Et Lot, quand il dit à son peuple : «Vous livrez vous à cette turpitude que nul, parmi les mondes, n’a commise avant vous ? Certes, vous assouvissez vos désirs charnels avec les hommes au lieu des femmes ! Vous êtes bien un peuple outrancier.» Le Coran [7:80-81]

Au sein de l’islam seule l’homosexualité masculine est prise en compte, le statut des femmes étant partiellement ignoré et leur sexualité étant inexistante en dehors de la procréation. Ce qu’il faut souligner est que dans la religion musulmane le célibat est diabolisé. Tout acte sexuel doit se faire dans l’ordre divin du mariage et en aucun cas en dehors. Les homosexuels sont donc perçus comme des dépravés, des âmes perdues.

Dans certains pays tels que l’Iran ou l’Afghanistan l’homosexualité est condamnée et punie de mort, par pendaison ou lapidation[cf: photo].

Jeunes gays pendus en Iran
Jeunes gays pendus en Iran

BOUDDHISME

Le Bouddhisme n’impose pas de règles de vie stricte. Le bouddhisme, ouvre le monde à ses adeptes ainsi qu’à ceux qui y sont étranger. Profondément humaniste, c’est une religion qui tolère, accepte et ne réprime pas. Néanmoins, l’avis du Dalaï-lama sur la question est très important pour la communauté bouddhiste. Il déclare sur le sujet : « Comme le christianisme, le bouddhisme recommande d’éviter les relations sexuelles avec quelqu’un du même sexe. Mais, d’un point de vue social, cela ne pose pas de problème pour les gens n’ayant pas de foi particulière, du moment que les rapports sont protégés ».

Pour le bouddhiste, ce qui pose problème dans l’homosexualité est la question de la descendance car, un fils homosexuel ne donnera aucune descendance à sa famille.

Lire aussi
Vén. Shravasti Dhammika – La Sangha et l’Homosexualité

HINDOUISME

En Inde, l’homosexualité est dite « contraire à la culture hindouiste ». L’acte homosexuel y est un crime passible de peine de prison et reste un sujet tabou, totalement étouffé par le poids des traditions.

En 2004, le film Girlfriend, mettant en scène une relation lesbienne, provoquait une polémique monstre au sein du pays, poussant même certains cinémas à en déprogrammer la diffusion. Des fondamentalistes hindous s’étaient organisés dans tout le pays afin de détruire l’image du film, en arrachant les affiches et en faisant pression sur les petits cinémas. Ils déclaraient alors que ce film était « une insulte à la gente féminine » et que l’intimité du peuple hindouiste ne devait en aucun cas se retrouver sur les écrans. Le film a fait pourtant salles combles et a remporté un grand succès.

Ainsi, bien que la communauté homosexuelle indienne grandisse au sein du pays et surtout dans les grandes villes, les dirigeants de la communauté hindouiste ne semblent pas encore prêts à intégrer dans leur société l’homosexualité qu’ils considèrent encore comme une « pratique déviante».

L’homosexualité, après avoir été pratique courante et marque de noblesse d’esprit en des temps où luxure n’était pas forcément synonyme de pêché, s’est vu être de plus en plus réprimée au cours des siècles.

Nos sociétés, en dépit de leur apparente évolution, ont imposé des points de repères et ont établi, affirmé l’importance d’une certaine moralité, d’une pensée unique au sein d’une communauté, qu’elle soit religieuse, ethnique ou géographique.

Les sociétés ont considéré l’avenir avec beaucoup d’attention, n’étant prêtes à avancer qu’à travers un certain code de conduite.

Ce n’est que récemment que la population, étouffée par ces mêmes piliers qu’elle semblait nécessiter, s’est émancipée des codes et des Églises à travers une libération sexuelle étonnante dans les années 70.

L’homosexualité reste un tabou majeur au sein de nombreuses communautés, qui, paralysées par le poids de l’Histoire, de la religion et des coutumes s’abstiennent d’ouvrir leurs portes en grand, de peur peut-être de ne pas savoir les refermer.


Adeline Journey pour www.buddhachannel.tv

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