PORTRAIT – L’ex-James Bond girl s’est battue pendant quatre ans pour incarner à l’écran la vie de la Prix Nobel birmane Aung San Suu Kyi. Un saut dans la carrière de l’ancienne championne d’arts martiaux.
Vedette des superproductions asiatiques, « James Bond girl », compagne de Jean Todt, le patron de la Fédération internationale de l’automobile, 35 films au compteur… Michelle Yeoh n’en stresse pas moins, comme à ses débuts. « Pas évident de parler de soi. Faire un discours en public est encore pire. J’ai peur de me ridiculiser, d’avoir une absence. Les gens qui vous écoutent veulent être inspirés. Mais qui suis-je pour dire quelque chose qu’ils ne savent pas déjà? » Michelle Yeoh connaît pourtant son sujet sur le bout des doigts. Elle s’est battue pendant quatre ans pour ce projet d’adaptation de la vie de Aung San Suu Kyi. Aucun producteur avant Luc Besson ne voulait porter à l’écran l’incroyable destin de la figure de proue de la démocratie birmane. « Pourtant, The Lady est un film de superhéros, au moment où Hollywood ne jure que par des justiciers comme Spider-Man. Certains financiers ne savaient même pas où se situait la Birmanie… »
“Je hais la violence. Je suis la première à tourner les talons et à refuser l’affrontement”
«Je hais la violence. Je suis la première à tourner les talons et à refuser l’affrontement»Michelle Yeoh a pris une année sabbatique pour effectuer la promotion de The Lady, et donc populariser le combat de la Prix Nobel de la Paix à travers le monde. La profession lui prédit un oscar. Elle ne prête pas attention à la rumeur. « Auparavant, je calais un tournage en fonction des trous dans mon emploi du temps. Désormais, j’ai compris ce qui avait du sens à mes yeux et j’ai d’autres priorités ». Qui l’ont exhortée à repousser ses limites, au point de devenir le double parfait de son modèle. Elle était prête à tout pour y parvenir. Le résultat est stupéfiant. « Elle s’est littéralement imprégnée de Suu, si bien que je n’avais pas besoin de la guider, confie Luc Besson. Michelle est allée très loin dans sa préparation ». Petit gabarit (1,63 mètre pour 45 kilos), elle a perdu 5 kilos, pris des leçons de piano et de birman. « Pas question de mémoriser mon texte phonétiquement, sans le comprendre ».
Le malais, sa langue natale, l’anglais, le cantonais et le mandarin, qu’elle maîtrise, ne lui ont été d’aucune aide. Grâce à son exigence et à sa motivation, elle a réussi à s’exprimer le plus naturellement possible. « La première étape de mon engagement envers Suu. Il n’était pas question de calquer sa voix, ses manières, ses postures. Mais de voir à travers ses yeux, comprendre où elle puisait cette sagesse, cette force intérieure et cette dévotion. Son charisme est saisissant. Lorsque Suu entre dans une pièce, on ne regarde qu’elle ». Pendant sa réclusion, Aung San Suu Kyi s’est réfugiée dans le bouddhisme et la méditation, pour oublier sa solitude. Michelle Yeoh s’est plongée dans les mêmes lectures. Qui ne lui étaient pas totalement inconnues : les arts martiaux, pratiqués à haute dose durant sa carrière dans le cinéma d’action à Hongkong, lui ont inculqué une philosophie et une grande capacité de concentration.
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