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Sauver le monde par l’altruisme, selon Matthieu Ricard

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11.09.2009

«Ce qu’il faudrait à la société d’aujourd’hui, c’est plus de compassion», affirme Matthieu Ricard. Personne ne contredira le grand sage. Mais comment y arriver ? C’est ce qu’il tentera de nous expliquer lors de sa prochaine visite au Québec, du 12 au 16 septembre, au cours de laquelle il donnera plusieurs conférences. Nous avons joint le plus branché des moines bouddhistes sur son téléphone cellulaire, plus tôt cette semaine, au monastère de Shétchen, au Népal.

Matthieu Ricard donnera quelques conférences au cours des prochains jours.
Matthieu Ricard donnera quelques conférences au cours des prochains jours.

«En ces temps de crise financière, l’altruisme est le seul facteur qui permettrait de concilier trois échelles de temps que l’égoïsme rend presque incompatibles : l’économie à court terme, la qualité et la satisfaction de vie des gens à moyen terme et le long terme, qui concerne les générations futures, l’environnement, etc.» Voilà la conclusion à laquelle l’interprète français du dalaï-lama est arrivé à la suite de ses lectures et de ses rencontres avec de grands économistes du monde entier.

«Si on a plus de considération pour les autres, on ne va pas tenter de bafouer leurs intérêts à la première occasion, on va créer des conditions de vie et de travail agréables et on va chercher des solutions pour faire le moins de tort possible aux générations futures», poursuit-il.

Malheureusement, il y a un culte de l’égoïsme dans notre société, un consensus selon lequel la nature humaine est fondamentalement égoïste. «Tout ce qui ressemble à de l’altruisme serait en fait de l’égoïsme habillé de bons sentiments. (…) Sans doute le concept de péché originel, propre à la civilisation chrétienne, et le sentiment de culpabilité qu’il entraîne ne sont-ils pas étrangers à cette façon de penser. (…) Le bouddhisme se situe à l’opposé d’une telle notion, puisqu’il admet la «bonté originelle» de l’être humain», écrit Matthieu Ricard dans son livre Plaidoyer pour le bonheur, publié en 2003.

Pourtant, plusieurs études récentes en neurosciences ont démontré que l’altruisme pur existe. L’une d’elles a été réalisée en 2007 par l’Université de l’Oregon et publiée dans le magazine Science. On a observé le cerveau de 19 étudiantes à qui on offrait 100 $ qu’elles pouvaient soit garder pour elles, soit transférer à une banque alimentaire. Parfois, l’ordinateur ne leur laissait pas le choix et « taxait « le compte des sujets pour le verser automatiquement à l’organisme caritatif. Chez certaines étudiantes, les centres du plaisir du cerveau s’allumaient davantage lorsque l’argent allait dans le compte de la banque alimentaire plutôt que dans leur propre compte.

Dans l’Histoire, un des meilleurs exemples d’altruisme est celui des gens qui ont aidé des familles juives pendant la Seconde Guerre mondiale. «Ces personnes n’avaient absolument rien à gagner, raconte Matthieu Ricard. Elles se mettaient continuellement en danger. Elles ne faisaient pas ça pour se sentir bien ou se déculpabiliser. C’était de l’altruisme vrai.»

D’après les recherches du psychologue américain Daniel Batson, la proportion de la population occidentale qui fait preuve d’un altruisme vrai serait d’environ 15 %. Alors comment envisager une société plus altruiste ? «La réponse, c’est la réflexion et l’entraînement de l’esprit», affirme celui qui a abandonné sa carrière scientifique pour se convertir au bouddhisme, à la fin des années 60.

«Le bouddhisme apporte des techniques d’entraînement de l’esprit. Et les neurosciences ont prouvé son efficacité. Je n’utilise pas le mot «méditation» parce qu’il évoque trop de clichés. On pense que méditer, c’est se vider l’esprit et relaxer. L’idée, c’est qu’on peut apprendre l’altruisme. C’est à la portée de tous. Tout le monde admet qu’il faut des années pour apprendre les maths, les sciences, les sports, etc. Alors pourquoi n’admettrait-on pas qu’on puisse aussi entraîner son esprit pour apprendre l’altruisme ?» conclut-il.

Matthieu Ricard au Québec

  • 12 septembre à 14 h Conférence au Centre des sciences de Montréal, « Peut-on apprendre à être heureux ? «, avec Richard E. Tremblay et Bruno Falissard, www.centredessciencesdemontreal.com
  • 12 septembre à 19 h 30 Conférence à la TOHU, cité des arts du cirque, à Montréal, «L’altruisme ou la débâcle», www.tohu.ca
  • 13 septembre à 14 h Conférence à la salle Telus-Desjardins, à Rimouski, www.spectart.com
  • 14 septembre à 9 h Séminaire d’une journée sur l’art de la méditation à l’auditorium Jean-Paul Tardif de l’Université Laval, à Québec www.billetech.com
  • 16 septembre à 9 h Séminaire d’une journée sur l’art de la méditation au Gesù, à Montréal www.admission.com

Quand le cerveau s’éclate

La conférence donnée par Matthieu Ricard au Centre des sciences de Montréal, Peut-on apprendre à être heureux? portera sans doute sur l’importance d’entraîner son esprit pour atteindre le bonheur avec un grand B. C’est justement ce que proposera Neurogym, un atelier interactif sur la plasticité du cerveau s’adressant aux jeunes de 9 ans et plus.

Rassurez-vous, cet atelier, qui sera tenu quatre samedis de suite à compter du 19 septembre, au Centre des sciences, ne vise pas à faire de petits génies ni des petits adeptes de la méditation.

«L’idée et de faire comprendre aux jeunes, et à leurs parents, si ça les intéresse, qu’il n’y a rien de coulé dans le béton dans la vie. Le cerveau s’adapte et se transforme tout le temps. Il se réorganise en fonction des activités que l’on pratique», explique Annabelle Mimouni, chargée de projets en action culturelle au Centre des sciences.

Ludique, l’atelier fera vivre aux participants cinq expériences qui stimuleront la plasticité du cerveau. Après, les «neurogymnastes» pourront visualiser leur activité cérébrale en direct. Mais il ne faut pas penser que le cerveau se sera remodelé en deux petites heures. «Vous êtes ce que vous passez votre temps à faire et à penser», dit-on. C’est un entraînement à long terme.

«Nous souhaitons développer chez les jeunes une attitude positive par rapport à la vie. Ils doivent savoir que ce n’est pas parce qu’ils sont tristes ou colériques pendant une certaine période qu’ils le seront toute leur vie. Ça se travaille», dit Mme Mimouni.

Ouf! On entend déjà un grand soupir de soulagement collectif.

Ateliers Neurogym, les 19, 26 septembre et 3 et 10 octobre, à 14h, au Centre des sciences de Montréal. Info: 514-496-4724.


Par Ève Dumas

Source : www.cyberpresse.ca

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