Accueil Espace Bouddhiste Bouddhisme Bouddha n’est pas oublié

Bouddha n’est pas oublié

90
0

11.05.2011

Samedi, la pagode de Villeneuve-sur-Lot ouvrira ses portes au public pour la fête Vesak. Une fête célébrée traditionnellement à la pleine lune de mai qui commémore à la fois la naissance, l’éveil et la mort de Bouddha. L’une des importantes du calendrier bouddhiste, donc.

Irma Cohen s'affairait hier dans la pagode de Las Piétas pour faire place nette avant la célébration de samedi.
Irma Cohen s’affairait hier dans la pagode de Las Piétas pour faire place nette avant la célébration de samedi.

Aussi, c’était hier le grand ménage de printemps à la pagode villeneuvoise pour accueillir le public, les deux douzaines de fidèles qui viendront de Bordeaux mais surtout Thich-Quang-Dao, un bonze de Paris, qui sera là pour célébrer le culte en vietnamien (une traduction devrait être néanmoins assurée). La venue du vénérable bonze dans une des rares et des plus anciennes pagodes de Villeneuve est, cela va sans dire, un moment particulier pour les bouddhistes villeneuvois de moins en moins nombreux. « Nous étions 80 à 100 fidèles dans les bonnes années » explique Georges Duquin, le vice-président qui est l’un des rares bouddhistes lot-et-garonnais à ne pas être issu du Centre d’accueil des Français d’Indochine (Cafi) de Sainte-Livrade dont les réfugiés motivèrent la création de la pagode au lieu-dit prédestiné des Piétas (les Piétés) sur la route de Bergerac.

Édifiée en 1974, par le premier bonze lot-et-garonnais, le vénérable François Fogère, un ancien officier indochinois de l’armée française, arrivé en Lot-et-Garonne au début des années 50, la pagode de Villeneuve est le fruit des dons des fidèles amassés durant plus de quinze ans. D’où l’importance, malgré la raréfaction des fidèles, d’entretenir le lieu. « On le fait en souvenir de nos mères et de nos grands-mères qui ont placé toutes nos économies dans ce lieu » indique Irma Cohen.

La belle endormie

« C’est grâce à elle et aux soins apportés par les anciens que la pagode se maintient », confirme Georges Duquin, le neveu de François Fogère dont la disparition dans les années 80 coïncide avec le déclin du lieu de culte villeneuvois. « Les jeunes ont d’autres préoccupations. Il n’y a guère que les vieux pour faire vivre la pagode », souffle fataliste Irma Cohen.

Depuis le départ quelque peu mouvementé de la nonne Chân Luong qui faisait office de bonze en 2004, expulsée sur ordre du tribunal de grande instance d’Agen pour « occupation du lieu sans droit ni titre », la pagode a plongé dans une certaine torpeur, laissant les herbes folles pousser à l’extérieur et les toiles d’araignées gagner son intérieur. Elle n’en sort en réalité que quatre fois par an désormais, afin qu’il y soit célébré les moments les plus importants du calendrier bouddhiste. Léthargique certes mais pas oubliée.

La venue d’un bonze de Paris est quelque part un signe fort envoyé vers ce coin du Lot-et-Garonne, pays de bouffeurs de curés et de protestants. Qui au lendemain de Dien Bien Phu, préambule à la dislocation de l’empire colonial français, avait vu débarquer parmi ces champs, l’Extrême-Orient avec ses coutumes et ses rites. Sans pour autant se replier sur soi. « Le bouddhisme n’est pas une communauté, rappelle ainsi Georges Duquin. Il y a une dimension philosophique. On peut d’ailleurs être aussi bien chrétien et bouddhiste ou musulman et bouddhiste. Et c’est pourquoi nous encourageons les gens de quelle que croyance que ce soit, à venir samedi ! ».

La fête débutera à 10 heures, elle sera suivie d’un repas végétarien.


Par Bastien Souperbie

Source : www.sudouest.fr

Previous articleBouddhisme : Phat Tich dans l’évolution historique
Next articleCommémoration de la naissance du Bouddha à Quang Ninh