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L’assassinat du Maitre de Thé

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Sen no Rikyū (千利休, également connu sous le nom de Sōeki de la province du Kansai (1522–1591) était un Maître de la Cérémonie du Thé.

Bien que de nombreuses personnes boivent du thé,

Si tu ne connais pas la voie du thé,

C’est le thé qui te boira.

La voie du thé n’est rien que cela:

tout d’abord tu fais bouillir de l’eau,

ensuite tu fais le thé, et tu le bois.


Prénommé Yoshirō dans son enfance, Rikyû devient disciple du temple Daitoku-ji où il reçu l’enseignement du chanoyu : cérémonie du Thé japonaise dont il est l’une des figures emblématique du style wabi-cha, et il devint un des personnages les plus influants de son temps.


Maître de Thé du Daimyo Oda Nobunaga, après sa mort, il devient celui de Toyotomi Hideyoshi, successeur de Nobunaga. Hideyoshi qui continua la politique de conquête de Nobunaga et unifia le Japon après dix années de guerres civiles. Il est dit que Sen no Rikyū exerça une grande influence sur Hideyoshi. Dès 1573 il lui devient indispensable et très cher, Hideyoshi le dotera d’un grand domaine.


En 1585, Hideyoshi souhaita déterminer qui était le plus grand des Maîtres du Thé et il les convoqua tous au palais impérial pour concourir. C’est à l’issue de cette rencontre que l’Empeteur Ogimachi conféra à Rikyû le nom bouddhiste profane de Kôji : terme honorifique désignant une personne laïque et bouddhiste. Dès cette nomination Rikyû devient Sen no Rikyû Kôji, ce qui établit sa suprématie sur tous les autres maîtres de la cérémonie du thé.


La petite histoire raconte qu’un des serviteurs du Taikō Hideyoshi, Toyotomi pris ombrage de l’assiduité de son maitre au cérémoniel chanoyu. Les gens de ce temps là maniaient la calomnie et la traitrise et nul ne saurait dire le bien fondé de leur attitude. Et pourtant, Sen no Rikyū avait pour réputation d’être un homme serein et paisible. Cet homme considéra que cette fidélité portait un préjudice à la bonne conduite des affaires de l’état : c’est ce qui est dit. Sous ce prétexte, il décida d’assassiner le Maitre du Thé.


Un jour donc, et bien décidé de le tuer, il se rendit dans la Maison de Thé de Sen no Rikyū Kôji.

Dès qu’il le vit, Rikyū compris immédiatement les intentions de l’homme, mais rien de son attitude paisible n’en fut troublée. Il fit comme à son habitude, et il s’inclina en invitant l’homme à une cérémonie du thé qu’il ferait pour lui.


‒ Voulez-vous bien déposer votre sabre à l’entrée de ma maison ? Ici, tout est paisible et ce chanoyu n’est célébré que pour vous.


D’une voix terrible l’homme s’excusa :


‒ Jamais je ne me sépare de mon sabre !


‒ Faites selon vos usages : entrez ici, asseyez-vous et savourez votre thé.


L’eau bouillait déjà sur le feu ; c’est alors que sans rien dire, Rikyū bouscula la bouilloire sur son feu. Un nuage de cendre et de vapeur se répandit. Pris de frayeur l’homme décampa en courant ; il pensa que Rikyū l’ayant mis à nu, il voulait le tuer.

Sur le seuil de sa porte, Sen no Rikyū Kôji de confondait en excuse :


‒ Revenez, revenez ! Vraiment je suis confus, ce geste est d’une grande maladresse indigne. Votre sabre est couvert de cendre, donnez-le moi je vais le nettoyer.


Pour cette fois, Sen no Rikyū s’échappait de sa mort……elle le rattrapera.



Les relations entre Sen no Rikyû Kôji et Hideyoshi était de haut et de bas ; et le chemin que sa mort emprunta. Très vite et bien plus que son Maître du Thé ; il conseillait Hideyoshi sur bien d’autres sujets. Mais son intimité avec Hideyoshi était parfois orageuse, et il osa lui refuser sa fille lorsque Hideyoshi conçu le désir de la prendre pour concubine : un refus qui ne lui fut pas pardonné.
De colère, Hideyoshi lui ordonna de se faire Seppuku : Sen no Rikyû Kôji a 71 ans.


Hideyoshi se repentira de cette mort, ce qu’il exprima d’un profond regret de l’avoir voulu.


Okakura_Tenshin.jpgD’autres historiens disent que cette colère d’Hideyoshi surgit alors qu’il entrait par la porte de temple Daitoku-ji, il passa sous la statue érigée à l’effigie de Sen no Rikyû Kôji. D’autres encore, que Sen no Rikyû Kôji aurait fait preuve d’avidité dans le commerce d’ustensiles du thé ou bien qu’il aurait été dénoncé abusivement comme à l’origine d’un complot.


Selon Okakura Kakuzo dans The Book of Tea (New York: Putnam’s, 1906), le dernier acte de Rikyû fut d’offrir une Cérémonie du Thé.


Juste avant sa mort, Rikyû réunit sa famille et ses disciples : après avoir servi chacun de ses invités, il offrit à chacun d’eux un kakemono (peinture enroulée autour d’un bâton) et un élément de son service à thé ; à l’exception des bols qu’il brisa en murmurant: « jamais plus cette coupe, polluée par les lèvres de l’infortune, ne doit être utilisé par un homme ».


Et il déclama son poème mortuaire.

Alors que les invités le quittaient, un seul resta pour être le témoin de sa mort.

Les derniers mots de Rikyû, par un autre poème mortuaire, furent adressés à Hideyoshi:


Je lève l’épée.

Cette épée qui est la mienne;

Depuis longtemps en ma possession.

Le temps est enfin venu.

Vers le ciel je la lance!


Bienvenue à toi,

O épée d’éternité!

A travers Bouddha

Et à travers Daruma de la même manière

Tu as fendu ton chemin.


La tombe de Rikyû se trouve au temple Jukoin dans l’enceinte de Daitokuji à Kyoto; son nom bouddhiste posthume est Fushin’an Rikyû Soeki Kôji.


Une commémoration pour Rikyû est observée annuellement par de nombreuses écoles de Cérémonie du Thé. La commémoration de l’école Urasenke se tient chaque année le 28 mars.


Suivant la tradition de Sen no Rikyū Kôji, la cérémonie du thé (appelée « Chanoyu » en japonais, littéralement « l’eau du thé ») est normalement pratiquée dans un petit pavillon spécifique (« Chashitsu »), qui est séparé des habitations principales. On y accède par un chemin de pierres larges et irrégulières traversant un jardin (« Roji »). Selon l’idéal préconisé par Sen no Rikyū Kôji, Ce pavillon de petite taille, est construit en bois et recouvert d’un toit en paille de riz ; il doit parfaitement s’intégrer au paysage, tout aussi naturel que les arbres ou les rochers, et ainsi intégrer l’homme dans la nature


bol-the.jpgLa traversée du jardin permet aux invités de se préparer intérieurement à la cérémonie. Ce jardin pose un espace entre le monde extérieur et celui de la Cérémonie du Thé. Avant d’entrer dans le pavillon, chaque participant est invité à se purifier en rinçant la bouche et en lavant les mains dans un bassin de pierre où court une eau vive.

Basse et étroite, la petite porte d’entrée oblige les invités à se courber avant d’en franchir le seuil, par obligation d’humilité.


Une maison du thé peut contenir jusqu’à cinq personnes, elle comporte :


‒ Deux entrées, une pour l’hôte, une pour les invités.


‒ La petite porte d’entrée est très basse, ce qui oblige les invités à se courber avant d’en franchir le seuil, par obligation d’humilité.


‒ Une pièce comportant deux tatamis où les participants s’assoient. Dans une alcôve (Tokonoma), une œuvre d’art est présentée, un rouleau montrant une calligraphie ou une peinture, et un arrangement floral et un foyer pour bouillir l’eau et chauffer la pièce en hiver.


‒ Une autre petite pièce où les objets de la Cérémonie du Thé sont lavés.


Selon Sen no Rikyū Kôji quatre qualités fondamentales doivent être celles d’une cérémonie du thé. Ces qualités sont celles là mêmes que les pratiquants d’une Cérémonie du Thé s’imposent de respecter dans leur vie quotidienne :


Les quatres principes de base de la cérémonie du thé s’expriment par les caractères « Wa – Kei – Sei – Jaku »:


‒ « Wa », l’Harmonie, valeur fondamentale de la pensée japonaise qui doit régner entre l’hôte et ses invités, mais aussi avec les saisons et tous les objets utilisés.


‒ « Kei », le Respect, valeur fondamentale de l’esprit Confucéens, est ici le respect entre les personnes, mais aussi vis à vis des objets et du thé lui-même.


‒ « Sei », la Pureté, valeur du Shintoisme, et pour les participants à la fois physique et spirituelle. Les rituels de purification sont omniprésents tout au long de la cérémonie. La pureté concerne également le thé lui même, qui ne doit pas être mélangé à quoi que ce soit d’autre.


‒ « Jaku », la quiétude, un état profondément paisible.


Durant toutes ses années où Sen no Rikyû Kôji commença d’utiliser des Taian, Ces maisons de thé sont déclarées Trésor National. Elles sont rustiques et de petites dimensions (ne pouvant contenir que deux tatami) ; Ces Taian semblables à ceux du temple Myokian à Yamazaki près de Kyoto.
Il créa aussi les nombreux objets de la cérémonie du thé différents de ceux restés fidèles à la mode chinoise qui étaient utilisée auparavant :

Les vases pour les fleurs, des boules à thé, les reposes couvercles en bambou, et d’autres objets de la vie quotidienne repensés pour la cérémonie du thé.

Son sens inné de l’esthétisme influença aussi l’art des jardins où conseilla l’utilisation des petites lanternes en pierre en ornement. Tous ces objets étaient des merveilles de simplicité qui utilisaient des irrégularités asymétriques en imitation de la nature.


Okakura Book of Tea (New York: Putnam’s, 1906), traduction française. Le livre du thé (Ed. Philippe Picquier 1996, 2006)
fr.wikipedia.org/wiki/Okakura_Kakuz


Voir en ligne :

www.japonismus.com/voie-the-chashitsu

forumtaido.user-board.net/le-japon-sa-culture-japan-and-its-culture

fr.wikipedia.org/wiki/Chanoyu

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