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Bruxelles – Matthieu Ricard ou l’art de la méditation (25 sept.)

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Matthieu Ricard – traducteur officiel du Dalaï Lama – avec toute la simplicité et l’humilité qui le caractérise est venu présenter à près de 150 personnes une matinée d’initiation sur la méditation bouddhiste. De sa robe safran vêtue, il a pénétré à l’intérieur du temple où des centaines d’yeux se sont tournés vers lui. Comme d’habitude très didactique, il a accompagné son discours de quelques petits moments de pratiques bienvenu et qui ont semblé beaucoup plaire à l’assistance présente.

Il s’est tout d’abord exprimé sur la motivation de chacun à entreprendre une pratique méditative car elle sera le ciment de tout ce qu’elle apportera ou pas et de tout le temps que l’on passera en sa compagnie. Sans la motivation, sans la continuité ni la répétition des séances, il sera malheureusement difficile d’obtenir des résultats probants. Il est en effet plus judicieux de méditer 10 minutes par jour qu’une seule fois pendant une heure toutes les semaines. Il a rappelé la traduction en sanskrit du terme méditation, c’est-à-dire « se familiariser à ».

images-53.jpgLa méditation la plus connue, en tout cas celle usitée par toutes les traditions bouddhistes confondues portent sur le souffle. Suivre le va et vient de sa respiration. Pour ce faire, il est important de respecter toute une série de petites règles. Une posture droite mais pas tendue, un regard portée vers l’avant sans pour cela fixer quelque chose de bien spécifique. Les yeux peuvent être mi-clos, ouverts ou fermés. Les mains, posées l’une sur l’autre ou sur les genoux. L’importance de tous ces points est que si ils ne sont pas respectés peut plonger le méditant dans une certaine forme de torpeur ou d’agitation. Si une pensée ou une émotion survient, pas de panique, la laisser passer ou la regarder sans la juger. Elle se dissoudra d’elle-même. Comme exemple, il nous invite à penser au vol d’oiseau dans le ciel. Les oiseaux obscurcissent peut-être le ciel mais le ciel est toujours présent. Ce dernier représente notre nature d’éveil.

Au début, tout nouveau pratiquant a l’impression qu’il est submergé de pensées et qu’il ne parviendra jamais à méditer correctement. Il n’a pas tout à fait faux sauf qu’il n’y a rien de grave à cela, il devient juste conscient de celles-ci car il les regarde pour la première fois. Un point très important qu’il a tenu à préciser.

Après les explications sur la méditation sur le souffle (calme mental), Matthieu Ricard a proposé des formes dérivées de celle-ci. En premier lieu, la méditation sur l’amour altruiste. La personne focalise son attention sur – et c’est l’exemple qu’il a donné – le regard d’un enfant plein d’innocence. Cet enfant qui n’attend rien, n’exige rien et ne veut rien atteindre. Cette méditation permet de générer le souhait que tous les être trouvent le bonheur et les moyens pour y parvenir. La seconde pratique est celle de la compassion. Faire le souhait sincère que tous les êtres sans exception se libèrent de leurs souffrances et de ses causes. Pour ce faire, il est bon de focaliser son attention sur un être qui dans cette vie génère beaucoup de souffrance envers les autres mais qui au fond de lui même garde tout de même le même potentiel d’éveil. Une troisième pratique est celle de la réjouissance à tout ce qui est. Penser aux hommes qui ont essayé de faire changer les choses, qui y sont parvenus. Penser que nous avons de la chance d’être en vie, de nous réveiller chaque matin pour pratiquer du mieux que nous pouvons. Enfin, la dernière méditation est celle sur l’équanimité/impartialité. Tous les êtres sans exception ont droit au bonheur et le recherchent même si parfois ils prèchent dans le vide par ignorance de la réalité des phénomènes. Nous nous devons de générer aussi pour eux de l’amour et de la compassion car au final ils ne sont pas différent des autres.

A la fin de chaque méditation, il invite tout le monde à laisser son esprit reposer en paix, laissant le flot des pensées apparaître et disparaître. Pour finir, ne pas oublier de dédier les bienfaits de sa pratique à tous les êtres, leur souhaitant la fin de toute souffrance et une libération rapide.

Pour plus d’informations, je vous renvoie à l’ouvrage de Matthieu Ricard « l’art de la méditation » qui est à mon sens le manuel le complet que j’ai eu l’occasion de lire à ce jour. Cette initiation a tenu toutes ses promesses. Matthieu Ricard a en effet cette faculté de distiller des propos d’une grande clarté, accessibles à tout un chacun. Avec lui, tout semble plus simple et redonne un nouvel élan à notre pratique. attention néanmoins à ne pas tomber dans l’euphorie. L’impermanence est omniprésente. Et ce que nous sommes maintenant ne le sera plus dans quelques instants. Pour ma part, je médite souvent sur ce concept. Mais aussi sur la loi de cause à effet, la précieuse existence humaine et la nature défectueuse du samsara. Je vous en reparlerai dans un prochain article.


« L’art de la méditation », de Matthieu Ricard

Le blog de Matthieu Ricard

Et son association « Karuna »

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