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« Oncle Boonmee » — la déconcertante Palme d’or

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30.08.2010

La voici donc sur les écrans (mercredi en France), la plus déconcertante Palme d’or de l’histoire du Festival de Cannes, au titre à rallonge et d’un réalisateur au nom compliqué: « Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures », d’Apichatpong Weerasethakul.

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Ce réalisateur thaïlandais de 40 ans n’est pas un inconnu des habitués de Cannes puisqu’il avait reçu le prix Un Certain Regard en 2002 pour « Blissfully Yours » et le Prix du Jury en 2004 pour « Tropical Malady ». Ses films sont, comme on dit, des films « de festival »: ils plaisent aux jurys et aux cinéphiles très avertis, ils sont ignorés du grand public.

C’est le destin qui attend cet « Oncle Boonmee », aussi déroutant que les précédents et qui ne donne aucun espoir d’être compris ou apprécié à 100%. Mais c’est sans doute le souhait de son réalisateur, qui a coutume de dire: « Chaque spectateur fait son film. Moi, vous savez… »

Oncle Boonmee, qui dirige un domaine apicole en bord de jungle près de la frontière laotienne, est sous dialyse et sent la mort venir. Alors, entouré des siens, il se souvient. De sa vie actuelle, mais aussi de ses vies antérieures, où il était -peut-être- animal ou végétal ou homme ou femme. Un soir, alors qu’il dîne sous la véranda en compagnie de sa belle-soeur et de son neveu, apparaît le fantôme de sa femme décédée 19 ans auparavant. Puis, sous la forme d’un grand singe noir aux yeux rouges, leur fils lui aussi disparu. S’engage une conversation à n’en plus finir -à l’image de tout le film, très bavard.

Il ne se passera pas grand-chose d’autre, si ce n’est l’apparition en pleine jungle d’une princesse en chaise à porteurs. Elle a le visage voilé car disgracieux, mais quand elle se mire dans l’eau d’une cascade, un poisson-chat la console en lui disant qu’elle est belle. Alors la princesse se défait de ses bijoux, se jette à l’eau, et fait l’amour avec le poisson…

C’est cocasse ou poétique, comme on voudra. Certains dialogues aussi prêtent parfois à sourire. Ainsi Oncle Boonmee pense que sa maladie est une punition: « C’est dû à mon karma, j’ai tué beaucoup de communistes ». Oui mais « tes intentions étaient bonnes », lui répond sa belle-soeur. Mais il avoue avoir « tué aussi beaucoup d’insectes à la ferme ».

La fin est encore plus bizarre que le début de ce film dont on comprend, tout de même, que la réincarnation est le thème principal. Le réalisateur, qui s’intéresse de près au bouddhisme depuis 2003, y croit dur comme fer: « Je ne sais pas si la réincarnation sera à l’avenir admise comme quelque chose appartenant au réel, et que la science reconnaîtra, mais ce processus de faire revenir certains souvenirs, c’est indéniablement comme le cinéma ».

Une atmosphère vraiment originale, un ton parfois poétique, et la certitude pour le spectateur d’être incapable d’imaginer la scène suivante sont les atouts principaux de ce film singulier. L’un de ses défauts -outre la logorrhée verbale- est la propension pseudo-esthétique à allonger les scènes, même lorsqu’elles sont banales: dans une voiture qui roule, devant la télé, pendant la dialyse de l’oncle, etc.

C’est long, c’est lent, ça n’en finit pas. On attend la suite et ça ne vient pas, on regrette le singe aux yeux rouges et le poisson-chat libidineux, l’ennui guette, la Palme dort… Dans une vie antérieure, qui sait, Apichatpong Weerasethakul était peut-être marchand de sable. AP


Source : fr.news.yahoo.com

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