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Thaïlande : gospel à Pattaya

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03.08.2010

pattaya_christian.jpg Toutes communautés confondues, les chrétiens en Thaïlande ne représentent, selon les sources, pas plus de 1% de la population. La plupart sont d’origine chinoise, vietnamienne, ou ethnique (comme les Karens). On peut quand même parler d’Eglise thaïlandaise. Il y a plusieurs lieux de culte catholiques et protestants à Pattaya.

Bien qu’appelé Link TextChurch of Jesus-Christ, c’est un temple évangéliste, perdu au bout d’un soï en terre battue. Au détour du chemin, on découvre une petite église blanche aux tuiles rouges, entourée de végétation et de bâtiments annexes. Une plaque indique qu’elle a été consacrée en 1991. Le style des vitraux est d’ailleurs résolument moderne. Près du réfectoire, une pièce ouverte servant de lieu de réunion est décorée de grandes images pieuses, dont Jésus s’adressant aux paysans de Galilée ou assis avec des enfants. Il y a aussi des posters de Billy Graham, le célèbre évangéliste américain qui fut le directeur de conscience de plusieurs présidents des États-Unis.

Détail cocasse : dans un coin de cet espace couvert trônent une cabine téléphonique anglaise, rouge, comme il se doit, mais vide d’équipement, et une paire de congas sur pieds et prêts à l’emploi. C’est là que nous rencontrons Adjaan Prasit, jeune cinquantenaire et guide spirituel de la communauté. Issu d’une famille chinoise, il vient de Bangkok deux fois par mois pour commenter la Bible en thaï. Converti en 1978 par un missionnaire américain, il est très actif dans la capitale, où il dirige des réunions hebdomadaires dans une église presbytérienne (Thiensang Church) près de Lumpini Park. Comme il le dit lui-même, il est difficile des faire des émules car « Les Thaïlandais bouddhistes sont très ancrés dans leur foi. Ils reconnaissent que les chrétiens ont beaucoup contribué aux progrès de la Nation dans les domaines de l’éducation, de la médecine, de la lexicographie et de l’imprimerie, entre autres, mais pour eux, cette religion a une trop forte connotation occidentale ». D’où leur réticence.

En ce dimanche matin, une vingtaine de personnes, hommes et femmes, sont rassemblées et la liturgie bat son plein, animée par quatre jeunes officiants, accompagnés de quatre musiciens. Ca swingue. L’assemblée reprend en choeur et suit les paroles sur un grand écran. C’est un karaoké biblique, avec diaporama, assisté par ordinateur. Certaines ouailles se lâchent carrément, à la façon des Noirs-Américains, pour atteindre une mini-transe : c’est la fièvre dominico-matitunale. A l’entracte, une fillette fait circuler un sac de velours rouge, pour la quête. Au passage, on remarque qu’il n’y a aucun Farang, ce jour là du moins, mais renseignements pris, il en vient parfois. Puis entre en scène le révérend Prasit qui délivre son prêche avec conviction. Et enfin, arrive le moment de l’Eucharistie, servie comme un buffet : sur une table couverte d’un drap blanc et brodé, les hosties sont disponibles dans un grand plat en métal doré, à côté d’une vasque idoine contenant deux douzaines de gobelets de verre, remplis de vin rouge. On partage. Ite missa est. La messe est dite.

Ensuite, c’est table ouverte au réfectoire pour un repas typiquement thaïlandais, à base de riz et de légumes, très épicés. Cultivé et plutôt volubile, Adjaan Prasit sait manier l’auto-dérision. Il rappelle que le roi Mongkut (Rama IV) avait déclaré à l’un de ses amis missionnaires : « Votre enseignement des choses pratiques est admirable, mais votre doctrine religieuse est aberrante ! ». Mais avec un zèle à toute épreuve, il continue son sacerdoce, inlassablement, sachant qu’en Thaïlande, bien qu’étant « constitutionnellement » bouddhiste, le Roi est le protecteur de tous les cultes.


Source: Gavroche Thailande

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