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A la découverte de la médecine traditionnelle lao

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Une équipe de l’école française est partie à la rencontre des médecins laotiens et nous font découvrir une médecine hors du commun gardant toutes ses traditions.

Acupuncture à Luang Prabang

Luang Prabang est une ville située sur un promontoire à la confluence de la Nam Khan et du Mékong. Elle associe des constructions traditionnelles à un ou deux étages et des magnifiques temples bouddhistes. L’inscription de cette ancienne capitale royale au patrimoine mondial de l’UNESCO lui garantit pour longtemps préservation architecturale et fréquentation touristique, occidentale et asiatique. Dans cette ville nous sommes allés à la rencontre de deux kinésithérapeutes également acupunctrices.

La première a appris l’acupuncture avec un ami franco-laotien au Laos et exerce en libéral son double métier. Elle participe également au fonctionnement d’un salon de massage traditionnel à proximité du temple Vat Xieng Thong.

La seconde, Lao Sysombath est chef du service de kinésithérapie (en activité) et d’appareillage (en cours d’aménagement) du tout nouvel hôpital de l’amitié sino-laotienne (dont le directeur de l’hôpital est un chirurgien, le Dr Sichanh Hinpaphanh) construit avec des capitaux de la province frontalière chinoise du Yunnan. Elle a appris l’acupuncture en Chine et a une consultation régulière. Elle prend en charge des patients souffrant de lombalgies, de sciatiques, de cervicalgies, d’hémiplégies ou de polynévrites. Dans le cahier où sont enregistrées les consultations, dans la colonne diagnostic, les termes sont en français. Elle pratique la moxibustion mais pas l’auriculothérapie. Sur le mur, des grandes chartes de points d’acupuncture corporelle et auriculaire portent des traductions des termes chinois en laotien ou en français. Le jour où nous l’avons rencontrée, elle recevait la visite de représentants d’un établissement gouvernemental de Vientiane, COPE, qui fabrique du grand appareillage.

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Le service d’Acupuncture et Moxibustion de l’hôpital Mahosot

L’hôpital Mahosot est la principale structure médicale de la capitale. Dans le service d’Acupuncture et Moxibustion, des médecins exercent l’acupuncture et l’enseignent à des étudiants en médecine. Le Dr Sonenaly Khantharod, chef de service, a 17 ans de pratique. Elle utilise des aiguilles jetables coréennes et un stimulateur chinois. Outre l’acupuncture, elle pratique la phytothérapie traditionnelle lao et les massages. L’acupuncture a été introduite par les Vietnamiens et les Chinois après 1975, à la faveur de « l’augmentation de la qualité des relations amicales » avec ces pays.

Les moxas utilisés sont également coréens. Les principales indications de l’acupuncture dans le service sont les douleurs articulaires, l’HTA, les névralgies, les céphalées, les paralysies faciales et les douleurs lombaires. Avec son assistante, elle prend en charge des patients présentant une paralysie faciale, une hémiplégie ou une sciatique et enseigne l’acupuncture à ses étudiants.

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« Nous découvrons d’étonnantes propriétés du massage des faces latérales des doigts : une action sur la glycémie, le taux de cholestérol ou l’hypertension artérielle en massant les faces latérales des doigts »

« Nos collègues ne prennent pas les pouls radiaux, ne pratiquent pas l’examen de la langue et ne pratiquent pas l’Auriculothérapie, d’où leur grand intérêt pour une démonstration de prise du VAS. »

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Le service mitoyen est celui de kinésithérapie, équipé par Handicap International Belgique. La proximité n’est pas fortuite : souvent en Asie, l’acupuncture-moxibustion est associée aux soins de médecine physique.

L’Institut de Médecine Traditionnelle Laotienne (MTL) de Vientiane

Cet établissement se situe à proximité de l’Hôpital de l’Amitié, Mittaphab, dont il dépend pour sa gestion (un hôpital général de 250 lits avec toutes les spécialités médicales et chirurgicales, dirigé par le Dr Vanliem Bouaravong, chirurgien orthopédiste). Vers les années 1991-1992, la fin de la présence des experts soviétiques (liée à l’éclatement de l’URSS) a permis une ouverture à différentes collaborations, en particulier avec des médecins français. Le partenariat avec le Pr Patel de l’hôpital de Garches est un exemple : formations d’infirmières anesthésistes (grâce à des bourses d’un an), interventions de médecins ou de kinésithérapeutes. Le chef de service de l’Institut de médecine traditionnelle est le Dr Taykeo Saythavi. Il a étudié l’acupuncture durant trois ans à Pékin. Avec ses deux assistantes, il prend en charge des affections neurologiques. Il associe MTL (vente sur place des produits phytothérapiques), acupuncture et massage. Dans la population de la capitale, le ratio entre MTL et médecine occidentale est de 50/50. Un élément important, c’est que la MTL est bon marché. Dans la population rurale, la MTL domine d’autant plus que l’on s’éloigne des centres urbains.

L’Institut de Recherche en Médecine Traditionnelle Lao

Le Dr Kongmany Sydara nous reçoit dans cet institut créé en 1976 pour répertorier toutes les plantes médicinales endémiques utilisées par la population laotienne. Il a étudié la chimie et la pharmacie en Hongrie. Dans un français remarquable, il nous explique que pour seulement quelques plantes le principe actif est connu. Les indications reposent sur les données traditionnelles. Pour le méticuleux travail de création d’une banque de données, une coopération de longue durée entreprise avec les Américains et les Vietnamiens (1998-2008) est prolongée avec les Japonais (2008-2010). Ils ont également créé un jardin botanique médicinal. Avec son équipe, il rencontre de nombreux problèmes dans l’inventaire des plantes. Par exemple, certaines peuvent avoir plusieurs noms. Parmi les noms des plantes rédigés en laotien par notre guide Lue, il ne reconnaît que Mac si da (Psidium guyava), une plante utilisée pour traiter les parasitoses digestives (liées à la consommation de l’eau des rivières). Des travaux de recherche ont été mis en route pour le traitement de la malaria avec des plantes d’usage populaire, sans beaucoup de résultats pour l’instant. Le Dr Sydara nous rappelle que dans la culture indienne et la médecine ayurvédique véhiculée par le bouddhisme, on compte 4 éléments : air, feu, eau, terre, alors que dans la médecine traditionnelle chinoise il y en a 5 : bois, feu, terre, métal, eau. La mise en équivalence des indications des plantes n’en est pas facilitée.

Sachant notre intérêt pour l’acupuncture, il nous signale une technique lao de multipuncture sak ka tuk (piquer-retirer) utilisée par les vieux tradi-praticiens. Elle s’apparenterait à l’utilisation du marteau fleur de prunier chinois, la peau étant préalablement enduite d’huile de sésame dans laquelle ont macéré des plantes médicinales.

Le marché aux plantes médicinales de Vientiane

C’est une vraie curiosité, un marché bien achalandé. Se soigner avec les plantes, c’est s’intégrer dans son environnement, vivre en harmonie avec lui. Les indications de la grande variété des produits en vente, faute de traducteur, restera pour nous un mystère.

Source : http://www.meridiens.org

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