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Une exposition pour rendre les voies du Tao un peu moins impénétrables

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PARIS — Pour la première fois en Europe, le Grand Palais présente jusqu’au 5 juillet une exposition entièrement consacrée au taoïsme chinois, à la fois religion et mode de pensée, parfois difficile à comprendre pour des esprits occidentaux.

A travers 240 oeuvres (peintures, sculptures, céramiques, textiles) regroupées par thème, le public est invité à découvrir la longue quête de l’immortalité, but ultime du Tao.

En chemin, le visiteur reconnaîtra au passage les techniques de méditation, l’art martial Tai-Chi-chuan et la gymnastique du souffle qigong, très à la mode depuis quelques années dans le monde occidental.

Pas sûr en revanche qu’il s’aperçoive de lui-même que la scénographie joue subtilement du yin et du yang, les fameuses énergies contraires du taoïsme. Alternant les vides et les pleins dans les salles, introduisant des contrastes de couleur, les scénographes ont eu l’idée de projeter des textes animés explicatifs qui défilent lentement sur les cimaises.

Intitulée « La voie du Tao, un autre chemin de l’être », l’exposition a été organisée par le musée Guimet des arts asiatiques et par la Réunion des musées nationaux.

Les oeuvres présentées proviennent pour moitié du musée Guimet. Taïwan a prêté 18 très belles pièces. Les musées américains, britanniques, allemands se sont également montrés généreux. Au vu de la liste, il n’y a pas d’oeuvres prêtées par Pékin.

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La religion taoïste est à la fois « philosophique, poétique, mais aussi pragmatique, mystique et superstitieuse », dit Catherine Delacour, commissaire de l’exposition. « C’est un ensemble de comportements et de croyances conjuguant tous les arts du vivre et du non-mourir », ajoute-t-elle.

« Le grand désir des taoïstes est de vivre bien, de vivre longtemps et de devenir immortel », explique-t-elle. Pour cela il faut franchir des grades pour tenter, après un très long parcours, de devenir « un fonctionnaire de la bureaucratie céleste », dit-elle.

Le Tao (désormais prononcé dao) signifie à l’origine « voie », « chemin », « techniques », « pratiques ». Vivre en société « sans blesser ni se blesser » résume son principe moteur, selon Mme Delacour, conservatrice en chef au musée Guimet.

Le visiteur est invité à entrer dans la cosmologie taoïste. Né de l’indifférencié, l’univers s’est déployé de l’Un au multiple sans intervention extérieure. Au centre du ciel, la Grande Ourse et l’étoile polaire distribuent le souffle primordial, yuanqi, dont la polarisation se mue en énergies yin et yang, opposées et complémentaires.

Une salle est consacrée à Lao Zi (ou Lao Tseu), fondateur du Taoïste, qui aurait vécu entre le VIème et le Vème siècle avant J.-C. à la cour de la dynastie Zhou. Historien-archiviste, il choisit de quitter à dos de buffle la cour frappée de décadence, raconte la légende. A la frontière occidentale, un gardien le convainc de s’arrêter pour écrire ses enseignements. Ce sera « Le livre de la Voie et de la vertu », texte primordial. Lao Zi sera par la suite divinisé.

La quête de la longue vie passe par « l’alchimie extérieure ». Exercices gymniques, diététique (éviter les céréales…) et techniques du souffle sont un moyen d’avancer. Les Anciens ont également testé les potions de cinabre, un sulfure de mercure, censé régénérer ceux qui l’absorbaient. Mais cela a fait des dégâts.

Les taoïstes ont alors développé les techniques de méditation, concentration et visualisation, qui forment une « alchimie intérieure » et séduisent désormais également les Occidentaux.

(« La voie du Tao » aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris. Jusqu’au 5 juillet).

De Pascale MOLLARD (AFP)

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