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Hubert Reeves — La responsabilité des religions

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07.03.2010

L’humanité naissante se trouvait dans un environnement souvent perçu comme menaçant que les humains devaient affronter pour survivre. Ils étaient dépourvus des moyens physiques de défense dont disposent de nombreux animaux (carapaces pour les tortues, crocs et griffes pour les félins, poisons pour les serpents, ailes pour voler comme les oiseaux et les insectes). Mais l’évolution leur réserva une arme: l’intelligence, particulièrement adaptée pour compenser leur fragilité physique. Elle leur servit à dominer la nature en puisant sans limites dans ses réserves.

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Par la suite, les textes religieux rassemblés dans la Bible ainsi que les écrits de plusieurs philosophes furent des références pour les chrétiens poursuivant ces comportements nocifs. Il est vrai que, des siècles durant, l’humanité ne s’en est pas privée, avec les résultats catastrophiques que nous découvrons maintenant (épuisement du pétrole, émissions de gaz à effet de serre, surpêche qui vide les océans, etc.).

Les échanges avec des correspondants m’apportent des avis qui font réfléchir. Ainsi celui-ci d’un catholique:

«Il est un fait que nous avons imaginé comme une autorisation tacite l’utilisation, l’exploitation des ressources, dont nul n’imaginait qu’elles sont épuisables.»

Un autre correspondant, protestant celui- là, explique «que le passage sur Terre n’étant qu’un épisode obligé pour gagner le Paradis, il n’y a pas, pour atteindre cet objectif d’obstacle à épuiser les ressources mises à disposition».

Les textes anciens ne pouvaient anticiper la crise actuelle.

Pour certains pratiquants, «il est donc temps de populariser une autre lecture de la Bible faisant appel au principe de responsabilité».

On note depuis quelques années une évolution notable de la part des autorités religieuses sur ce plan.

«Savoir user sans abuser» a inspiré les évêques de France qui, en 2000, publièrent un opuscule appelant les chrétiens au «civisme écologique» et plaçant la sauvegarde de la Création sous leur responsabilité.

Benoît XVI a déclaré que l’environnement est au cœur des priorités des catholiques (Sydney, 2008). La presse a rapporté des phrases importantes:

«Des plaies marquent la surface de la Terre: l’érosion, la déforestation, le gaspillage des ressources minérales et marines, et ce, pour alimenter un besoin de consommation insatiable.» (Alain Barluet, Le Figaro)

Et 1er janvier 2010, le pape a donné sa feuille de route à l’écologie chrétienne avec une conclusion clairvoyante: «Si tu veux construire la paix, protège la Création.»

Autre signe encourageant: à l’occasion du sommet de Copenhague sur le changement climatique, en novembre 2009, les trois coprésidents du Conseil des Églises chrétiennes de France ont adressé une lettre au président Sarkozy, car, écrivent-ils, l’urgence est forte, la survie de la Création est en jeu. Ils interpellent les autorités politiques, mais aussi leurs concitoyens sur la nécessité d’une société plus respectueuse de son environnement et d’un meilleur partage des ressources. (Source: Radio Vatican)

Espérons que cette évolution va se poursuivre en s’intensifiant et que des messages forts vont continuer à parvenir de cette source qui bénéficie d’un si large auditoire.

«AIDE-TOI, LE CIEL T’AIDERA»

«Aide-toi, le ciel t’aidera» semble être une bonne formule, susceptible d’être adoptée par les chrétiens. Cette formule a de grands mérites: appeler à l’effort, stimuler et donner confiance en soi autant que dans «le Ciel». On évite ainsi le je-m’en-foutisme ou le catastrophisme. On agit!


Hubert Reeves

Source : www2.canoe.com

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