PerceuseAssis tranquillement dans mon train de banlieue, je regardais défiler machinalement un paysage désormais familier le long des voies, de gare en gare. Dans l’une d’entre-elles, des travaux de rénovation étaient en cours depuis plusieurs semaines. Jour après jour, j’en suivais régulièrement la progression lors des brefs arrêts dans cette gare. Cette fois-ci, un charpentier fixait des tasseaux sur un pan de toiture. L’homme était jeune mais apparemment expérimenté. Perceuse-dévisseuse en mains, il préparait les avant-trous avant d’y enfoncer les vis. Calmement, d’un geste sûr, naturel et précis, il progressait dans son travail. Quoi de plus banal, me direz-vous. Oui, mais sans m’en rendre compte, j’était comme fasciné. L’homme effectuait sa tâche avec un tel naturel qu’il semblait faire un avec sa perceuse et en le regardant faire, j’avais la sensation de ressentir un geste parfait et d’être moi aussi un avec cette perceuse. L’action ici et maintenant, prenait pleinement tout son sens.
