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Les Coptes chrétiens d’Egypte : deux mille Ans de Christianisme – Partie 2

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L ‘EXPANSION DU CHRISTIANISME EN ÉGYPTE


Aigle Copte
Aigle Copte

1 – Les Juifs d ‘Alexandrie

Fondée par l’empereur Alexandre en 331 avant J.C., Alexandrie était la plus grande ville du monde hellénistique, ville prospère, cosmopolite, intellectuelle, commerciale et industrielle. Les Lagides, qui régnèrent sur l’Egypte après la mort d’Alexandre, y firent leur capitale et y attirèrent les savants de l’époque. C’était une ville grecque, mais qui comportait 40% de juifs et évidemment des autochtones.

L’implantation juive en Egypte datait principalement de l’époque de la déportation à Babylone ( VIe siècle avant J.C. ) pendant laquelle un bon nombre de juifs s’installèrent, particulièrement dans l’île d’Eléphantine au large d’Assouan, pour éviter la déportation.
Alexandrie était la métropole du savoir et de l’enseignement. On y enseignait tout, la géographie et l’histoire, l’astronomie, la mécanique, l’architecture, la médecine, la philosophie. Et sa bibliothèque, qui brûlera trois fois, était bien connue à la ronde. Les conditions étaient réunies pour que s’opère dans cette ville un immense syncrétisme entre les cultures égyptienne, juive et grecque, syncrétisme qui influencera plus tard le christianisme alexandrin puis l’ensemble du christianisme..

La position géographique de la ville d ‘Alexandrie, munie d’un port prospère qui devint bientôt le carrefour des civilisations et des marchandises méditerranéennes, était le lieu de prédilection pour développer les aptitudes juives au commerce . La communauté juive de la ville d’Alexandrie devint la plus importante de la Diaspora hébraïque et dans un certain sens, pour un certain temps, l’Athènes de la pensée juive, fortement imprégnée, d’ailleurs, par la culture helléniste.

L’importance de cette communauté juive ne manque pas d’éveiller la jalousie des autres communautés « étrangères » et des Égyptiens eux-mêmes.
Certes, des communautés juives s’étaient établies en Égypte depuis les temps les plus reculés. Elles se firent connaître dans les milieux cultivés, mais aussi dans les couches populaires de l’Égypte pré-chrétienne. L ‘Ancien testament et les Apologistes chrétiens y verront le dessein de la Providence qui préparait le terrain à la diffusion du Nouveau Testament. Les Juifs, autant que nous pouvons le savoir, furent attirés à Alexandrie particulièrement par le fondateur de la ville, Alexandre le Grand ( vers 311 av.J.C.) et par les premiers Ptolémée.

Les Juifs d’Alexandrie formaient une communauté nombreuse en expansion continuelle, riche, commerçante : le peuple juif a été établi pour servir YAHVEH et rien d’autre. Le peuple élu. De ce fait, ils ont donné naissance à une société particulière tendant à se replier sur elle-même, d’où l’ignorance réciproque entre cette communauté et les autres qui composaient la population d’Alexandrie à cette époque.

D’après FLAVIUS Joseph (idem, 11, 18, 7 Contra Apionem, 11, 4), avant la fin du 1er siècle, les Juifs occupaient presque deux des cinq quartiers qui constituaient la ville d’Alexandrie. Celle-ci était partagée en cinq quartiers portant le nom de cinq premières lettres de l’Alphabet grec : A, B Ghama delta E qui correspondaient aux cinq collines sur lesquelles se trouvait la ville. Il semble qu’au temps de Philon d’Alexandrie ( grand philosophe alexandrin d’origine juive), c’est-à-dire, vers le milieu du 1er s. (ap.J.C.), ils étaient astreints à se réunir dans un seul quartier nommé Delta, qui se trouvait entre le palais royal et le théâtre. Cela devait se passer avant l’an 54, date de la mort de Philon qui rapporte cette anecdote comme témoin contemporain.

Nous savons par ailleurs que les Juifs d’Egypte avaient leurs lieux de prière et entretenaient en outre des relations avec la Palestine en accomplissant surtout le devoir religieux du pèlerinage au Temple de Jérusalem. Ils possédaient dans la Ville Sainte leur propre synagogue. En effet, les contradicteurs du Diacre Etienne ( Stéphanos ), selon les textes des Actus Apostolorum Alexandrinorum, appartenaient à la synagogue des Alexandrins..

Les Actes des Apôtres 2,1-12 ; :

 » Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand, tout à coup, vint du ciel un bruit, tel celui d’un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu’on eût dites de feu ; elles se divisaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent alors remplis de l’Esprit Saint et commencèrent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. Or il y avait, résidant à Jérusalem, des hommes pieux venus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui se fit, la foule s’assembla et fut bouleversée, car chacun les entendait parler sa propre langue. Dans leur stupeur et leur émerveillement, ils disaient :  » Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d’Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d’Égypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en séjour ici, Juifs et prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu »…

2 – La Traduction grecque de la Bible : la Septante, ou Bible d’Alexandrie

La Septante
La Septante

L’origine est une traduction en grec des cinq premiers livres de la Bible hébraïque, au troisième siècle avant J.C . D’une part Ptolémée II, roi grec d’Egypte, voulait pouvoir accéder au livre des juifs pour mieux connaître cette fraction-là de ses sujets. D’autre part beaucoup de juifs d’Alexandrie ne savaient plus très bien l’hébreu et avaient donc besoin d’une traduction dans leur langue vernaculaire. Les autres livres de la Bible hébraïque ont été traduits un peu plus tard, soit à Alexandrie, soit en Judée (on ne sait pas très bien).

Cependant, comme la Bible hébraïque elle-même évoluait encore, des corrections ont été apportées au fur et à mesure à la Septante, de manière à l’adapter à l’évolution du texte hébreu, si bien qu’en fait il existe plusieurs textes de la Septante, d’époques différentes.
Et lorsque l’on parle de « la Septante », on considère donc le texte supposé le plus ancien. En général, les citations de la Bible hébraïque, faites dans le Nouveau Testament, sont tirées de la Septante. Les Pères de l’Eglise, qui savaient bien plus facilement le grec que l’hébreu, utilisaient également cette Bible d’Alexandrie et finirent par oublier le texte hébreu. Elle devint donc la Bible des chrétiens, ce qui conduisit le monde juif à ne plus s’en servir et à recommencer pour lui, au IIè siècle, d’autres traductions en grec de son livre sacré.
Pour l’histoire des origines du christianisme en Égypte, après avoir connu l’importance de la communauté juive d’Alexandrie, il faut mentionner un autre fait qui n’est pas dépourvu d’importance, même si nous ne sommes pas encore en mesure d’en évaluer la portée réelle : la traduction en grec de la Bible, connue sous le nom de « Septante ».

Ce n’est qu’après sa traduction en grec que la Torah devint la Bible, le Livre Universel. Elle exerça sans doute une influence considérable en s’imposant par la pureté d’une sagesse et d’une  » philosophie  » nouvelle de la vie et de l’histoire, par ses idées transcendantales de la divinité, choses insoupçonnées dans les autres croyances. Parmi les Juifs de la Diaspora, la traduction de la Torah en grec, aux dires de Philon d’Alexandrie, fut un événement d’une telle importance qu’elle était célébrée par une fête annuelle ( Philon, Vita Moysis, II,7,148 ). Sans doute, la version grecque de la Sainte Écriture facilita, pour les Juifs alexandrins, qui se trouvaient dans un milieu profondément hellénisé, le contact, sinon la diffusion de leur pensée religieuse.

Les chrétiens qui provenaient du monde hellénistique adoptèrent sans difficulté cette traduction et diffusèrent partout le texte grec de la Bible . C’est avec les chrétiens, d’ailleurs, que la Torah sortit du seul cercle juif pour être mise à la disposition des nations.

3 – Les premiers contacts avec le Christianisme

Nous sommes pauvres en renseignements sur l’histoire de la christianisation de l’Égypte. On sait cependant par Eusèbe, évêque de Césarée, grand historien du IVème siècle ( Hist. Eccl. IV, 1-111 ) que la persécution de Septime Sévère (146-211) fit de nombreux martyrs, non seulement à Alexandrie, mais aussi en Thébaïde, c’est-à-dire en Haute-Égypte .

Nous savons par ailleurs que cinquante provinces d’Égypte, Cyrénaïque comprise, ont compté des communautés chrétiennes avant le Concile de Nicée ( 325 ) et plus de quarante sont attestées comme sièges épiscopaux ( La liste en est donnée, avec l’indication des sources qui les font connaître, dans A. Harnack, Mission und Ausbeitung des Christ.)

Nous savons également que le Concile d’Alexandrie réunit en 320 ou 321 une centaine d’évêques ( Hefelé, Hist. Des Conciles t1, p.363-372 ). Nous savons aussi que les persécutions de Dèces, vers 250, firent beaucoup de martyrs parmi les Égyptiens et que les persécutions sous Dioclétien, à la fin du II°siècle, se soldèrent par une terrible hécatombe chez les Égyptiens et furent marquées par le martyre de Pierre, le XVII°ème Patriarche d’Alexandrie ( L. Duchesne, Hist. Ancienne de l’Église, T1 3ème édition Paris 1923 ).

Des documents martyrologues postérieurs prouvent bien l’existence en Égypte, au début du IV°siècle, de villes et villages chrétiens en grand nombre ( Actes de St. Pierre d’Alexandrie ; cf St. Athanase d’Alexandrie , Apologia contra Arianus LXX). L’Égypte peut être rangée parmi les pays de l’Empire où le christianisme avait, au cours des trois premiers siècles, gagné une partie importante de la population( cf. Blaudy & Guy, Hist. De l’Église, T2, p.125).

La question qui se pose aux historiens est d’établir comment, déjà vers le début du IIème siècle, il y a des chrétiens en Égypte et par qui ils ont été évangélisés…
Selon la variante du Codex D(GIG) des Apophtegmata 18,25, on parle d’un certain Apollos qui aurait été instruit dans la doctrine chrétienne à Alexandrie, sa patrie. En plus de la difficulté de la datation du texte en question, on ne nous dit pas de quel genre de christianisme il s’agissait…

Il ne faut pas oublier qu’Alexandrie était le carrefour de toutes les formes les plus extravagantes de la Gnose, qui avait aussi des nuances chrétiennes ; il y avait également les Marcionites, les Hermétistes, les adeptes du culte de l’Ancienne Égypte du dieu Sérapis dans cette Alexandrie du IIème siècle.

Lorsque le Christianisme, ou mieux encore, quelques idées chrétiennes firent leur première apparition à Alexandrie, les Juifs, nous l’avons vu, jouissaient d’une considération particulière.

Philon
Philon
Philon

A cette époque, l’une des personnalités les plus en vue de la culture alexandrine était, sans conteste, Philon d’Alexandrie.

Grand penseur juif, contemporain de Jésus, Philon a été le plus loin dans la synthèse entre la philosophie grecque et le judaïsme. Comme l’apôtre Paul, un autre contemporain, il est à la fois très juif et très grec. Ces deux personnages tentent d’immenses synthèses, Philon à l’intérieur du judaïsme, Paul à l’intérieur du christianisme en cours de formation. Mais Philon ne sait pas l’hébreu et ne connaît que la Bible d’Alexandrie. Il est très influencé par Platon, et aussi, sur certains points, par Aristote et par les stoïciens. Nous ne retiendrons de ce penseur que deux points, particulièrement marquants :

Le Verbe
Philon tient de l’Egypte et de Platon cette opposition entre esprit et matière et cette idée que l’esprit ( la pensée ) est préexistant. Pour Philon, ce sont les pensées de Dieu qui façonnent l’Univers, et les choses matérielles ne sont que les ombres des réalités spirituelles. La pensée de Dieu, son Logos, est une puissance agissante, un intermédiaire entre le Dieu inaccessible et l’homme. Elle visite volontiers les hommes justes. C’est la sophia du livre de la Sagesse, mais c’est aussi l’homme parfait, image et figure de Dieu. Nous somme donc là, absolument, à la charnière entre toutes les cultures, égyptienne, grecque, juive et chrétienne ; et si l’on cherche à bien comprendre le prologue de Jean, il suffit de relire un peu Philon.

La lecture allégorique
Philon était un exégète. Il a refait toute l’exégèse du Pentateuque. Il tient des stoïciens, et aussi de l’Egypte et du judaïsme mystique ( la Cabale ), la technique de la lecture allégorique des livres bibliques. Celle-ci consiste à dire que le texte a un sens caché qui ne peut être révélé que par la connaissance, c’est-à-dire par celui qui connaît . Les Egyptiens faisaient ainsi connaître leurs vérités par des énigmes ( telle celle du Sphinx ), des mythes, des métaphores dont il fallait trouver le sens. La signification du mot « hermétique », passé dans le langage courant, en dit assez là-dessus. En Grèce, tous les textes d’Homère étaient lus de manière allégorique par les stoïciens qui en déduisaient une sagesse très profonde.

Prenons un exemple : le livre de l’Exode dit, en 22, 25-26 : « Si tu empruntes un manteau à ton prochain, rends-le lui avant le soir car c’est sa seule couverture » ; il s’agit donc d’être soucieux de son prochain sous un angle très matériel. Mais pour Philon, le manteau en question est la parole, la pensée ( encore elle ! ). Dès lors, la maxime de l’Exode devient une exhortation à ne pas s’emparer de la pensée des autres, à les aider à affermir cette pensée plutôt qu’à la contrer. D’une manière générale, les préoccupations de Philon, qui était issu d’une famille riche, étaient assez détachées des contingences matérielles et ses allégories consistaient souvent à proposer un sens spirituel là où il pouvait n’y avoir qu’un sens social.

PHILON enseignait la Sagesse avec une telle profondeur, une telle ampleur de connaissance et avec une telle pureté de langage que, sous plusieurs aspects, il rappelait PLATON. L’intérêt que soulevaient les idées de PHILON était si grand, même dans les milieux chrétiens, qu’une légende lui attribue une rencontre avec l’Apôtre Pierre en l’an 40, lors de son ambassade à Rome… Eusèbe de Césarée ( H.Ecc. Lib II, XVII ) dit ceci : « A ce qu’on raconte, Philon, sous le règne de Claude, serait entré à Rome, en relation avec Pierre, qui prêchait alors aux habitants de cette ville » . Cela ne serait pas invraisemblable, puisque l’écrit même dont nous parlons (DE VITA CONTEMPLATIVA) entrepris plus tard par lui et assez longtemps après, renferme manifestement les règles de l’Église, observées encore maintenant parmi nous (traduction Gustave Bardy Sources Chrétiennes ).

On ne saurait dire où Eusèbe a trouvé cette histoire d’une rencontre entre Philon et l’Apôtre Pierre. Il ne paraît pas l’avoir inventée, d’autant plus que des auteurs et historiens la lui ont empruntée. La vie et l’oeuvre de Philon seront traitées plus en détail quand nous parlerons de l’École d’Alexandrie.
Philon, né à Alexandrie vers l’an 20 av. J.C., est mort après l’an 54 de notre ère. Son oeuvre, mélange de Platon et de la Bible, donne une place très importante à l’interprétation allégorique de la Bible. Il a exercé une influence décisive sur le néo-platonisme, et il n’a pas été sans influer sur la littérature chrétienne.

A cette période on entendait aussi parler, dans les milieux alexandrins et ailleurs, d’une espèce particulière de gens pieux, appelés Thérapeutes, tous voués à l’ascétisme. Philon fournit à ce sujet des renseignements que nous trouvons dans son ouvrage DE VITA CONTEMPLATIVA. Selon Roncagalia, dans son ouvrage intitulé L’Histoire de l’Église Copte, t1, p. 38 ss, les thérapeutes s’étaient établis en Egypte et plus exactement dans les alentours d’Alexandrie, au delà du Lac Mariout. On a voulu y voir des Esséniens ou bien des membres d’autres sectes juives. On a même voulu se demander si, par hasard, il ne s’agissait pas d’ascètes chrétiens qui se présentaient avec un genre de vie mal compris des profanes. Pour Eusèbe de Césarée, leur origine chrétienne ne fait pas de doute ( Eusèbe H.Ecc. lib.II,, XVII ).

4 – Le Nouveau Testament en Egypte

Sauf l’original en araméen de l’Évangile de Saint – Matthieu, actuellement disparu, (il était au monastère Sainte-Catherine, au Sinaï, emprunté par les Russes, jamais rendu mais vendu aux Allemands), c’est en grec que le Nouveau Testament a été rédigé en sa quasi-totalité dans la seconde moitié du 1er siècle. Il ne faut donc pas s’étonner que nous n’ayons ni texte ni copie datant de cette époque.

Cependant les découvertes faites en Égypte permettent de se faire une idée de la manière dont pouvait se présenter, par exemple, une épître de Saint Paul, voire un billet comme celui qu’il adresse à Philémon. Les textes longs sont rédigés par colonnes sur des rouleaux, les courts sur des feuilles séparées. Les oeuvres circulent très vite entre les différentes communautés chrétiennes (Églises). Avant la fin du 1er siècle, il y a déjà un recueil des Épîtres de Saint-Paul. Un texte se diffuse alors, dont on constate l’influence dès le IIè siècle, tant dans le monde latin que dans le monde syriaque.

Dès le IIè siècle, les manuscrits apparaissent sous forme de codex où les feuilles sont liées par la tranche comme nos livres modernes. Le plus ancien est le papyrus Ryland 457, qui contient une partie de l’Evangile de Jean ( 18,31,33 et 37-38 ) daté paléographiquement des environs de 130 . C’est-à- dire une cinquantaine d’années après la rédaction du quatrième Évangile. Ce manuscrit provient du Fayoum ( Moyenne – Égypte ) à 120 km au Sud – Ouest du Caire.

C’est un témoignage de la rapide diffusion du quatrième Évangile, selon Saint Jean, d ‘Asie Mineure en Égypte, où le fragment a été découvert en 1920. Une autre découverte d’un autre papyrus égyptien ( Papyrus Bodmer ) datant de l’an 200 environ, contenant 14 chapitres de l’Évangile selon Saint Jean confirme cette diffusion rapide des textes du Nouveau Testament. Cela montre que, dès le deuxième siècle, le christianisme n’est plus un phénomène exclusivement alexandrin. Un autre document l’atteste : datant de l’an 180 environ, le papyrus Egerton, qui n’est pas un texte biblique proprement dit, contient cependant des passages étroitement apparentés aux Évangiles canoniques. Notons enfin que C. Robert croit devoir dater de la fin du IIème s. certains fragments de l’Évangile selon Saint Matthieu conservé à Oxford (Magdolen Collège ) et jusqu’ici attribué aux II°-IV° s. Il y avait donc déjà des chrétiens dans la Vallée, et on peut également penser que, malgré l’usage du grec comme langue véhiculaire, certains ont été rédigés en langue autochtone, c’est-à-dire en copte.

Saint Marc et l’Eglise Copte

Saint Marc
Saint Marc
C’est seulement à la fin du II°siècle qu’on trouve des renseignements précis sur l’Église d’Alexandrie. A cette date, elle apparaît en pleine vigueur, avec de nombreux fidèles, une hiérarchie constituée et une école célèbre. Cet état laisse supposer tout un passé chrétien, que des traditions éparses permettent de ramener jusqu’aux temps apostoliques. Il est communément admis que Saint Marc, auteur de l’Évangile qui porte son nom, fut le fondateur de cette Église vers 40, ou 43, ou 49, selon les diverses opinions sur le sujet.

Alexandrie possédait-elle déjà à cette époque une communauté chrétienne ? La notoriété de cette ville, ses relations continues avec les autres pays d’Orient, l’importance de la colonie juive qui y résidait, ne permettent guère de croire qu’elle ait échappé totalement à la prédication évangélique. L’histoire d’Apollos, racontée par les Actes des Apôtres ( 18,24-28 ), confirme cette hypothèse mais, en même temps, elle laisse supposer que l’instruction chrétienne donnée à ces premiers disciples avait été rapide et très incomplète. Il y avait sans doute des fidèles isolés, mais pas d’Église organisée. Saint Marc fut le véritable fondateur de cette chrétienté. Cette tradition a été pleinement acceptée par l’Église universelle et c’est grâce à elle que le siège d’Alexandrie a été reconnu comme le troisième après Rome et Antioche.

Tandis que les historiens occidentaux posent des questions sur l’authenticité de l’évangélisation de l’Egypte par Saint Marc l’Évangéliste, une telle problématique n’a pas de sens pour les historiens coptes. Bien plus, l’Église d’Egypte a fondé son orthodoxie sur « la succession ininterrompue » des Patriarches sur « le siège de Saint Marc ». Il est également difficile de déterminer quand et où saint Marc rédigea l’Évangile qui porte son nom. Il se pourrait que ce fût à Rome, avant de partir pour l’Egypte, et peut-être à la demande des chrétiens égyptiens. Toujours selon la tradition, il évangélisa l’Egypte, la Thébaïde et la Pentapole de Libye : Carène, Arsinoé, Apollonia ( Sozopolis ), Bérénice et Ptolémaïs. Après avoir fondé des communautés chrétiennes à Alexandrie, il aurait terminé ses jours en l’an 62, huitième année de Néron, ou, selon d’autres sources, en l’an 68.

Les Coptes chrétiens d’Egypte : deux mille ans de christianisme – Partie 1
source de Monsieur Wadie Andrawiss

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