LES CHRÉTIENS CACHES DU JAPON : LES KAKURE
14.11.2008
En 1865, à l’occasion de l’inauguration de l’église de la ville, un groupe de japonais se fait connaître du Père Petitjean. “Montrez-nous l’image de Sainte Marie”, lui demandent-ils. Bernard Petitjean, des missions étrangères de Paris, fut le premier prêtre à découvrir l’existence sur l’archipel du Japon du premier groupe de kakure kirishitan qui malgré les persécutions endurées ont réussi à conserver la foi Chrétienne, plus de deux siècles après le départ forcé des derniers missionnaires.
Le terme kakure désigne les japonais qui ont continué à pratiquer le christianisme secrètement et malgré la politique de répression des autorités japonaises. Surveillés par le pouvoir en place, les kakure kirishitan ont du renoncer à tout signe exhaustif d’appartenance au christianisme (livres, statues, croix…), mais aussi ont été contraints à pratiquer le bouddhisme comme tous les autres habitants du Japon afin de ne pas éveiller les soupçons. Malgré toutes les difficultés et sans l’aide de l’Eglise ils ont cependant perpétués la tradition chrétienne ainsi que ses principaux rites.
Ce sont dans les îles du sud du Japon que l’on a découvert le nombre le plus important de kakure kirishitan. Cependant il est difficile de donner un nombre précis des kakure présents au Japon, les persécutions ayant suscité la plus grande méfiance de cette communauté et la crainte d’être découvert.
Les kakure kirishitan ont laissés derrière eux quelques objets et des textes qui sont autant de témoignages de leur vie spirituelle. Ils ont donné naissance à un texte en particulier : « Les commencements du Ciel et de la terre ». Ce texte s’inspire des récits bibliques tels qu’ils ont été enseignés par les « padres » venus d’Europe. Il apporte un éclairage sur la vision que les kakure avaient de la religion et des textes sacrés. Il ne s’agit pas d’une copie exacte des récits originaux, mais d’une réécriture des textes tels qu’ils ont été compris et transmis pendant plus de 200 ans. Si on retrouve les grands passages de la bible (création du monde, naissance de Jésus, la passion…), ceux-ci ont été déformés et teintés de bouddhisme, de shintoïsme ou encore de croyances populaires.
Afin de préserver leur foi et tout en essayant de ne pas éveiller les soupçons des autorités, les kakure ont cherché à dissimuler les signes du christianisme derrière des figures bouddhistes, ou, ont perçus dans certaines figures bouddhistes une ressemblance avec des personnages chrétiens. L’un des exemples le plus connu de cette assimilation est le cas du bodhisattva Kannon, figure de la compassion dans la religion bouddhiste, et que les kakure adoraient car elle présentait des ressemblances avec la vierge Marie.
Source : qc.novopress.info