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Dana, ou Générosité – Par Urgyen Sangharakshita

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Dana, ou générosité

Par Urgyen Sangharakshita


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Dana (en langue Sanskrit), ou générosité, est au sommet de la liste des perfections pour une excellente raison, qui est que notre tendance naturelle n’est pas de donner mais de prendre. Si quelque-chose de nouveau se passe, que ce soit dans le domaine de notre travail, du chez-soi, du sport, des distractions, notre réaction habituelle, du moins à demie-consciente est :

« Qu’est-ce que j’ai à y gagner ? »

Il y a toujours cette tendance de référence à soi-même, cette saisie. Le fait qu’elle soit mis en plein centre de la roue de la vie est une reconnaissance du fait que l’avidité –pas un désir sain ordinaire mais l’avidité- occupe une place très importante dans notre vie et notre activité. En fait elle domine notre vie, du moins inconsciemment. Nous sommes tous dans les griffes de l’avidité, emportés, poussés par cette soif. Tout ce que nous faisons, tout ce qui nous intéresse, a un élément de référence à soi. Si nous voulons nous approcher de l’éveil, nous devons renverser cette tendance. Le don est la première des perfections parce qu’il est directement opposé à la saisie. C’est comme si l’enseignement disait :

« Tu peux ne pas être très scrupuleux. Tu peux ne pas être capable de méditer même cinq minutes. Les années peuvent passer sans que tu ne parcours les écritures. Mais si ton aspiration est de mener n’importe quelle sorte de vie élevée, alors au moins, tu donneras. »

S’il vous est difficile de vous séparer des choses, difficile de considérer les besoins des autres, vous n’irez pas très loin, spirituellement parlant. D’autre part si vous êtes même un peu généreux, quoi que vous soyez d’autre, il y a de l’espoir pour vous, spirituellement parlant. C’est là le message du Mahayana.

Ce n’est pas juste une question de donner ses possessions. La générosité est avant tous une attitude du cœur et de l’esprit, de tout l’être en fait. Walt Whitman dit :

« Quand je donne, je donne moi-même »

et c’est bien là l’attitude du bodhisattva, qui pourrait être défini comme quelqu’un qui se donne, à tous, tout le temps. Les écritures considèrent le don sous différents titres comme elles ont tendance à le faire avec tous les sujets, les divisant, sous-divisant et sous-sous-divisant. On peut s’y perdre un peu mais cette approche systématique aide à une étude sérieuse. Je suivrai ici la tradition, mais n’oublions pas que nous sommes concernés par l’esprit du don et pas seulement par les détails techniques. Les écritures classent généralement dana selon les catégories suivantes :

1) à qui donner,

2) ce qui est donné,

3) comment il est donné, et

4) pourquoi il est donné.

A qui donner ?

D’abord, à qui donner ? En principe, absolument tous les êtres sensibles sont l’objet de la générosité du bodhisattva, et il est important d’avoir cet idéal, même si en pratique très peu de gens sont en mesure de faire bénéficier toute la race humaine. Plus spécifiquement, les écritures mentionnent trois catégories de bénéficiaires auxquels le bodhisattva devrait tout particulièrement prêter attention. D’abord le Bodhisattva devrait donner à ses propres amis et à sa famille. Ce n’est pas la peine d’être aimable et amical envers des étrangers tout en étant difficile à vivre, voir même cruel. La charité commence bien chez soi mais elle ne s’arrête pas là, comme dans la pratique du metta bhavana.

La deuxième catégorie de gens qui reçoivent la générosité du Bodhisattva sont les pauvres, les malades, les affligés, les sans-défense –et parmi eux, la tradition inclue tous les animaux.

Et troisièmement on exhorte le bodhisattva à donner à ceux qui mènent une vie spirituelle à plein temps. Traditionnellement, le bouddhisme considère comme un devoir de la société de soutenir tous ceux qui sont engagés dans n’importe quelle sorte d’activité religieuse élevée : nonnes, lamas, maîtres spirituels, etc … Le principe pourrait être élargi jusqu’à inclure tous ceux qui sont engagés dans un travail créatif exprimant des valeurs élevées –comme des artistes. Ceci sans que rien ne soit fait pour tenter de contraindre la personne religieuse ou l’artiste à se conformer aux idéaux de la société. D’un point de vue bouddhiste, c’est ne pas comprendre du tout la nature et la signification de la vie spirituelle et créative. Le soutient devrait être donné librement sans condition.

Ce qui est donné ?

Deuxièmement : ce qui est donné ; ou peut être donné ? est potentiellement tout ce qui peut être possédé peut être donné. Mais pour nous aider plus spécifiquement il y a une liste de six genres de choses qui peuvent être données.

Elle commence avec les choses de base : nourriture, vêtements et abris. Dans les pays bouddhistes d’orient, comme dans la plupart des sociétés traditionnelles, la générosité et l’hospitalité sont des aspects normaux du quotidien. Les gens pratiquent donner quelque-chose tous les jours, juste pour ne pas en perdre l’habitude. Nous prenons quelque-chose tous les jours, ne serait-ce qu’air et nourriture ; pourquoi ne pas donner quelque-chose tous les jours ? Les familles bouddhistes ont tendance à prêter attention à leur rencontre avec un mendiant ou un moine à qui donner de la nourriture, ou une personne pauvre à qui donner quelques pièces ou un peu de riz. Le don peut être petit mais au moins ils cultivent l’habitude de donner, et la générosité fait partie du tissu du quotidien. Il y a un don constant pour équilibrer prendre constamment –qui ne vient que trop naturellement.


Source : Centre Bouddhiste de l’Ile de France

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