GADEN CHANG CHUB CHÖLING : LE BOUDDHISME TIBÉTAIN A MONTREAL[[Paru dans le magazine Bouddhisme Actualités (mars 2007)]]
Mars 2007
Des prières résonnent encore du temple bouddhiste tibétain du sud-ouest de Montréal, Gaden Chang Chub Chöling, à l’heure où je dois rencontrer un de ses occupants, Lobsang Tashi. Ce moine accueillant vit au temple où il est l’assistant et le traducteur de Zawa Tulku Rinpoche, la réincarnation d’un lama hautement réalisé. Alors que les personnes présentes à la cérémonie finissent de discuter autour de nous, Lobsang Tashi, quelque peu distrait par le brouhaha, fait de son mieux pour me parler des activités, de l’organisation du temple et de l’importance de partager les enseignements du Bouddha.
Q : Comment parvenez-vous à faire connaître l’existence de votre temple ?
R : Tout d’abord grâce à certaines activités qui sont organisées dans la ville, comme des manifestations dans des parcs. Il arrive qu’on nous demande de venir réaliser un mandala à cette occasion. Au cours de leur promenade, les gens s’arrêtent pour voir ce que nous faisons, et ainsi nous engageons une discussion. Ils posent des questions sur le temple et ils finissent par noter notre adresse. Cela se produit aussi dans des salons des arts à Montréal où nous dessinons des mandalas de sable.
Enfin, notre site internet est aussi très utile pour que les gens viennent nous voir.
Q : Comptez-vous développer votre site internet dans cette optique ?
R : Oui, nous changeons les informations du site régulièrement. C’est aussi le seul moyen qu’ont les personnes handicapées physiques ou mentales pour connaître le temple et nos activités. Nous aimerions y mettre plus de vidéos d’enseignements pour ces personnes. Parfois, elle me téléphone et j’essaie de discuter avec elles, de leur parler des enseignements qui pourrait les aider, à propos de ce que chacun peut faire lorsqu’il est souffrant.
Q : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la création du temple ?
R : Notre temple est le plus vieux de Montréal. Il a été créé à la fin des années 70 par notre maître Geshe Khenrab Gajam Rinpoche qui est décédé en 1993. Geshe Khenrab Gajam a ouvert ce temple pour les Tibétains qui étaient déjà installés à Montréal et qui souhaitaient avoir un lieu de culte. Maintenant, l’abbé de notre temple est Geshe Tsultrim Tenzin Rinpoche. Notre but est de servir autrui à travers les idées du bouddhisme. Ce temple est comme une maison pour tout ceux qui veulent y venir, pas uniquement pour prier, mais aussi pour partager les enseignements du Bouddha, pour apprendre aux gens à développer leur intuition.
Q : Comment arrivez-vous à l’entretenir ?
R : Notre problématique majeure est de faire connaître le temple aux gens. Ceux y qui viennent souvent peuvent faire des propositions par rapport à l’entretien de ce lieu. Nous respectons et écoutons les idées de tous, mais notre décision finale est guidée par la logique, la raison et la loi canadienne ! Nos fonds viennent des donations de chacun.
Q : Est-ce que vous comptez le développer en l’agrandissant ou en acceptant plus de moines résidents ?
R : Si c’était possible, nous aimerions qu’il y ait un temple dans chaque quartier de la ville ! Agrandir le temple ou accepter plus de moines seraient de bonnes choses bien sûr, mais le plus important pour nous est de partager les enseignements bouddhistes.
Q : Quels liens entretenez-vous avec les autres centres bouddhistes de Montréal ?
R : Nous avons de très bonnes relations. Il arrive qu’ils nous invitent pour que nous discutions.
Q : Quelles sont les activités que vous organisez au temple ?
R : Il y a plusieurs activités. Lorsque des gens viennent à l’improviste, ils peuvent s’installer dans le temple et méditer, puis nous discutons de philosophie bouddhiste. A part cela, nous organisons des discussions sur le Dharma, Zawa Tulku Rinpoche donne des enseignements et moi des cours de tibétain. Si nos étudiants s’intéressent à la philosophie, ils comprennent mieux les textes s’ils en connaissent la langue. Cela les amène à une dimension supérieure de compréhension.
Q : Zawa Tulku Rinpoche donne un enseignement sur le Lam Rim tous les samedis matins. Pourquoi avoir choisi celui-là ?
R : Le Lam Rim est parfaitement adapté à la vie active que chacun mène en ville car il faut des années d’études pour bien comprendre le bouddhisme. Ici, les gens n’ont pas le temps pour cela. Cet enseignement est court et il est très simple à comprendre. Il explique bien le but du Dharma, ainsi il est très utile à tout le monde.
Q : Est-ce que vous avez prévu des évènements spéciaux dans l’année à venir ?
R : Nous faisons des initiations ce qui est toujours un moment très important. Ces initiations sont basées sur la concentration et la visualisation. De grands maîtres bouddhistes d’Inde, d’Europe ou d’Amérique du Nord viennent souvent donner des enseignements ici. Nous avons aussi prévu de faire un voyage en Inde avec les membres du temple. Nous aimerions leur montrer les lieux sacrés de ce pays, comme Bodhgaya, et ensuite aller au Rajasthan ou au Népal.
Q : Y a-t-il des évènements liés au Tibet et à sa culture organisés au niveau de la ville ? Si non, qu’aimeriez-vous voir organisé ?
R : Non, malheureusement il n’y en a pas. Je ne sais pas pourquoi. Nous aimerions organiser des rencontres, des méditations. Il serait bon de montrer les pratiques sacrées à la nouvelle génération. Notre message principal est de répandre l’amour et la compassion.
Q : Qu’en est-il de la communauté tibétaine : est-elle nombreuse à Montréal ?
R : La communauté tibétaine compte environ 100 ou 200 membres à Montréal.
Q : Pour quelles raisons choisissent-ils le Canada et Montréal ?
R : De par la situation du Tibet et de son peuple, les tibétains n’ont nulle part où aller en particulier. Nous sommes tous en exil. Je pense qu’ils viennent ici car ils ont l’opportunité de commencer une nouvelle vie. Mais je ne sais pas ce qui les pousse à choisir Montréal précisément.
Q : Alors pouvez-vous expliquer pourquoi vous êtes venu ici ?
R : Je suis venu ici pour aider à développer le temple. Je suis né en Inde et je vivais dans le monastère de Ganden Jangtse dans le sud avant d’arriver ici. Mon maître et Geshe Khenrab Gajam, qui a créé ce temple, vivaient dans le même monastère en Inde. Ensuite, j’ai voyagé en Europe. Je suis allé en Italie, en Suisse et en Autriche. Puis, on m’a demandé de venir à Montréal pour enseigner le bouddhisme. J’ai appris le français ici pour pouvoir parler avec les gens.
Q : Y a-t-il beaucoup d’occidentaux qui viennent au temple et qui participent aux activités ?
R : La plupart des occidentaux sont des québécois. Cela dit, il y a aussi des africains et des européens. L’affluence de gens dépend des jours. Tout le monde travaille et les membres du temple n’ont pas toujours le temps de venir. Chaque classe d’enseignements compte environ 15 ou 20 élèves. Il peut y avoir 50 ou 100 personnes lorsque nous organisons des cérémonies spéciales.
Q : Ressentez-vous le fait que le bouddhisme soit de plus en plus à la mode à Montréal même ?
R : Je suis toujours au temple, je ne peux donc pas juger de ce qui se passe autre part.
Mais c’est vrai qu’il y a toujours de nouvelles personnes qui arrivent. Elle ne reviennent pas forcément longtemps : les gens vont et viennent.
Q : Que pensez-vous de ce phénomène ? Est-ce qu’il est favorable à la sauvegarde du bouddhisme tibétain ?
R : Vous savez, les gens font comme dans un centre commercial par rapport au bouddhisme : on n’achète jamais tout dans un magasin, mais seulement ce dont nous avons besoin. Ainsi, les gens prennent ce qui est bon pour eux dans le bouddhisme. Ce qui nous importe, c’est que les enseignements continuent d’être pratiqués.
Q : Justement quelles pratiques conseillez-vous à des débutants qui voudraient se familiariser avec le bouddhisme ?
R : Tout d’abord, il faut que quelqu’un leur explique le but et les principes du Dharma et qu’ils le comprennent bien. Par exemple, si l’on ne peut pas aider les autres, on doit au moins éviter de les faire souffrir. Ensuite, ils peuvent apprendre les différentes techniques de méditation pour qu’ils parviennent à se concentrer uniquement sur leurs pensées positives.
Q : Selon vous, en quoi la méditation ou la récitation d’un mantra peuvent changer une personne ?
R : La méditation aide beaucoup les gens car elle leur permet de devenir plus calme. De cette manière, elle les transforme. Les mantras, eux, amènent de l’énergie positive comme ils l’ont toujours fait, depuis l’existence du Bouddha jusqu’à aujourd’hui.
Q : Merci beaucoup de m’avoir accorder de votre temps.
R : Merci à vous.
– Pour plus d’informations, consulter le site www.khenrab.org
Publié sur www.buddhachannel.tv, avec l’aimable autorisation de Bouddhisme Actualités
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