28.09.2009
Noah Levine se pointe à notre rendez-vous vêtu d’une ample chemise de bûcheron, avec une cigarette au bec et un grand sourire. Levine est de passage à Montréal ce week-end, pour deux jours de conférences et d’ateliers de méditation Dharmapunx, au Studio de yoga Bliss.
Par où commencer, pour entrer dans le récit de ce Californien qui est passé par le punk, le crime, le crack, l’héro et la prison, avant de pratiquer la méditation bouddhiste et de l’enseigner (entre autres) dans les prisons et aux délinquants juvéniles?
Par le commencement.
À l’âge de 5 ans, ce tatoué colosse de 38 ans, fils de hippies de Santa Cruz divorcés (père psychiatre bouddhiste, mère alcoolique), n’avait qu’une idée en tête: mettre fin à sa courte existence. «Je pensais que la vie était trop difficile pour continuer. Je voulais mourir, pour pouvoir recommencer à zéro», évoque-t-il, avant de me faire «visiter» sa galerie de tatouages. Sur ses bras d’ex-héroïnomane cohabitent notamment Krishna, la Vierge Marie, la déesse tibétaine Tara et les mots true love.
À l’entendre, on jurerait qu’il avait déjà traversé neuf vies, à l’âge où la majorité des gens ont la leur devant eux. À 5 ans, il fume des cigarettes et des joints. À 10 ans, il découvre l’alcool. À 12 ans, il s’initie au rock punk. «Pour moi, les Sex Pistols incarnaient la voix de Dieu. Cette colère reflétait parfaitement ce que je ressentais.»
À l’issue d’une adolescence de crime, de dope, de violence, où il a été anarchiste, révolutionnaire, nihiliste et bien d’autres encore, Noah se réveille dans la chambre capitonnée d’une prison juvénile. Il a alors 17 ans et vient de survivre à une tentative de suicide. «À ce moment, j’ai compris que je me glorifiais dans le fait d’être un hors-la-loi. C’était l’identité que je m’étais créée. Je prenais alors la responsabilité sur la réalité que je m’étais faite.»
Guidé par son père, méditant bouddhiste, Noah devient alors un punk sobre qui médite. Cette voie l’amènera dans des monastères en Thaïlande, en Inde, en Birmanie. Auteur de Dharmapunx et Against the Stream, qui racontent son histoire personnelle ainsi que sa démarche psychologique et spirituelle, il enseigne désormais la compassion et la générosité. Des aspirants bouddhistes de partout en Amérique du Nord (dont beaucoup de marginaux, transsexuels, gais et lesbiennes) fréquentent ses ateliers.
Aujourd’hui psychologue, marié et père de famille, il n’a surtout pas renié son appartenance au punk. «Un des premiers enseignements du bouddhisme, c’est qu’il y a dans le monde de la souffrance, des difficultés et de l’insatisfaction. Les punks sont insatisfaits, mais ils refusent d’accepter le statu quo. Il y a une sagesse dans cette recherche d’une solution. Si le punk prône la haine, le bouddhisme aborde la vie avec compassion, amour et respect. Être punk fait partie de qui je suis, de ma culture, ce n’est pas un choix. Comme le fait pour toi d’être une french Canadian.»
– Pour plus d’informations sur Noah Levine et le mouvement Dharmapunx, consultez le site www.dharmapunx.com
Par Sylvie St-Jacques
Source : www.cyberpresse.ca