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Désirer sans souffrir, c’est possible

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DESIRER SANS SOUFFRIR, C’EST POSSIBLE

par Pierre Suchet

Désir quand tu nous tiens! quelle affaire si je ne puis t’exaucer?

alors oui, sans doute es-tu souffrance car toujours présent jour et nuit
comme une passion, tu me poursuis sans cesse.

Mais qui es-tu alors pour être si puissant?

Car il s’agit bien d’une puissance qui m’envahit à des degrés divers:
spontanément sans crier gare

à la manière d’une violente émotion à laquelle je réagis tout de suite
pour t’assouvir et te calmer si je le peux

mais qui me rend fou si je ne le puis,

ou qui apparaît alors insidieusement, progressivement

et se construit en moi sans cesser de m’obséder:

désir d’objet, désir de possession, désir de bonheur, désir de paix,

désir de calme, désir d’amour, désir d’absolu, désir de vengeance,

ou pire, désir non identifié.

Tu es omniprésent dans ma vie de tous les jours.

Multiple, tu es immense ou insignifiant, fort ou faible, veule ou noble.
Bref, insupportable si non assouvi et encore insupportable si assouvi

car, sans cesse, tu renais sous une forme ou une autre.

Pour illustrer ce propos,

voyons ce qu’en dit le maître tibétain Dzonghar Jamyang Khyentse,
dans son livre, “N’est pas bouddhiste qui veut” (Edition NiL page 103):

“…Lorsque la flèche empoisonnée du désir nous transperce, bon sens, sobriété et droiture fondent comme neige au soleil. A leur place s’infiltrent la fausse dignité, la décadence et l’immoralité. Intoxiqués, rien ne nous arrête plus pour atteindre l’objet désiré. Un homme frappé de frénésie sexuelle ira jusqu’à trouver irrésistiblement sexy une hippotame péripatéticienne, alors qu’une femme merveilleuse l’attend fidèlement à la maison…”

Alors désir, es-tu enfer sur terre ?

Oui, si je persiste à me plier à tes exigences.

Oui si je persiste à ne pas comprendre que tu es émotion, donc souffrance

qui, en fin de compte est une manifestation persistante de mon égo.

Dans ces conditions, pas de solution?

Oui, si je ne parviens pas à t’identifier désir comme tel.

Non, si je prends conscience de cet état de choses

et si je décide alors de le faire cesser,

d’abord en le constatant,

ensuite en l’acceptant

pour enfin l’éliminer en le regardant comme un objet extérieur

à la manière de Siddharta Gautama Sakyamuni

qui avait – dans les Quatre Nobles Verités –

découvert la souffrance en sortant pour la première fois de son palais.

C’est là que l’on peut alors d’une certaine manière arriver à désirer sans souffrir,

dans la mesure où ce désir que l’on pourrait dénommer “désir-sagesse”
est déjà en moi sans que je le sache,

comme la nature de Bouddha,

naturellement présente en tout être humain quel qu’il soit:

aussi bien le criminel le plus abject que le sage ayant atteint l’Eveil.

Non formulé, il apparaît de lui même chez celui ou celle

qui, sincèrement et sans arrière-pensées et sans y réfléchir,

suit fermement la Voie du Dharma comme dans une seconde nature.

Pour les chercheurs sprituels, tentons l’expérience

quand, faisant zazen assis en demi-lotus sur un coussin de méditation,
nous nous concentrons sur la respiration.

Le désir est bien là

mais nous n’y prêtons pas plus d’attention qu’aux pensées vagabondes
que nous constatons tout simplement, sans nous y attacher.

C’est alors que le désir, en quelque sorte banalisé, se manifeste sans souffrance.

Pierre Suchet pour www.buddhachannel.tv





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