17.08.2009
PARIS — Auteur de nombreux livres sur le cosmos et la spiritualité, l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan publie fin août un dictionnaire très pédagogique, qui propose sans amalgame un état des lieux scientifique et une réflexion philosophique sur la place de l’homme dans le cosmos.
En quelque 250 entrées, son « Dictionnaire amoureux du ciel et des étoiles », recueil d’un millier de pages, répond à la plupart des grandes questions sur l’origine et la formation de l’univers, des galaxies et des étoiles, avec l’idée toujours présente d’un agencement cosmique, d’un réglage très fin de la nature, où rien n’a été laissé au hasard.
Mais Trinh n’essaie pas d’imposer sa vérité: « ce réglage est-il dû au seul hasard, ou bien résulte-t-il de la nécessité ? », interroge l’auteur dans un chapitre sur le principe anthropique, avant de conclure que les deux propositions « sont aussi possibles qu’invérifiables ».
Si la science exige des méthodes rigoureuses dans laquelle les croyances religieuses ne peuvent pas interférer, la métaphysique reste l’affaire de chacun, et est souvent marquée par un sceau culturel.
« Je suis asiatique, j’ai donc grandi avec les concepts de l’interdépendance et de l’impermanence. Tout change, tout bouge. Il y a la vacuité aussi: pour le bouddhiste, les choses ne sont qu’apparentes et n’existent pas par elles-mêmes: il n’y a pas d’existence intrinsèque », déclare à l’AFP Trinh, qui enseigne l’astrophysique à l’université de Virginie aux Etats-Unis, lors d’un passage à Paris.
Alors que le christianisme peut voir dans le Big Bang la main de Dieu, qui aurait créé ainsi l’univers d’un coup de baguette magique, « le seul univers compatible avec le bouddhisme serait un univers cyclique, où il n’y aurait pas de commencement ni de fin, avec une infinité de Big Bang et de Big Crunch (contraction de l’univers sur lui-même), ce qui évacue le problème d’un dieu créateur, qui n’existe pas dans le bouddhisme », explique-t-il.
Refusant l’existence d’un « multivers », formé de bulles hermétiques les unes aux autres, Trinh Xuan Thuan veut croire que nous ne sommes pas seuls dans l’univers et que nos moyens d’observation nous permettrons bientôt de découvrir des planètes capables d’abriter des formes de vie avec lesquelles nous pourrons communiquer.
Dans son ouvrage qui sortira le 27 août chez Plon/Fayard, l’auteur inclut un bestiaire de l’astrophysique sur les objets étranges du cosmos (quasars, pulsars…), mais aussi des entrées sur l’histoire de l’astronomie ou des articles plus philosophiques comme « science et beauté » ou « science et utilité ».
Ni bonne ni mauvaise, la science a besoin d’être complétée par une éthique, une morale, affirme Trinh. « L’astrophysique est une science pure: c’est la connaissance pour la connaissance: mais il y a beaucoup d’autres domaines, comme la biologie avec le clonage ou le nucléaire, où le scientifique est confronté à des choix éthiques ou moraux ».
Source : AFP