Paris – Le bio, c’est bon pour l’environnement, mais aussi pour la santé, assurent les défenseurs des produits issus de l’agriculture biologique, bien que les bienfaits pour la santé soient plus difficiles à prouver scientifiquement.
Une étude britannique a relancé le débat en suggérant que l’avantage nutritionnel des aliments naturels, produits sans fertilisants ni pesticides, était négligeable.
Les produits bios ne sont pas plus sains que les aliments ordinaires, leur apport nutritionnel étant assez similaire, ont estimé des chercheurs de l’Ecole d’hygiène et de médecine tropicale (LSHTM) de Londres dans cette étude publiée dans le Journal américain de nutrition clinique.
Pour le Professeur Alan Dangour, principal auteur de l’étude, « il n’y a actuellement aucune preuve » justifiant de privilégier les produits bios sur les autres pour leur apport nutritionnel.
« Mais il est également clair que la qualité des preuves rassemblées pour aboutir à ce jugement est faible », fait remarquer le prestigieux journal médical britannique The Lancet dans sa dernière édition.
Pour cette méta-analyse, les chercheurs britanniques ont en effet brassé quelque 90.000 études scientifiques parues depuis 50 ans, en ont sélectionné 162 mais n’en n’ont finalement retenues qu’un tiers, considérées comme satisfaisantes, souligne The Lancet.
En France, le MDRGF, une association qui se bat contre les pesticides, estime que l’étude britannique est « tronquée » car elle est basée sur 55 études seulement, choisies parmi les 162 retenues.
Or l’analyse de ces 162 études « fait apparaître des différences significatives favorables aux aliments bios pour 6 catégories de nutriments importants », affirme François Veillerette, président du Mouvement pour les droits et le respect des générations futures.
Les végétaux bios contiennent notamment plus de magnésium, de zinc, de polyphénol ou de sucres que les cultures intensives qui contiennent, elles plus d’azote, précise-t-il. De même, les produits animaux bios contiennent plus de certains acides gras que leurs homologues non bios, ajoute-t-il.
Des chercheurs de l’université de Californie avaient déjà montré en mars 2007 que la valeur nutritionnelle de kiwis issus de l’agriculture bio était supérieure à ceux de l’agriculture conventionnelle, les premiers contenant plus de polyphénol (censé lutter contre le cholestérol) et d’antioxydants (qui combat le vieillissement des cellules) que les seconds.
De son côté, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a estimé en 2003 qu’il n’y avait pas de « différence remarquable (…) des teneurs en nutriments entre les aliments issus de l’agriculture biologique et ceux issus de l’agriculture conventionnelle ».
Une analyse qui est « toujours d’actualité », souligne une porte-parole de cette agence.
L’Afssa a toutefois reconnu dans cette étude que « le mode de production biologique, en proscrivant le recours aux produits phytosanitaires de synthèse, élimine les risques associés à ces produits pour la santé humaine et concourt à une moindre pollution environnementale, notamment de la ressource en eau ».
Elle rejoint ainsi les défenseurs des produits naturels qui soulignent que l’absence de résidus de pesticides dans les aliments bios est un élément favorable à la santé.
Mais « pour dire que le bio c’est bon pour la santé, il faudrait avoir des études épidémiologiques portant sur des familles mangeant bio régulièrement sur 5, 10 ou 15 ans, et on n’a pas ce genre d’études », commente Lylian Le Goff, expert de la fédération France nature environnement (FNE).
– Source : Romandie
(©AFP / 06 août 2009 13h41)