«Le berger protège son troupeau, sans pouvoir particulier, il peut sauver cent vies.»
(Proverbe tibétain)
En un endroit de la Terre, très haut dans les montagnes, vivaient deux hommes âgés. Ils étaient bons amis. Il avaient chacun un coin de jardin dans lequel ils faisaient pousser des légumes. L’un des hommes était naturellement bon. Son coeur était pur, il n’avait aucun effort à faire pour aimer les animaux, quels qu’ils soient. L’autre homme avait un grand désir de richesse.
Un jour, l’homme au coeur pur trouva dans son jardin un oiseau paralysé par le froid. Il l’emmena près de son feu, prit soin de lui et le nourrit avec bienveillance. Quand l’oiseau fut en mesure de voler, l’homme le laissa repartir. L’oiseau revint bientôt, portant dans son bec une graine. Il la donna au vieil homme en disant : « C’est une graine de courge, la meilleure qui soit au monde. Occupes-t’en bien. » L’homme planta la graine. Une seule courge poussa sur la plante, mais quelle courge ! Elle était énorme. Quand arriva le froid, l’homme essaya de la cueillir pour la rentrer, mais il n’avait pas assez de force. Il dû faire appel à cinq de ses voisins pour la soulever. Une fois la courge posée sur sa table, il eut envie d’en manger, et se mit à la peler. La peau était très fine, elle partit sans difficulté. Dessous, il ne trouva pas de la chair de courge mais de l’or pur !
Grue à col noir («Trung-trung-kaynak»). [[Des quinze espèces de grues répertoriées dans le monde, il s’agit de la plus menacée.]]
«Il l’emmena près de son feu, prit soin de lui et le nourrit avec bienveillance.»
Maintenant qu’il était riche, il aida tous ceux qui en avaient besoin. Un jour, son vieil ami lui demanda comment il avait obtenu la graine de courge. Il lui raconta l’histoire de l’oiseau. L’ami rentra chez lui en réfléchissant à un plan pour devenir riche à son tour. Il prit son arc et ses flèches et se cacha dans le jardin. Quand il vit un petit oiseau qui sortait de l’ordinaire posé sur un arbre, il lui tira une flèche dans les pattes. Il le ramassa précipitament, se lamentant sur sa maldresse, paraissant désolé et triste. Il soigna l’oiseau jusqu’à ce qu’il puisse s’envoler. L’oiseau revint bientôt avec une graine dans son bec. Il la donna au vieil homme en lui disant que c’était une graine de courge très particulière et qu’il devait en prendre soin. L’homme la planta. Elle poussa tant qu’il fallut six hommes pour la soulever et la rentrer dans la maison. L’homme se délecta à l’avance de la richesse qui l’attendait. Il prit un couteau, mais à peine eut-il entaillé la peau du légume, qu’il s’ouvrit en deux, et qu’un petit homme à l’attitude agressive en sortit. L’homme dit qu’il était envoyé par le seigneur des mondes inférieurs pour le peser. Il l’attrapa par la peau du coup et le posa brutalement sur une balance. Examinant le résultat, il dit : « Tu es trop léger pour être d’une quelconque utilité, » et il lui coupa la tête !
Libres traductions du recueil « Tibetan Folk Tales » de A.L Shelton (1925),
pour www.buddhaline.net