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Idée Lecture – Tibet les Chevaux du Vent

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tibet_chevaux.jpgSymbole prédominant de la culture tibétaine, les « chevaux du vent » assurent la continuité de la méditation. Ils emportent avec eux les prières, les vœux et les espoirs des pèlerins venus prier sur le cairn, au sommet d’un col.
La nouvelle édition du livre de Jerôme Edou et de René Vernadet invite à faire de même.

L’œuvre comporte ainsi deux cahiers de photographies qui, du portrait du Dalaï Lama au Monastère de Töling, vous amènera, lors d’une visite haute en couleur, découvrir toutes les merveilles des terres tibétaines. Vous trouverez également dans cet ouvrage, qui se veut aussi un guide, bon nombre d’illustrations en noir et blanc, plusieurs cartes originales du Tibet, et des annexes variées notamment un glossaire très complet, une « petite chronologie » relatant les faits principaux de l’histoire du Tibet ou encore un calendrier des fêtes et des coutumes principales.



Le livre est composé de quatre parties : « De l’histoire », « Du bouddhisme tibétain », « Du Tibet » et « Des sites principaux », invitant ainsi le lecteur à une découverte en profondeur de l’histoire du Tibet jusqu’à aujourd’hui. Surtout ? les auteurs ne négligent les aspects culturels et religieux dont est très fortement imprégnée la culture tibétaine. « Les chevaux du vent » apportent un éclairage lumineux et complet sur ce petit pays, bien trop isolé.

Mais ce livre ne se limite pas qu’à une compilation d’informations théoriques. Jérôme Edou et René Vernadet ont aussi constitué un vrai guide, destiné à accompagner chaque voyageur motivé par l’aventure tibétaine. Vous y trouverez donc également des itinéraires détaillés et les descriptions de sites à ne pas manquer. Le résultat est très vivant et se lit avec aisance et plaisir. De nombreux encadrés, insistant sur des points précis de la civilisation tibétaine, ou des anecdotes amusantes et étonnantes viennent ponctuer ce beau voyage sur les terres du Dalaï Lama.



Antoine Ginekis pour www.buddhachannel.tv



Tibet_Les_Chevaux_du_Vent.jpgEXTRAITS :



« Marpa a rapporté de l’Inde des enseignements profonds de la tradition des mahasiddhas qu’il a reçu de Naropa, notamment au cours de près de dix-huit années de voyages hasardeux, de maladies et de dangers. En voyant arriver Milarépa, loqueteux, démuni mais déterminé, Marpa sait que ce dernier a les capacités requises pour devenir le réceptacle approprié de ses précieuses doctrines.

« il fait le vœu de ne plus quitter la montagne avant d’avoir atteint la réalisation ultime »

Mais, avant de transmettre ces enseignements à Milarépa, il le met à l’épreuve afin d’affermir sa détermination et de le purifier de ses crimes. Ces épreuves durent près de douze années au cours desquelles Marpa ne donne à Milarépa aucun des enseignements auxquels ce dernier aspire mais lui fait construire de ses mains, pierre par pierre, plusieurs tours qu’il lui ordonne ensuite de détruire, sous des prétextes fallacieux ! Cette mauvaise foi volontaire ne décourage pas Milarépa qui, proche du suicide, reçoit finalement la transmission de Marpa.

Retournant chez lui pour un dernier adieu à sa mère et à sa sœur, il n’y trouve que ruines, mort et désolation et apprend que sa sœur à la mort de sa mère est partie mendier. Cette dernière expérience lui montre qu’il n’y a rien à attendre de la vie mondaine et, suivant les injonctions de Marpa, il fait le vœu de ne plus quitter la montagne avant d’avoir atteint la réalisation ultime.



Je suis Milarépa, le meilleur des yogis,

Celui qui pourchasse les apparences,

Celui qui accueille tous les souhaits.

Je suis le yogi sans opinions, […]

Je suis le renonçant sans vivres,

Le mendiant sans possessions,

Le vagabond nu.

Je suis celui qui a maîtrisé toutes les pratiques,

Je demeure ici mais n’y réside pas,

Je suis un fou, heureux de la mort,

Je ne possède rien, je n’ai besoin de rien.




Tibet_Nam_So.jpgIl médite pendant des années dans des grottes bien au-dessus des neiges éternelles, n’ayant pour tout vêtement qu’une robe de coton (…) et pour nourriture que des orties et quelques poignées d’orge. Son dénuement est total mais sa détermination telle qu’après des années d’ascèse, il atteint finalement à la plus haute réalisation, le mahamoudra.
Au hasard des rencontres et des situations, il compose parfois un chant spontané pour dispenser ses conseils à ceux qui viennent le trouver. Un jour qu’il médite dans la région de Drin, il est invité à un mariage auquel est aussi convié un guéshé érudit et arrogant. Voulant éprouver Milarépa et le confondre, celui-ci lui présente un texte de logique et lui demande d’en expliquer le sens mot à mot. Milarépa lui répond qu’il a oublié les mots, ne connaît que le goût de l’expérience directe de la vérité. »



« Dans la lumière vacillante des lampes à beurre, la paisible statue du Bouddha repose au coeur de Lhassa, dans l’intimité du temple du Jokhang. Jeux d’ombres et de lumières sur les ors, les cuivres, les turquoises et les coraux, odeur forte du beurre que des pèlerins aux visages illuminés de dévotion portent en file indienne vers le « saint des saints », le coeur du Tibet, le temple des temples.

Il en vient de partout, à pied, à cheval, en camions, parfois même se prosternant dans la poussière, à chaque pas, pendant des jours. Et ce depuis treize siècles sans discontinuer, depuis qu’un roi tibétain, barbare et impie, s’est converti au bouddhisme pour l’amour d’une princesse venue avec ses statues de la lointaine Chine impériale.

« Lhassa ! Lhassa que tant de caravanes impatientes ont découvert après mille dangers, mille nuits dans la froidure des hauts plateaux, mille prières récitées à la face du ciel »

Dehors, aux abords du temple, la foule grouillante et bavarde prie ses dieux, négocie son ciel, essaie de survivre d’une poignée de farine d’orge, d’un morceau de beurre de yak… et d’espoir. Assis à même le sol, ce groupe de nomades en pelisses, abîmé dans ses prières, est insensible à la foule qui déambule devant les échoppes multicolores remplies de babioles importées de Chine. Ici, des jeunes filles affables proposent des drapeaux à prières qui, bénis, protégeront les maisons d’un lointain village. Là, quelques vieilles femmes alimentent en genévrier les fours à fumigations qui ceinturent le temple et la lumière incertaine du matin tisse dans les volutes de fumée odorante un voile d’irréalité.

Lhassa ! Lhassa que tant de caravanes impatientes ont découvert après mille dangers, mille nuits dans la froidure des hauts plateaux, mille prières récitées à la face du ciel. Lhassa, dont tant d’explorateurs ont rêvé sans jamais l’atteindre. Lhassa, la Thèbes de l’Orient que dominent les vertigineuses façades blanches, ocres et pourpres du Potala ! »


– Extrait de Tibet, Les Chevaux du Vent, par J. Edou et R. Vernadet, L’Asiathèque.



Jerome_Edou_icone.jpgLES AUTEURS :


JEROME EDOU est sociologue et spécialiste du Bouddhisme tibétain. Depuis plus de trente ans, il partage son temps entre recherches, traductions et voyages dans les pays himalayens où il réside actuellement. Après des études de Sociologie, Jérôme Edou a étudié pendant 20 ans le Bouddhisme tibétain auprès des plus grands maîtres et dans différentes écoles : Zen, Théravada, etc. Il est chercheur, traducteur de tibétain et auteur.

Depuis presque 20 ans, il réside au Népal ; il est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleures spécialistes de l’Himalaya. Il anime d’autre part au Népal l’association Garuda qui organise des activités sportives pour les enfants défavorisés de Kathmandou et gère un centre d’accueil pour handicapés et de formation pour les femmes en difficultés. www.garudanepal.org


RENE VERNADET est cinéaste et conférencier. Sa passion de la montagne l’a naturellement attiré, dès 1962, vers les Himalayas. De plus de vingt séjours, il a rapporté des kilomètres de films et un amour communicatif pour le Toit du Monde.




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