Harcèlement, intimidations, menaces, voire crimes, le rapport publié le 11 juin par Amnesty International n’est pas tendre avec les autorités sri-lankaises. Selon l’association et malgré la mise en place de neuf commissions d’investigation au cours des vingt dernières années sur les disparitions forcées et d’autres atteintes aux droits de l’homme, les violations des droits humains sont excessivement nombreuses dans le pays.
Accablant pour les différents gouvernements qui se sont succédés, ce rapport pointe surtout l’incapacité du corps judiciaire à faire face à ces violations en l’absence de toute réforme efficace. L’ensemble de ces violations ont été effectuées dans le cadre des deux conflits auxquels a dû faire face le Sri Lanka depuis 1991, le conflit avec les Tigres Tamouls d’une part au Nord et au Sud avec le Front Populaire de Libération (JVP), le parti cingalais qui souhaitait renverser le gouvernement.
Entre les premières émeutes anti-tamouls de 1983 et 1991, les autorités du pays ont été incapables de faire face à l’augmentation des disparitions forcées et des exécutions extrajudiciaires. Dès 1991, l’ONU recensait plus de 15000 cas de disparitions forcées, dont plus de 4000 transmises aux autorités sri-lankaises. La première commission d’enquête fut alors créée par le président Premadesa, mais avec un pouvoir restreint, car ne pouvant enquêter sur les cas antérieurs à sa création, alors que des milliers de disparitions sont survenues de 1988 à 1990.
Depuis, huit commissions ont suivi le chemin de la première avec un succès plus que mitigé, Amnesty International dénonce en effet les entraves à l’investigation que ces différentes commissions ont pu mettre en place ou les faibles compensations financières offertes aux familles des victimes. Aujourd’hui et au regard des vingt années écoulées, l’association estime que les autorités sont soit incapables de résoudre ce problème, soit elles ne veulent pas le résoudre.
L’association propose donc la mise en place d’une commission internationale indépendante chargée d’enquêter sur les violations des droits humains dans le pays. Rappelons que pour le moment, les demandes d’enquête indépendante sur les violations du du droit commises lors du conflit qui vient de s’achever entre tamouls et forces gouvernementales a été rejeté par le gouvernement malgré une déclaration de Ban Ki-moon et du président sri-lankais en ce sens en mai.
Un appel a également été lancé par Amnesty International afin de réconcilier des communautés depuis longtemps en conflit et où le climat d’impunité est devenu habituel à travers de profondes réformes internes par le gouvernement. l’association souhaite aussi une présence internationale forte dans le pays et notamment de l’ONU à travers notamment une surveillance du pays par le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme.
Thomas Prado pour www.buddhachannel.tv