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vén. Shinjin — Comme nous avons vécu, nous mourrons !

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Comme nous avons vécu, nous mourrons !

ou réflexions sur la Mort

Mourir pour mieux vivre


light54.jpgParmi les littératures spirituelles dont celle de la voie soufiste, cf. la maxime en exergue, la littérature bouddhiste fourmillant de références, d’anecdotes, de récits, de pensées et maximes liés à la Mort, tient une place prépondérante sur ce sujet. Dans le Zen, en particulier la méditation est conçue comme un regard sur son propre cercueil.

Selon les contextes religieux et locaux, la Mort soit revêt l’aspect de la grande faucheuse (noire) avec son cortèges de mélopées, lamentations et pleurs, soit elle symbolise la libération (blanche) et engendre l’allégresse partagée avec le défunt parti vers un monde meilleur, avec force chants et danses rythmés. Dans un cas comme dans l’autre, elle marque une rupture d’avec un état pré-insitant pour un autre état post-insitant, à quelque niveau que ce dernier se situe.

Il serait nécessaire, pour la compréhension relative à beaucoup de phénomènes qui échappent encore à la rationalité cartésienne, que l’on cesse de s’agripper à l’anthropocentrisme, à l’anthropomorphisme. Pour ceux que cela étonnerait, j’ai utilisé le terme d’insiter et non celui d’exister, pour la simple et bonne raison que face à la Mort, on est seul/e face à soi-même, à son intérieur et non plus à l’illusoire, l’éphémère, au factice de sa périphérie (ex-situere) ou existence.

Ceci est particulièrement et intensément réel et vrai lorsque l’on est brutalement confronté à cet intérieur auquel on avait tenté par divers moyens d’échapper, qu’on le veuille ou non; ceci particulièrement lorsqu’il révèle, dans un laps de temps relativement court, tous les oublis ou refus de le connaître, d’apprendre à vivre avec lui, ainsi que du lâcher-prise des exigences de notre ego qui se battait en lui.

Ayant expliqué cela, il apparaît nettement plus plausible de suggérer le fait de se familiariser progressivement (encore de son vivant si possible!) avec cette notion d’Insitence (être en soi, afin de regarder dans son intérieur et non plus vers l’extérieur comme il est si tentant et facile de le faire ou de le fuir) pour mieux préparer l’Après Grande-Transition. Il est de notoriété bouddhique que la dernière pensée avant notre mort conditionnera notre renaissance, déduisez vous-même l’importance capitale de celle-ci et le caractère primordial de l’apprentissage de cette insitence.

Donc, il est urgent que chacun/e comprenne le bien-fondé de cette démarche, consistant à mourir à chaque instant passé (existence) pour vivre chaque moment présent (insitence), dans la complétude de cette insitence. C’est aussi ce à quoi invitait le Maître Jésus lorsqu’il disait: « Si vous ne renaissez pas à vous-mêmes, le Royaume de Cieux vous sera inaccessible ». Laissons partir ces carapaces, ces masques, ces enveloppes existentielles qui nous masquent l’Essentiel, afin de renaître à notre nature propre de Bouddha, à ce royaume que chacun porte en lui.


vén. Shinjin pour www.bouddha.ch

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