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Homoparentalité, Mariage, Adoption: à quand un Edit de Nantes gay?

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04.03.2009

Il serait donc grand temps, que pour toutes les questions liées à l’homosexualité, un nouvel Édit de Nantes voit le jour.

Deux homosexuels se tiennent la main (photo d'illustration).
Deux homosexuels se tiennent la main (photo d’illustration).

Revoilà Christine Boutin et son cortège de misères. Cette fois-ci, elle s’oppose au projet de loi relatif au statut du conjoint beau-parent dans le cadre des familles recomposées (ou composées…) parce qu’elle y voit là l’occasion de reconnaitre l’homparentalité et tout ce que cela impliquerait.

Dépassons la personne de Christine Boutin, elle ne représente que la partie émergée de l’iceberg des préjugés exprimés dès que l’on touche à ces questions. Elle incarne cependant une masse difficilement évaluable qui estime que juridiquement, donc factuellement, tant que le droit ne reconnait rien, rien n’est possible . Ainsi, à partir du moment où ce courant lit que le droit civil positif interdit passivement aux personnes homosexuelles: le mariage, l’adoption et le recours aux techniques de procréation assistée, rien ne leur est possible, et seul subsiste en droit, donc en fait la norme familiale qui conduit nécessairement à ce qu’un « enfant soit élevé par un papa et une maman ».

Sauf que…

Sauf que je connais des gays (garçon, fille..) père ou mère génétiques. Je connais des gays (garçon, fille..) ayant adopté, ici et là en contournant habilement le système, (parfois même avec la complicité des autorités compétentes). Je connais des gays (garçon, fille..) ayant même eu recours aux techniques de procréation médicalement assisté. Je connais les enfants de ces gays (garçon, fille..) et croyez-moi, ils n’ont pas plus de problèmes que les autres.

Bref, ce que redoute la masse inquantifiable existe déjà.

Bref, le droit civil est en retard de trente ans sur l’état des mœurs.

On touche ici au cœur de la Nation, à sa raison d’être, à son but. Il serait peut être temps que la Nation française se décidât enfin à accorder les mêmes droits à tous. Que les choix sexuels des uns et des autres cessent d’être réducteur de leurs droits civils.

Qui plus est, ces mœurs nouvelles ne sont créateurs d’aucun trouble majeur. Pas de guerre civile, pas de guerre de religions. La Nation n’aurait aucune peine à reconnaitre enfin de droit ce qui est acquis de fait. C’est pour cela qu’Henri IV avait accordé en son temps l’Edit de Nantes. Il avait acté le caractère pluriel de l’exercice de la religion en France, et l’État, représentant de la Nation, prenant acte de ce caractère irréversible de l’évolution des mœurs, était intervenu pour accorder les mêmes droits à tous, sans exclusion, et garantissait du même coup le libre exercice de ces droits. Ce faisant, comme l’avait si bien dit François Mitterrand lors de la célébration du tricentenaire de l’Edit de Nantes, Henri IV avait élaboré ce que doit être le rôle de la puissance publique agissant dans le cadre de la Nation: reconnaitre et garantir les mêmes droits à tous, sans se référer à une quelconque morale.

Nous en sommes là aujourd’hui. Il serait donc grand temps, que pour toutes les questions liées à l’homosexualité: homoparentalité, mariage, adoption, procréation médicalement assistée, un nouvel Édit de Nantes voit le jour. Un Édit de Nantes Gay.


Par Bruno Roger-Petit

Source : www.lepost.fr

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