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Juin 2009 — Lettre de l’Université Bouddhique Européenne (UBE)

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Actualité de l’UBE

Université Bouddhique Européenne
Université Bouddhique Européenne

Les prochains cours à Paris

Samedi 6 juin 2009, de 15 h à 18 h

Comment s’engager dans un monde impermanent ?

Table-ronde débat (Philippe Cornu, Dominique Trotignon et Eric Vinson)

Centrale dans les enseignements bouddhiques, la notion d’impermanence semble à première vue incompatible avec l’idée d’engagement, qui suppose l’existence d’une continuité, psychologique et temporelle. Du moins est-ce ainsi que les Occidentaux ont pris l’habitude de penser l’inscription de leurs actes dans une durée susceptible d’être comptabilisée au profit du « moi ». Souvent associé à des prises de positions sociales et politiques, l’engagement fait ainsi figure d’impératif éthique, voire de geste héroïque. Or, cherchant à se désengager de la prison samsarique, le pratiquant bouddhiste n’en est pourtant que plus fortement présent là où la situation du moment le sollicite. Si tel est bien le paradoxe auquel se trouve confrontée la pensée, s’agit-il pour autant d’une contradiction paralysant l’action au sein de la société ?

Autres rendez-vous…

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à l’occasion de la « Journée de fin d’année » de l’UBE

Samedi 27 juin 2009, à partir de 15 h 30

La mort dans les pays bouddhistes


Conférence-débat avec Philippe Cornu, Jérôme Ducor et Dominique Trotignon

de 14 h à 15 h 30

présentation des projets de l’UBE et du programme des cours 2009-10

au « Forum 104 », 104 rue de Vaugirard 75006 Paris

(M° Montparnasse – St-Placide – Duroc) – entrée libre

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Le mal et la souffrance

regards bouddhistes et chrétiens

Colloque interreligieux présidé par Dennis Gira

du jeudi 9 au dimanche 12 juillet 2009

au Centre Théologique de Meylan-Grenoble

Depuis son origine, l’humanité entière se trouve confrontée au mystère de l’existence du mal et de la souffrance. Nourris par leurs textes et évènements fondateurs, inscrits dans des traditions millénaires, chrétiens et bouddhistes répondent différemment aux questions posées par la présence du mal et de la souffrance dans le monde et dans leurs vies. La rencontre entre fidèles de différentes traditions, aidée par des apports de spécialistes et des témoignages personnels, peut aider chacun à approfondir sa tradition, tout en découvrant celle de l’autre et en se laissant interroger par elle.

Renseignements et inscriptions

Centre Théologique de Meylan-Grenoble

15 Chemin de la Carronnerie 38240 Meylan – Tél. 04 76 41 62 70

Courriel : contact@ctm-grenoble.org – Site Internet : www.ctm-grenoble.org
=> Télécharger le dépliant-programme et le bulletin d’inscription

Nous avons le regret de vous annoncer

le décès de François CALMÈS,

survenu le samedi 23 mai dernier, à Villeneuve-sur-Lot,

des suites d’un cancer, dans sa cinquante-deuxième année. François Calmès était bien connu de tous ceux qu’intéressait le bouddhisme tibétain. Disciple et traducteur de Namkhaï Norbu Rinpoché, Sogyal Rinpoché et du Lopön Tenzin Namdak, il s’était aussi beaucoup investi dans la transmission des enseignements de Tarab Tülkou Rinpoché et assistait depuis plusieurs années Lene Andberg, successeur de Tarab Tülkou.

François Calmès nous avait fait le grand plaisir de participer aux programmes de l’UBE de 2002 à 2005, avant que ne se déclare sa maladie, en assurant des cours mêlant humour et érudition, réflexion philosophique et connaissance profonde des enseignements bouddhiques, notamment du tantrisme et du dzogchen.

Une rémission de son cancer nous avait laissé espérer pouvoir le retrouver l’année prochaine. Il a malheureusement été emporté par une septicémie avant que nous ayons eu le temps d’évoquer cette possibilité avec lui…

Cours assurés par François Calmès à l’UBE

09/11/2002 : Origine et fonctions du mandala

18/10/2003 : Les divinités d’élection (yidam)

04/12/2004 : Le mouvement chez Nagarjuna et Aristote

18/05/2005 : La relation maître-disciple

26/11/2005 : Les universaux

anicca vâta sankhârâ / uppâda vaya dhammino / uppajjitvâ nirujjhanti / tesam vûpasamo sukho.

« Tous les conditionnés sont évanescents : leur nature est d’apparaître et de se détruire ;
ayant surgi, ils disparaissent. Leur non-réapparition, voilà le véritable bonheur ! »



Actualité de l’édition

Quelques livres nouvellement parus et à paraître prochainement

Tout apparaît, tout disparaît : enseignement sur l’impermanence et la fin de la souffrance

Ajahn Chah, trad. de l’anglais Jeanne Shut

Editions : Sully – Date de parution : 19/05/2009

N° ISBN : 978-2-35432-031-7 – Prix de vente : 18,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : pas de présentation par l’éditeur [Ajahn Chah est l’un des représentants les plus éminents de la tradition des moines de forêt de Thaïlande, décédé en 1992 ; l’un de ses disciples occidentaux, Ajahn Sumedho, est à l’origine de l’implantation de sa tradition en Occident, qui compte aujourd’hui plusieurs monastères en Europe]

Niveau de lecture : Tout public

La mort est-elle une fin ?

Thierry-Marie Courau, Dominique Trotignon

Editions : Salvator – Date de parution : 20/05/2009

N° ISBN : 978-2-7067-0652-3 – Prix de vente : 10,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : D. Trotignon est directeur de l’Université Bouddhique Européenne, tandis que T.-M. Courau, dominicain, est directeur de l’Institut de Science et Théologie des Religions de l’institut catholique de Paris. Ils confrontent leur point de vue sur la mort et ses suites. Cette discussion-débat (qui s’est tenue en public, le 31 mai 2008, dans la cathédrale de Rouen) bouscule les idées reçues et permet de mieux mesurer les enjeux du rapport qu’entretiennent la vie et la mort, selon le bouddhisme et le christianisme

Niveau de lecture : Tout public

Nietzsche et le bouddhisme

Marcel Conche

Editions : Encre marine – Date de parution : 22/05/2009 (Nouv. éd.)

N° ISBN : 978-2-35088-014-3 – Prix de vente : 17,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : Au début du XIXe siècle, l’Europe découvrit le bouddhisme. Hegel, Cousin, Renan, Schopenhauer, Gobineau et Nietzsche l’interprètent comme un nihilisme. Tandis que les uns, les chrétiens, s’offusquent d’une sagesse d’anéantissement, et que d’autres, tel Schopenhauer, y voient la confirmation de leur pessimisme, Nietzsche lui oppose une sagesse néo-païenne, dite tragique.

Niveau de lecture : Public motivé

Stances de la voie médiane

Nâgârjuna

Editions : Padmakara – Date de parution : 07/06/2009

N° ISBN : 978-2-916915-39-5 – Pas de prix de vente indiqué

Présentation du livre par l’éditeur : Grand maître et philosophe indien, père de la Voie médiane, Nâgârjuna rédigea 449 stances qui passent au crible les concepts de la pensée bouddhique, tels que la causalité karmique, l’enchaînement et la libération, les causes et les conditions, le nirvâna et le samsâra, le moi et le soi, l’essence, le Bouddha.

Niveau de lecture : Public motivé

La voie du milieu : comprendre le rôle primordial du Dalaï-lama

Robert A.F. Thurman

Editions : G. Trédaniel – Date de parution : 10/06/2009

N° ISBN : 978-2-8132-0032-7 – Prix de vente : 18,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : Depuis l’invasion du Tibet par la Chine dans les années 1950, le Dalaï-lama ne cesse de prôner la paix et de promouvoir ce qu’il appelle la voie du milieu. Ce sont ces principes fondés sur la liberté et les droits de la personne qui sont exposés dans cet ouvrage qui propose également des solutions au conflit.

Niveau de lecture : Tout public

L’art du pouvoir

Thich Nhât Hanh

Editions : G. Trédaniel – Date de parution : 10/06/2009

N° ISBN : 978-2-8132-0017-4 – Prix de vente : 19,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : Dans la société moderne, le pouvoir est synonyme de réussite professionelle, gloire, prospérité ou grandeur politique. Une autre définition est proposée ici : est dotée de pouvoir toute personne capable d’être heureuse dans l’instant présent, sans succomber aux dépendances, à la peur, au désespoir ou à la colère. Il s’agit d’un pouvoir fondé sur l’être et non sur l’avoir.

Niveau de lecture : Tout public

Les fondations du bouddhisme

Eléna Ivanovna Roerich

Editions : Agni Yoga – Date de parution : 10/06/2009

N° ISBN : 978-2-907180-52-8 – Prix de vente : 15,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : L’analyse des plus anciens écrits relatant la vie et les paroles du Bouddha permet de comprendre son enseignement pour la construction de la vie.

Niveau de lecture : Tout public

Shôbôgenzô : la vraie loi, trésor de l’oeil, traduction intégrale – volume 4

Dôgen, trad. du japonais et annoté par Yoko Orimo

Editions : Sully – Date de parution : 23/06/2009

N° ISBN : 978-2-35432-033-1 – Prix de vente : 28,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : Quatrième des sept volumes de l’oeuvre majeure de maître Dôgen (1200-1253), fondateur de l’école zen au Japon.

Niveau de lecture : Public motivé

Réflexions d’une nonne bouddhiste

Tendzin Palmo

Editions : G. Trédaniel – Date de parution : 15/07/2009

N° ISBN : 978-2-8132-0033-4 – Prix de vente : 18,00 €

Présentation du livre par l’éditeur : Conférences de la nonne d’origine britannique, Diane Perry, ordonnée en 1964, témoignant de son initiation au bouddhisme tibétain, de son étude des textes sacrés, de sa pratique de la méditation et du rôle des femmes dans cette religion.

Niveau de lecture : Tout public



Actualités du bouddhisme en France

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« Ethique et société »

dimanche 7 juin 2009, à 14 h

Conférence publique de SS le Dalaï-Lama

au Palais Omnisport de Bercy 75012 Paris

conférence organisée sous l’égide de la Maison du Tibet avec la participation des associations Songtsen et Ganden Ling

=> plus de renseignements


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Musée Guimet

juin 2009

« Au fil du Mékong »

à la découverte des pays bouddhistes d’Asie du sud-est

Films documentaires et conférences pour découvrir la Birmanie, la Thaïlande et le Laos
à travers les diverses manifestations du bouddhisme.

– mercredi 10 juin à 12 h 15 – documentaire : Le bouddhisme au village

=>plus de détails : www.guimet.fr

Conférences thématiques et visites des collections

à 11 h (conférence) et 16 h (visite)
– samedi 6 juin : la vie du Bouddha
– samedi 13 juin : Le bouddhisme en Inde et en Asie du Sud-Est
– samedi 20 juin : Le bouddhisme en Chine

=> Renseignements : Musée national des Arts asiatiques-Guimet

6 place Iéna, 75016 Paris. Tél. 01.40.73.88.18.


Journées « Vimalakîrti »

20 juin 2009 : La réconciliation et la non-violence

Dans le Sûtra de Vimalakîrti, l’un des textes les plus généreux du bouddhisme du Grand Véhicule, Vimalakîrti, son héros, invite à oeuvrer avec intelligence et amour dans le monde. Il témoigne que la voie du Bouddha est une pratique de la responsabilité engagée : le bodhisattva soigne les corps et protège les esprits ; il oeuvre à la réconciliation des êtres et dissipe leurs peurs ; il libère les victimes de l’injustice ; il répand la non-violence et protège la Terre.

Inspirés par l’enseignement de Vimalakîrti, Jean-Paul Ribes et Eric Rommeluère proposent deux journées d’introduction et de réflexion à l’engagement bouddhiste, le samedi 18 avril et le samedi 20 juin 2009, de 9 h 30 à 17 h 30, au 80 rue Philippe de Girard 75018 Paris (M° Max Dormoy)
Ces journées préfigurent la création d’une organisation de réflexion, d’action et de formation à l’engagement bouddhiste. Toutes les personnes intéressées sont les bienvenues. L’initiative est soutenue par l’Union Bouddhiste de France, fédération nationale des associations bouddhistes de France. Il est possible de participer à l’une ou l’autre de ces journées ou les deux.

plus de détails : www.zen-occidental.net/journeeavril-vimalakirti.html


Sagesses bouddhistes

émission de l’Union Bouddhiste de France

diffusée sur France 2, le dimanche matin de 8 h 30 à 8 h 45

(l’émission peut être visionnée la semaine suivante sur le site de France 2)

Mai 2009

dimanche 7 juin

Le bouddhisme appliqué au monde des affaires

Invitée : Bernard Ortega

dimanche 14 juin

En exclusivité

Kuten La, Abbé du monastère de Nechung et oracle du Tibet et du Dalaï-lama (1ère partie)

Invitée : Thupten Ngodup (appelé également Kuten La)

dimanche 21 juin

En exclusivité

Kuten La, Abbé du monastère de Nechung et oracle du Tibet et du Dalaï-lama (2e partie)

Invitée : Thupten Ngodup (appelé également Kuten La)

dimanche 28 juin

Une belle rencontre : Thich Nhat Hanh, un maître zen contemporain

Documentaire signé Bénédicte Niogret

dimanche 5 juillet

Enseignement sur l¹impermanence d¹Ajahn Chah

Invité : Jeanne Schut

dimanche 12 juillet

Le Vesak 2009 autour des reliques du Bouddha (1ère partie)

Reportage de Claude Darmon

dimanche 19 juillet

Le Vesak 2009 autour des reliques du Bouddha (2e partie)

Reportage de Claude Darmon

dimanche 26 juillet

La querelle brahmanes-bouddhistes

Invité : Professeur Michel Hulin



Actualités du bouddhisme sur Internet

Buddhachannel
Buddhachannel

Le site Buddhachannel propose, depuis trois ans, de nombreux articles
ainsi que des reportages vidéos consacrés au bouddhisme (plus de 1000 à ce jour : enseignements, actualités, reportages, etc.).

Chaque semaine, un dossier thématique propose un ensemble de contributions sur un thème donné, dont régulièrement un thème lié au bouddhisme.

Certains événements donnent aussi lieu à des dossiers particuliers…

www.buddhachannel.tv



Bouddhisme et sexualité

Alors que le sujet passionne – généralement… -, peu de textes ou de livres, pourtant, ont été consacrés à ce que serait un discours propre au bouddhisme concernant la sexualité… En 1994, Bernard Faure a publié un « Sexualités bouddhiques – entre désirs et réalités » qui reste l’ouvrage de référence sur la question (édition Le Mail ; réédité en 2005, en poche, dans la collection « Champs » chez Flammarion). On trouve sur Internet quelques mentions des prises de position du Dalaï-lama sur l’homosexualité – qui ont varié avec le temps – et, d’ailleurs, beaucoup plus de choses sur « bouddhisme et homosexualité » que sur « bouddhisme et sexualité » en général…

C’est que tout le monde – ou presque – s’accorde à dire que le bouddhisme ne s’intéresse pas à la sexualité en tant que telle, mais bien seulement comme à un aspect du désir, la « soif ». Il n’y aurait donc pas de discours bouddhiste particulier sur la sexualité : seul importerait le fait de ne faire souffrir ni soi-même ni autrui…

La réalité, comme souvent, est beaucoup plus nuancée – et pas forcément en accord avec le désir du plus grand nombre des Occidentaux ! Et pour le dire franchement : les bouddhistes – asiatiques, notamment – sont généralement assez stricts sur ce sujet… et quelle que soit l’école à laquelle ils appartiennent.

Parmi d’autres témoignages, nous vous proposons celui de Bhante Hénépola Gunaratana.


Spiritualité et sexualité

un entretien avec Bhante Henepola Gunaratana

réalisé par Simon Alev pour le magazine américain What is Enlightenment ?.
Traduction de Christian Ousset, diffusée sur le site de l’association Terre d’Eveil.

Introduction

Bhante Henepola Gunaratana
Bhante Henepola Gunaratana
Dans un monde parfait, la toute première ligne de cette introduction aurait été : Le thème abordé aujourd’hui par « What is Enlightenment ? » n’aurait pas été complet sans l’entretien suivant avec le Bouddha…

Nous ne sommes pas dans un monde parfait, bien sûr, mais « What is Enlightenment ? » tend toujours vers la perfection, et nous sentions que, en toute certitude, en tant que l’un des plus illustres hommes chastes de l’histoire, le Bouddha aurait eu un grand nombre de choses éclairantes à nous dire sur la relation entre sexualité et spiritualité…

Mais lorsque nous en avons parlé avec Bhante Henepola Gunaratana – ou « Bhanteji », comme il est appelé affectueusement par ses étudiants – il a mis nos esprits à l’aise. Ordonné moine bouddhiste ayant fait voeu de chasteté à l’âge de 12 ans au Sri Lanka, son pays de naissance, Bhante Gunaratana est aujourd’hui, à soixante-dix-sept ans, un érudit et un auteur bouddhiste renommé, et le leader spirituel de la Bhavana Society, un centre de retraite monastique dans la vallée de la Shenandoah, en Virginie de l’Ouest. Suivant Bhante, notre interview avec le Bouddha n’aurait pas apporté de réelles surprises car, en ce qui concerne la spiritualité et le sexe, les choses n’ont pas tellement changées depuis le temps du Bouddha…


Interview

Simon Alev : Un fait connu de tous ceux qui s’intéressent au Bouddhisme est que le Bouddha était un moine et qu’il a fondé une tradition monastique ; c’est à cette même tradition que vous avez dévolu tant de temps et d’énergie pour l’amener en Occident. Pourquoi le Bouddha a-t-il autant insisté sur la chasteté ? Pourquoi pensait-il que c’était si important ?

Bhante Gunaratana : Parce que ceux qui veulent atteindre la libération de dukkha, de la souffrance, doivent observer certains principes. En fait, pour ceux qui veulent vivre une vie monastique, la chasteté est obligatoire. Parce que, s’ils sont engagés dans toutes sortes d’activités sexuelles, alors ils ne sont pas différents des laïcs qui sont accaparés par toutes sortes de problèmes liés au sexe. Les aspirants à une vie monastique veulent vivre une vie très simple – ce qui est la raison pour laquelle les traditions monastiques existent – parce qu’en dernière analyse, c’est seulement lorsque nous nous débarrassons de notre avidité, de notre convoitise, de notre désir insatiable que nous pouvons nous libérer de la souffrance. Si notre intention est de surmonter la souffrance, alors nous devons nous débarrasser de la cause de la souffrance, et le désir sexuel est sans aucun doute une des causes de souffrance. Ceux qui veulent vivre la vie monastique doivent la vaincre pour vivre une vie qui n’alimente pas les racines du désir sexuel.

Simon Alev : Est ce qu’il est correct de dire que si quelqu’un ne mène pas une vie monastique, si c’est un laïc, il lui serait beaucoup plus difficile, voire impossible, de le faire ?

Bhante Gunaratana : Même les laïcs doivent mener une vie disciplinée ; ils doivent exercer une certaine retenue. Et c’est pourquoi il y a des préceptes à observer pour les laïcs. Mais les gens ordinaires ne sont pas supposés être chastes. Les laïcs peuvent atteindre certains degrés d’Eveil – ceux que nous appelons « entrée dans le courant » et « ceux qui reviendront une fois » – avant de réaliser par eux-mêmes qu’il y a des problèmes et des difficultés inhérentes aux activités sexuelles. Des laïcs peuvent atteindre le troisième stade de la sainteté, qui est appelé « l’état de non retour ». Mais peu de temps après avoir atteint ce stade ils décideront eux-mêmes, à partir de leur propre expérience, de leur propre compréhension, que l’implication dans la sexualité bloque le progrès de leur pratique spirituelle, et quand ils le réalisent, ils abandonnent volontairement leurs activités sexuelles. La chasteté n’est pas quelque chose que l’on peut imposer par force.

Simon Alev : Pourriez-vous entrer un peu plus dans le détail des raisons pour lesquelles la sexualité doit être transcendée pour que l’on puisse progresser sur le chemin spirituel ?

Bhante Gunaratana : Parce qu’aussi longtemps que vous êtes dedans, votre esprit est encombré, assombri et confus. Vous êtes plongé dans la jalousie, la peur, la haine, la tension et ainsi de suite – tous les soucis qui résultent du désir sexuel. Alors, si vous voulez être libéré de tout cela, vous devez d’abord vous débarrasser du désir sexuel. A vrai dire, certaines personnes n’aiment pas la phrase « se débarrasser de » ; certaines personnes préfèrent des mots comme « transcender » ou « transformer ». Sûrement, disent-elles, nous pouvons transformer le désir sexuel en non-désir sexuel !

Simon Alev : Quelles est la différence entre « transcender » et « se débarrasser de » ?

Bhante Gunaratana : Certains termes sont plus proches du sens réel, et d’autres sont ce que l’on peut appeler des euphémismes, plutôt que des termes fortement négatifs. Ces gens aiment dire « transcender » ou « transformer » plutôt que « se débarrasser de » parce qu’ils aiment les mots enrobés de sucre. Ils se sentent mieux ainsi.

Simon Alev : Mais ce dont vous parlez en fait, c’est de se débarrasser du désir sexuel ?

Bhante Gunaratana : Exact. Mais quand vous dites « se débarrasser de » c’est si fort, si négatif, que les gens se demandent : « Comment puis-je me débarrasser de quelque chose ? ». Alors que si vous dites « Transformons-le en quelque chose d’autre », eh bien il peuvent plus facilement l’accepter.

Simon Alev : Dans les enseignements du Bouddha sur la sexualité, la sexualité était-elle considérée comme intrinsèquement négative ?

Bhante Gunaratana : Le Bouddha a enseigné qu’aussi longtemps que l’on est engagé dans une activité sexuelle, on ne s’intéresse pas à la pratique de la vie spirituelle; les deux ne vont tout simplement pas ensemble.

Mais quand il a donné son enseignement graduel vers l’Eveil, il a dit aussi que la sensation de convoitise, de sexualité, comporte du plaisir. Il n’a pas nié le plaisir. Il y a du plaisir. Ensuite vous vous rendez compte que ce même plaisir devient déplaisir. Graduellement, alors que la fièvre initiale du désir sexuel s’estompe, les gens commencent à se quereller. Car du désir sexuel naît la peur, du désir sexuel naît l’avidité, du désir sexuel naît la jalousie, la haine, la confusion et le combat; toutes ces choses négatives naissent du désir sexuel. Et par conséquent, ces choses négatives sont inhérentes au désir sexuel. Et si nous voulons nous en rendre compte, il n’est pas besoin de regarder plus loin que notre propre société. Ouvrez seulement les yeux et regardez autour de vous. Combien de millions de personnes se battent à cause de leur désir sexuel – maris, femmes, petits amis, petites amies, petits amis, petites amies, petites amies ?! Que vous soyez hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, cela n’a pas d’importance. Aussi longtemps que vous êtes dans ce désir, il est inévitable que vous ayez ces problèmes – dispute, déception, colère, haine, meurtre – tous sont impliqués. Alors, comme il a vu le problème inhérent à la sexualité, le Bouddha a dit qu’il était mieux de contrôler et de discipliner nos sens pour avoir une vie calme et paisible.

Mais on doit le faire graduellement, lentement, avec discernement et pas abruptement. Cela ne peut pas être forcé. Il faut que ce soit fait avec une compréhension profonde. Si les gens ne comprennent pas cela et essayent de s’arrêter tout d’un coup, ils auront davantage de frustration, de peur et ainsi de suite. Et donc, dans son enseignement graduel, il a dit qu’au début il y a du plaisir dans les activités sexuelles, et puis qu’il y a des inconvénients, et puis qu’il y a des problèmes. Et ce n’est que quand vous voyez les problèmes qu’alors vous commencez à réaliser que ces inconvénients, ces négativités sont inhérentes à la sexualité – ils sont intrinsèques. Ces troubles, ces problèmes, sont intrinsèques au désir sexuel.

Simon Alev : Particulièrement de nos jours, cela pourrait être considéré comme une vision très radicale.

Bhante Gunaratana : Certainement. Mais vous savez, ce n’est que quand les gens se sont écartés de ces choses, ce n’est que quand ils sont restés éloignés de ce type d’enseignements et qu’ils sont partis à un million de kilomètres dans le temps et l’espace, que cela leur apparaît radical – quand ils se retournent et regardent la racine de leur problème. Ils ont tourné le dos si longtemps, sont allés si loin dans le temps et l’espace, que, quand ils regardent en arrière, ils pensent : « Oh, bon sang ! Comment puis-je m’en débarrasser maintenant ? Je suis allé si loin, je m’y suis plongé si profondément. » Alors cela leur apparaît radical. Bien sûr que c’est radical!

Simon Alev : J’étais en train de penser, pendant que vous parliez, que parce que vous avez passé si peu de temps sur le plaisir sexuel et tellement plus sur tous les inconvénients, beaucoup de gens…

Bhante Gunaratana : Oui ! Pour si peu de plaisir, tant de souffrance, n’est-ce pas ?

Simon Alev : Précisément

Bhante Gunaratana : Vous avez raison. Les gens ne veulent pas y penser. Les gens veulent toujours entendre ce qu’ils aiment entendre. Mais nous ne voulons pas dire cela ! Que les gens l’aiment ou pas, nous voulons dire la vérité. Nous ne devrions pas avoir peur de dire la vérité. Que le monde l’accepte ou pas… Bien, c’est un autre sujet. Que pouvons-nous faire ?

Simon Alev : Lorsque nous cherchions une citation du Bouddha concernant ses sentiments vis-à-vis de la sexualité, nous sommes tombés sur ce passage, de La Vie du Bouddha :

ube-Enfer04.jpg » Homme malavisé, ce serait mieux pour vous (qui avez quitté votre foyer) que votre membre soit entré dans la bouche d’une vipère ou d’un cobra venimeux, affreux, plutôt qu’il ne soit entré dans une femme.

Ce serait mieux pour vous que votre membre entre dans un four de charbons brûlants, flamboyants, rougeoyants, plutôt qu’il n’entre dans une femme.
Pourquoi cela ?

Dans les premiers cas vous risqueriez la mort et des souffrances mortelles, mais vous ne réapparaîtriez pas, à la dissolution du corps après la mort, dans un monde de privation, dans une destination malheureuse, en perdition, en enfer. »

Je pense que l’on a là une impression très claire de ce que le Bouddha ressentait vis à vis du sexe. Mais comme vous le savez, en Occident aujourd’hui il y a de nombreuses variations du Bouddhisme qui sont enseignées et pratiquées, et beaucoup de pratiquants bouddhistes occidentaux semblent être en désaccord avec l’affirmation du Bouddha que le désir sexuel – qui, comme vous l’avez dit plus tôt, est vu comme une manifestation de l’avidité – doit par définition être transcendé pour atteindre l’Eveil. De plus, le climat libéral de la société occidentale contemporaine tout entière tend à considérer la sexualité comme une très bonne expression, très saine et très naturelle, de notre humanité – et pas seulement de notre humanité, mais de notre spiritualité. Que pensez-vous que le Bouddha aurait dit de cela ?

Bhante Gunaratana : Avant que je ne dise autre chose, je veux ajouter un petit commentaire sur cette traduction. Vous savez que quand le Bouddha parlait de la chasteté, il ne parlait pas seulement de la chasteté des hommes, mais aussi de la chasteté des femmes. Alors quand il dit, par exemple, qu’il vaut mieux avaler une boule de fer chauffée au rouge plutôt que de s’engager dans une activité sexuelle, cela vaut pour les femmes, aussi. Nous devons éclaircir ce point, sinon les femmes vont être fâchées. Elles peuvent penser que le Bouddha haïssait les femmes et que c’est pour cela qu’il voulait garder les hommes éloignés des femmes et leur demandait d’observer la chasteté. Mais si une femme veut observer la chasteté, de la même façon elle devrait rester éloignée des hommes. C’est le premier point que je voulais clarifier.

Le deuxième point c’est que mener une vie de famille, avoir une épouse et ainsi de suite, le Bouddha ne l’a jamais condamné ; une vie sexuelle familiale heureuse est permise aux laïcs, même si, comme je l’ai dit, cela ne peut pas conduire au plein Eveil.

Mais répondons à votre question : ce n’est pas seulement dans la société contemporaine, mais aussi aux temps du Bouddha, qu’il y a des gens qui croient que la sexualité est quelque chose de saint, quelque chose de noble, quelque chose de sacré, et quelque chose de miraculeux. Alors ce n’est pas seulement un phénomène social moderne, du vingtième siècle. La mentalité des gens a toujours été la même depuis des temps immémoriaux, jusqu’à maintenant et jusque dans le futur. Il y a toujours des gens qui pensent que, par la sexualité, ils peuvent atteindre la libération, et c’est ce que nous appelons une perception déformée, une pensée déformée.

Simon Alev : Cette « perception déformée » comme vous l’appelez, semble particulièrement répandue de nos jours, aussi éternelle qu’elle puisse être. Je me réfère à la notion de plus en plus populaire que la sexualité en elle-même, si elle est poussée jusqu’au bout, serait l’expression même de l’Eveil – et cela parce que la sexualité est la route vers la libération. Si vous l’évitez de quelque façon que ce soit, alors vous n’avez vraiment aucun espoir d’atteindre le but final. Si possible, j’aimerais avoir une indication très claire de la façon dont le Bouddha aurait répondu à ce point de vue.

Bhante Gunaratana : Je suis assez familier avec cela. Il a dit – et je traduis du Pali :  » Peu importe ce que vous pouvez faire ou atteindre – vous pouvez vivre dans une grotte, dans un endroit solitaire, et vous pouvez avoir appris des sutta entiers; vous pouvez être un orateur très érudit; vous pouvez même pratiquer la moralité et tout cela, et ainsi de suite… – peu importe ce que vous faites d’autre ; tant que vous n’êtes pas débarrassé de votre désir sensuel, de votre haine, de votre ignorance, vous n’atteindrez jamais l’Eveil ». Voilà l’enseignement du Bouddha.

Alors, plus vous vous engagez dans une activité sexuelle, plus profondément vous vous enfoncez dans le désir, plus profondément vous vous enfoncez dans la confusion, plus profondément vous rentrez dans la jalousie. Quand une personne, qu’elle soit homme ou femme, veut s’impliquer dans des activités sexuelles avec autant de personnes différentes en même temps, alors de la même manière il y autant de manières pour cette personne de souffrir : par la jalousie, la peur, la tension, l’inquiétude… C’est une vie très, très malsaine. Si quelqu’un pense avoir des activités sexuelles avec toutes sortes de gens de toutes sortes de façons différentes en permanence, alors cette personne sera très rapidement morte du fait d’un comportement aussi malsain. Maintenant, bien sûr, vous devez comprendre en même temps qu’une activité sexuelle modérée, sage, saine est permise. Mais tout ce que veut dire « atteindre l’Eveil par des moyens sexuels » c’est : vous vous engagez dans une activité sexuelle jusqu’à ce que vous en mourriez ! et vous mourrez avant d’avoir atteint l’Eveil !

[…]

Simon Alev : Nous avons remarqué au cours de notre recherche que non seulement la notion de sexualité sacrée a crû en popularité, mais aussi que la chasteté est souvent vue avec beaucoup de peur et de suspicion par les gens dans la culture occidentale. A quoi pensez vous que cela puisse être dû ?

Bhante Gunaratana : Si la chasteté est strictement observée, ce n’est bon que pour la personne qui l’observe. Vous ne pouvez ouvrir un institut de la chasteté. La chasteté n’est pas quelque chose qui puisse être institutionnalisé. Elle ne peut pas être organisée. On ne peut pas avoir une société chaste. C’est une pratique totalement personnelle, individuelle. Et donc si les gens désapprouvent la chasteté, ils désapprouvent peut-être l’organisation de la chasteté.

Simon Alev : Il semble, cependant, que toute discipline monastique doive être organisée dans une certaine mesure. En fait, nous étions fascinés et même choqués de découvrir, alors que nous lisions les règles d’entraînement du Patimokkha [les règles de vie des moines bouddhistes], que le Bouddha a apparemment dû instituer toute une série de règles qui interdisaient aux moines de s’engager dans des contacts sexuels avec – juste pour vous donner quelques exemples que je suis sûr que vous connaissez – des crânes, des corps morts, des animaux… cette sorte de chose. Bien sûr, pour autant que nous le sachions, ce type de comportement ne continue pas de nos jours – encore que ce ne soit pas nécessairement vrai, je suppose – alors nous nous demandions : Le Bouddha, en établissant ces règles, répondait-il à des choses que les gens faisaient vraiment ? Même ses propres étudiants et disciples ?

Bhante Gunaratana : Oui. Quand le Bouddha introduisait une règle, les moines de l’époque trouvaient rapidement une autre façon de faire la même chose. Ils voulaient avoir des activités sexuelles d’une façon ou d’une autre. Alors, quand le Bouddha introduisait une règle, ils ne brisaient pas cette règle, mais ils trouvaient une autre façon de commettre des actes sexuels. Alors le Bouddha devait introduire une nouvelle règle pour les en empêcher. C’est exactement comme la police et les criminels – quand il y a une loi, les criminels trouveront une façon de la contourner et de commettre le crime, et alors nous devons introduire une nouvelle loi. C’est ce qui arrivait au temps du Bouddha. Quand de plus en plus de gens entraient dans l’Ordre, ils ont commencé à faire toutes sortes de choses, et pour toutes ces choses, il devait faire une règle. C’est pourquoi ces règles sont là. Ce n’est pas en prévision du futur qu’il a introduit ces règles.

Simon Alev : Et maintenant nous y sommes, dans le futur, et puisque vous vous êtes détourné de votre chemin pour apporter la tradition monastique du Bouddha en Occident, je suis curieux de savoir quelle expérience vous avez eu avec les Occidentaux qui viennent vers vous pour les enseignements. Comment les occidentaux modernes prennent-ils la vie monastique ? Trouvez vous qu’ils ont plus de mal avec elle que, par exemple, les gens de votre propre culture ?

Bhante Gunaratana : Vous savez, c’est une bonne question. Nous filtrons vraiment les gens avant de les accepter dans la vie monastique. Nous les soumettons à une sorte de probation pendant deux ans pour savoir s’ils sont ou non vraiment sérieux quant à leur engagement. Parce que parfois certaines personnes viennent juste pour s’amuser, ou parce que notre endroit est très calme et paisible et ainsi de suite, ils pensent qu’ils pourraient aimer y rester et devenir moines. Mais plus tard ils changent d’avis. Nous ne voulons pas jouer à cette sorte de jeu ; nous voulons savoir s’ils sont vraiment sérieux. S’ils sont sérieux, nous les acceptons. Mais ils ne sont pas nombreux. Beaucoup viennent, beaucoup écrivent des lettres – et ces jours-ci ils nous envoient même des e-mails ! – nous demandant de les autoriser à devenir moines et à vivre ici au monastère. Mais nous ne les acceptons pas tous, car nous savons qu’ensuite ils perdront tout intérêt.

Mais il y a encore quelques personnes très sincères qui veulent réellement devenir moines ou nonnes. Et c’est loin d’être un phénomène nouveau. Même dans les jours anciens, sur des millions de gens, seule une poignée entrait au monastère. Même de nos jours dans les pays bouddhistes tout le monde n’entre pas au monastère. Dans certains pays, comme la Thaïlande, la Birmanie, le Laos, le Cambodge, et ainsi de suite, ils ont une coutume dans leurs traditions : ils entrent au monastère pour une courte période. Mais de ceux qui entrent au monastère pour une courte période, la plupart abandonnent la robe et s’en retournent. Seule une poignée reste.

Dans les pays occidentaux, où une telle tradition n’existe pas, ceux qui viennent dans les monastères sont bien moins nombreux. Et parmi eux, encore moins nombreux sont ceux qui restent vraiment dans la vie monastique. Mais c’est plus ou moins vrai dans le monde entier, et il en a été ainsi de tous temps. En Occident de plus en plus de gens sont fatigués de la pression mise sur eux par la société – vraiment, vraiment fatigués – et donc ils veulent s’en éloigner. Mais seuls quelques-uns restent ; la plupart retournent dans la société. Nous avons fondé notre Centre avec cette compréhension car il en a toujours été de même partout.

Simon Alev : J’aimerais en savoir un peu plus sur vous et votre vie en tant que moine. Par exemple, en quoi la chasteté a-t-il affecté votre développement spirituel ?

ube-Gunaratana-0.jpg Bhante Gunaratana : Mon ami, cela me donne une paix fantastique. Et je parle très honnêtement. Car je vis avec tous les êtres humains sans aucun problème. Aucune femme en particulier, aucune fille en particulier, aucun garçon en particulier, aucun homme, car ma chasteté m’aide à accepter tous les autres êtres humains également. Et cela m’aide à avoir un esprit paisible. Et je pense que c’est ce que le Bouddha voulait que nous ayons – une relation amicale, paisible, avec tous les êtres. Donc cela affecte ma vie positivement.

Simon Alev : Vous êtes moine, je crois, depuis que vous avez…

Bhante Gunaratana : Douze ans. Et maintenant j’en ai soixante-dix-sept. Soixante-cinq ans que je suis dans cette robe !

Simon Alev : Si vous deviez donner un conseil à quelqu’un qui envisage d’adopter la chasteté comme pratique spirituelle, que lui diriez vous ?

Bhante Gunaratana : Je lui dirais : « Si vous voulez honnêtement, sincèrement, vivre une vie paisible, une vue consciente, une vie libre de troubles, une vie dévouée au service des autres sans discrimination, alors une vie de chasteté est une très bonne vie car quand vous êtes chaste vous pouvez pratiquer la véritable tendresse-aimante, la vraie compassion. Vous pouvez appréciez absolument tout ce qui est en face de vous. Vous pouvez avoir un état d’esprit équanime, non biaisé. Mais quand vous êtes lié à une personne ou à une autre, vous ne pouvez pas avoir cela. Et par conséquent, si vous êtes une personne qui veut honnêtement, sincèrement pratiquer ces choses, alors vous devez sérieusement penser à devenir chaste. » Mais il ne devrait jamais l’accepter par simple foi, ou parce que quelqu’un le lui impose. On doit avoir une compréhension sérieuse, et penser très soigneusement à la chasteté avant de s’y engager.

Simon Alev : On doit y aller avec les yeux ouverts.

Bhante Gunaratana : Exactement.

Simon Alev : Et cette personne doit s’attendre à faire face à de nombreux défis ?

Bhante Gunaratana : Bien sûr. Quand vous pratiquez la chasteté vous faites toujours face à des défis. Il y a tant de personnes qui voudraient avoir des relations avec vous, tant d’autres qui voudraient être proches de vous et briser votre vœu. Car les autres savent que vous n’êtes pas corrompu. Vous ne faites pas toutes sortes de batifolages, vous n’êtes pas mêlé à de mauvaises choses et en train d’attraper toutes sortes de maladies et autres. Les gens comprennent que vous êtes une personne très décente, quelqu’un de net. Et certaines personnes aiment être avec un individu net, et cela c’est un défi. Vous devez y faire face.

Simon Alev : Vous avez pratiqué la chasteté, comme vous dites, depuis soixante cinq ans. En quoi votre expérience de la pratique a-t-elle changé, ou s’est elle approfondie avec le temps ?

Bhante Gunaratana : Vous savez, au début c’était très difficile. Spécialement quand j’étais jeune, comme adolescent et jusqu’à la fin de mes vingt ans. C’était un vrai défi. Mais grâce à l’entraînement que j’ai reçu, j’ai développé un sens de la responsabilité ube-Gunaratana-3.jpgpour mes devoirs, mon travail, mon engagement envers le dhamma et, plus que tout, le respect pour mes maîtres et mes parents. Nos enseignants et nos parents, nous les aimons beaucoup, et nous ne voulons pas être déloyaux envers eux, leur manquer de respect. Et cela a duré de longues années avant que je ne mûrisse vraiment complètement. Et alors, j’ai commencé à comprendre par moi-même le vrai sens de la chasteté.


Bhante Henopola Gunaratana

Il est né en 1927 au Sri Lanka. A l’âge de 12 ans il reçoit l’ordination de moine bouddhiste novice. En 1947 il est envoyé par la Maha Bodhi Society comme missionnaire en Inde. Il servira les intouchables à New Delhi et Bombay. Cinq ans plus tard il est appelé en Malaisie comme conseiller religieux ; il y séjournera 10 ans.

Bhante arrive aux Etats-Unis en 1968 pour servir en tant que Secrétaire Général de la Buddhist Vihara Society de Washington, DC. C’est à cette période qu’il commence à enseigner le bouddhisme à l’université, d’abord aux Etats-Unis, puis au Canada, en Australie et en Europe.

Aujourd’hui Bhante Gunaratana est président de la Bhavana Society, abbé du monastère de Shenandoah Valley ; il enseigne la méditation et conduit des retraites dans le monde entier.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le plus connu, « Méditer au quotidien », est un des meilleurs guides de méditation vipassana disponible à ce jour (éditions Pocket). Il a été publié récemment une traduction d’un autre de ses livres, consacré à l’Octuple Noble Sentier : « Les huit marches vers le bonheur » (éditions Albin Michel).


Source : La lettre de l’UBE

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