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Livre — Le Sumo qui ne pouvait pas grossir, d’Eric-Emmanuel Schmitt

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SORTIE LE 2 AVRIL


Qui est ce mystérieux Shomintsu qui « voit un gros » en Jun, adolescent filiforme de 15 ans qui survit en vendant des romans-photos à la sauvette ?

Tokyo est vaste et pourtant Shomintsu se retrouve en permanence sur le chemin de Jun. Il finit par lui avouer qu’il dirige une école de lutteurs et l’inviter à voir une compétition. Recroquevillé sur ses douleurs d’enfance, Jun va découvrir que la pratique de ce sport qu’il trouvait ridicule est un chemin de sagesse. Il apprend à s’éloigner de lui-même pour mieux se trouver ; à se délester du passé pour donner tout son poid à l’avenir. L’adolescent furieux contre lui-même, persuadé de n’être aimé de personne pas même de son ange de mère, tiendra bientôt, par la concentration et la méditation, ses émotions à distance. Le plus mystérieux des arts martiaux l’initie à la philosophie Zen et transforme peu à peu l’ « allergie universelle » en…  » une envie de VIVRE! » : le jeune homme de 18 ans sait désormais qu’ « à l’envers des nuages, il y a toujours un ciel ».

EES54.bmpAvec Le Sumo qui ne pouvait pas grossir, Eric Emmanuel Schmitt ajoute le conte du bouddhisme zen au « cycle de l’invisible » auquel appartiennent déjà Milarepa, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar et la Dame Rose et L’Enfant de Noé, un nouveau récit qui mêle enfance et spiritualité.

Eric-Emmanuel Schmitt

En une dizaine d’années, Eric-Emmanuel Schmitt est devenu l’un des auteurs francophones les plus lus et les plus représentés au monde. Ses livres sont traduits en 35 langues et plus de 40 pays jouent régulièrement ses pièces.

Sa biographie, sa bibliographie exhaustive et son actualité multiple et sans cesse renouvelée sont à découvrir sur le site www.eric-emmanuel-schmitt.com


Communiqué publié sur www.buddhachannel.tv, avec l’aimable autorisation des éditions Albin Michel.

ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT, le philosophe en paraboles

« A l’envers des nuages, il y a toujours un ciel. » Telle est la sentence zen que, dans le dernier roman-parabole d’Eric-Emmanuel Schmitt, le vieux Shomintsu s’efforce de faire comprendre au jeune Jun, gosse des rues de Tokyo rempli de haine envers le monde entier. Cette devise d’espérance aurait eu tout à fait sa place dans la bouche de Monsieur Ibrahim, elle aurait pu éclore parmi les « fleurs du Coran » de sa sagesse soufie. On imagine bien qu’elle ait pu être aussi prononcée par la dame Rose, dans ses conversations à l’hôpital avec le petit Oscar. Ou encore par le prêtre sauveur de juifs de L’Enfant de Noé, enseignant les principes du judaïsme à ses jeunes protégés. Milarepa, le grand mystique tibétain dont l’histoire fait partie du même « cycle de l’invisible » du romancier, aurait pu aussi la formuler, après avoir traversé les nuages de son désir de vengeance. Car tous ces récits à la fois simples et profonds qu’Éric-Emmanuel Schmitt nous offre d’année en année n’ont en fait qu’une seule visée : nous faire toucher du doigt la possibilité d’un « ciel ». Un ciel, oui, non pas une chimère supersticieuse manipulée par tel ou tel, mais tout simplement un « au-delà » du visible et du raisonnable, un espace qui ne serait pas totalement maîtrisable par l’homme, mais dans lequel l’homme pourrait trouver à se fonder intérieurement. Voilà qui peut paraître bien peu philosophique, au sens académique du terme. Mais précisément, notre normalien agrégé de philosophie revendique la nécessité de faire le deuil d’un certain esprit de déduction, incapable de nous faire vivre – ce qui s’appelle vivre – et donc générateur d’angoisse.

Dans le dernier numéro de PHILO MAGAZINE, Eric-Emmanuel Schmitt précise très clairement: « Je me suis progressivement détaché de l’absurdisme, pour rejoindre le mystère, l’idée qu’un sens peut se déployer dont je ne suis pas nécessairement le producteur. En renouant avec l’idée que ce qui m’échappe n’est pas nécessairement du non-sens, j’ai substitué à l’angoisse la confiance, qui est pour moi une version laïque de la foi. » Voici dont le mot essentiel : la confiance, cette sorte de pari serein sur l’inconnu qui est seul capable de nous faire entrevoir du neuf, du vivant, du non-conditionné. Là se situe la raison profonde de cette fascination pour Jésus qu’avoue celui qui n’hésite pas aujourd’hui à se définir comme « agnostique, précise t-il, car je ne sais pas si Dieu existe. Je crois que oui, mais cette croyance n’engendre aucun savoir. Chrétien car je trouve dans les Évangiles une ressource éthique et spirituelle inépuisable […] dans laquelle la valeur de l’amour est promue de façon inconditionnelle et inconditionnée ».

DANS LE MÊME MAGAZINE où il s’entretient avec le philosophe musulman Abdennour Bidar
[[Auteur de L’Islam sans soumission. Pour un existentialisme musulman, collection « L’Islam des Lumières ».]] , Eric-Emmanuel Schmitt décrit ainsi son cheminement : « Je suis né et j’ai grandi dans un monde athée, dans le rejet, que je croyais définitif, de la religion. […] Et puis, j’ai peu à peu éprouvé un sentiment d’épuisement vis-à-vis de la rationalité, qui était incapable de répondre à mes questions. J’ai pris le parti de m’ouvrir à des suscitations non rationnelles : expériences artistiques, mystiques, confrontations avec les textes révélés. » C’est ainsi que le philosophe est devenu écrivain, et c’est ainsi que l’écrivain est devenu « mythophage », retissant inlassablement, avec une créativité époustouflante, les fils des grandes fables fondatrices.
Ce « conteur caméléon », comme on a pu le qualifier, sait nous parler des choses essentielles de la vie en prenant les masques les plus osés : ceux des héros de toujours (de Don Juan à Faust en passant par Ulysse), ceux des génies de l’histoire (de Diderot à Freud en passant par Mozart) et même ceux des antihéros les plus repoussants (de Ponce Pilate à Hitler) dont il se plaît à imaginer – hypothèse d’école visant à nous faire réfléchir sur le mal – l’utopique rédemption.
Le jeune Jun de ce dernier roman mériterait bien le qualificatif d’antihéros, car, franchement, cette petite teigne de quinze ans n’a rien à voir avec Oscar ni avec Momo. Vulgaire, égoïste, hargneux, il lui faudra tomber au plus bas avant d’être capable d’entendre le vieil homme qu’il a d’abord pris pour un débile et qui lui répétait inlassablement, à lui, le SDF rachitique : « je vois un gros en toi. » Pour faire de cette piètre canaille un adepte subtil du zen, il fallait au moins s’appeler Eric-Emmanuel Schmitt, alias Shomintsu le vieux sage.


Source : L’Homme en Question, numéro 23

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