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Le mur des Lamentations – par la Revue Religions & Histoire

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Cet article provient de la revue Religions & Histoire.

Revue Religions & Histoire
Revue Religions & Histoire

Buddhachannel vous recommande vivement cette très belle revue, toujours plus intéressant à chaque numéro !

Au sommaire de ce numéro de mars-avril 2009 retrouvez :
– un dossier spécial sur Jeanne d’Arc face à l’histoire
– La religion du premier romantisme allemand
– le diable dans les Religions monothéistes
– et toujours les bonnes adresses des expositions, conférences , manifestations, ainsi que des recommandations d’ouvrages.

Nous vous conseillons également le numéro 8 sur le Bouddhisme ancien .

Retrouvez dans ce très beau numéro un dossier spécial : Le Bouddhisme ancien sur le chemin de l’éveil


Religions & Histoire

JUDAÏSME

Fiche 13b

LIEUX

Le mur des Lamentations

Le mur dit “des Lamentations”, ou Mur occidental (Ha-Kotel Ma’aravi en hébreu), est l’unique lieu saint d’Israël. Il constitue en fait ce qui reste des remparts construits autour du mont du Temple, à Jérusalem, par Hérode le Grand, au Ier siècle avant notre ère, pour soutenir l’énorme terre-plein sur
lequel se dressait le Temple à proprement parler. Ce mur n’avait donc pas, au moment de sa construction, de caractère sacré. C’est au fil des siècles qu’il est devenu un lieu majeur de pèlerinage et de prière.

Hommes priant devant le mur dit “des Lamentations”

Un monument historique

À la fin du Ier siècle av. n.è., le roi Hérode (73 av. n.è.-4 de n.è.) entreprend de faire restaurer le Temple de Salomon, construit sur le mont Moriah au Xe siècle av. n.è., sur le rocher où Yahvé est censé avoir parlé à Abraham et scellé avec lui l’Alliance (Gn 17,1-26) – cette pierre se trouverait aujourd’hui sous le Dôme du Rocher.

Détruit en 586 av. n.è. par les Babyloniens, le monument est reconstruit à l’époque de Darius le Grand, vers 515 av. n.è. Unique
lieu du culte juif de Jérusalem, l’édifice bâti par Salomon est, dans le judaïsme, le symbole d’un moment d’apothéose politique et religieuse, où le peuple de Yahvé vivait uni au sein d’un royaume puissant. Il revêt, de ce fait, une importance considérable.

En décidant d’agrandir et d’embellir ce monument, Hérode souhaite surtout s’attirer la sympathie des religieux et, pour asseoir son pouvoir politique, en faire “l’oeuvre la plus édifiante et la plus belle de notre temps“, selon les mots que lui prête l’historien Flavius Josèphe. Ce splendide monument – que fréquentèrent la Vierge, Jésus et ses disciples – fut incendié et ruiné en 70 de n.è. par les armées romaines de Titus. Ne furent alors épargnés, de l’immense
complexe religieux, que les murs de soutènement et d’enceinte. Le Mur occidental est le seul vestige rappelant les constructions grandioses du passé. Après le sac de la ville, aucun autre centre religieux juif ne fut plus jamais reconstruit sur le mont du Temple, appelé depuis peu – et improprement, le Dôme du Rocher n’étant pas une mosquée – “l’Esplanade des Mosquées”.

Le nom de “mur des Lamentations” a été donné par les Britanniques au XIXe
siècle. Cette appellation, peu appréciée des juifs euxmêmes qui lui préfèrent le
terme de Ha-Kotel, “le Mur”, tient au fait que les israélites venaient y pleurer la destruction du Temple. Une légende veut d’ailleurs que la rosée qui couvre le Mur, au petit matin, représente les pleurs des juifs. En anglais, le lieu est nommé Western Wall, c’est-àdire “Mur occidental”.

Ne reste aujourd’hui visible, extérieurement, qu’une partie du mur construit, haute de 18 mètres, qui correspond aux sept premières assises de pierres à partir du sol actuel. Selon un processus de construction propre à cette
époque, chacune est posée deux ou trois centimètres en retrait de l’assise inférieure. Ces grandes pierres hérodiennes de format rectangulaire sont surmontées de pierres cubiques de l’époque omeyyade, dynastie musulmane qui, au VIIe siècle, restaura le Mur. Enfin, les rangs supérieurs correspondent aux nombreuses phases de surélévations plus tardives.

Le pan de mur considéré de nos jours comme sacré – une bande de 60 mètres de long – n’est en fait qu’une mince partie de la muraille occidentale. S’étendant sur 485 mètres, cette dernière comprend aussi un tunnel, aujourd’hui ouvert au public, qui prolonge le Mur occidental sur 320 mètres
et un aqueduc près du côté nord, déjà utilisé au IIe siècle av. n.è. Le tunnel, qui se trouve en partie sous le quartier musulman de la ville, a été exploré par deux archéologues britanniques au XIXe siècle, Charles Wilson en 1864 et Charles Warren entre 1867 et 1870 ; il contenait de nombreux éléments architecturaux de la période du Second Temple (538 av. n.è.-70 de n.è.) et surtout les couches inférieures du Mur occidental.

L’accès au mur des Lamentations se fait soit par la porte dite “des Immondices”, soit par le quartier juif restauré, soit, depuis “l’Esplanade des Mosquées”, par la porte dite “des Maghrébins”.

Le mur des Lamentations
Le mur des Lamentations

Un lieu saint

Si le Mur occidental est vénéré depuis des siècles, ce n’est pas seulement en tant que souvenir du Temple. C’est aussi, et surtout, parce qu’il s’agirait de l’endroit le plus proche du Saint des Saints (Kodesh Ha-Kodashim) encore accessible aux fidèles, lesquels tentent de s’approcher au plus près de la présence divine. Des prières y sont dites de jour comme de nuit ; des rouleaux de Torah et des pupitres ont été installés, le parvis se recouvre d’une foison d’oratoires à ciel ouvert. Il est d’usage de se tenir face au Mur et d’y psalmodier, individuel lement ou lors d’offices publics improvisés, prières, psaumes ou passages des Écritures.

Il convient également de s’éloigner à reculons du Mur, de façon à ne point lui manquer de respect et de ne le quitter qu’à regret. Deux espaces de prières distincts sont réservés pour les hommes d’une part, pour les femmes d’autre part, à condition d’être vêtues décemment ; tous les hommes doivent porter la kippa.

Le parvis situé devant le mur s’anime de nombreuses solennités religieuses ; le sabbat y est célébré chaque semaine ; des bar mitsvah, initiation religieuse des garçons ayant atteint l’âge de treize ans, et des filles de douze ans (bat mitsvah), s’y tiennent de préférence les lundis et jeudis ; les grandes fêtes du calendrier liturgique, comme Soukkot, qui rappelle la traversée du désert
après la sortie d’Égypte, ou les fêtes nationales de l’État d’Israël, notamment le jour de l’Indé pendance, y sont commémorées.

Une pratique populaire aujourd’hui quasi universelle consiste à déposer de menus papiers où sont inscrits voeux et prières dans les interstices du mur. Le pape Jean-Paul II a tenu à insérer de la sorte son message de repentance pour les persécutions que l’Église catholique a pu infliger aux juifs à travers l’histoire.

Le Mur et le conflit judéo-musulman

Lieu de spiritualité intense, le Mur occidental a pris valeur de symbole dans la conscience juive, à la fois comme relique des glorieux temples de Salomon et d’Hérode, mais aussi comme témoignage matériel des violences et des exodes successifs qu’a connus le peuple juif.

Le Temple, centre de gravité théologique de l’univers juif, ne fut jamais reconstruit : selon la tradition biblique, il ne pourra l’être que lors de l’avènement du Messie. Selon d’autres, cet événement lui-même n’aura lieu qu’une fois le Temple rebâti. Le Dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa (“la lointaine”) se trouvant aujourd’hui sur l’esplanade du Temple, la discussion est purement virtuelle… Le quartier juif détruit et saccagé par les Jordaniens lors de la guerre d’indépendance d’Israël en 1948 ainsi que le Mur restèrent inaccessibles aux juifs dix-neuf années durant. Au lendemain de la guerre des Six Jours (1967), ce quartier a été entièrement restauré tandis qu’un vaste parvis était aménagé face au Mur occidental. Son accès est ouvert à tout visiteur, après les contrôles électroniques de sécurité en vigueur dans tous les aéroports internationaux et dans tous les lieux publics d’Israël.

Éléonore Fournié
pour Religions & Histoire

Pour aller plus loin

BARNAVI Élie, Histoire universelle des juifs, Paris, Hachette, 1992.

NAHON Gérard, Mur occidental, dit des Lamentations, Paris, Encyclopedia Universalis, 2009.

COLAS Jean-Marie, Le judaïsme : histoire, origines et pratiques religieuses, Paris, éditions Diapofilm, 1991.
RETENIR L’ESSENTIEL

Le Mur occidental, dit “des Lamentations” dans la tradition non juive, est l’unique lieu saint d’Israël. C’est un vestige du mur d’enceinte qu’Hérode le Grand, au Ier siècle avant notre ère, fit construire autour du Temple de Jérusalem, dont la destruction en 70 de notre ère fut une catastrophe pour le peuple juif. Devenu au fil des siècles une sorte d’ensemble de synagogues à ciel ouvert, il serait habité par la Présence divine selon la tradition juive (Midrach).

RELIGIONS & HISTOIRE

LES RELIGIONS DANS L’HISTOIRE DES PEUPLES

Il existe toujours dans les rapports de l’homme à la nature et des hommes entre eux quelque chose qui relève de la transcendance. C’est le domaine de

Revue Religions & Histoire
Revue Religions & Histoire
la religion au sens large, englobant les croyances, les mythes, les spiritualités et les religions dans l’acception exacte du mot qui implique l’intervention divine et une pratique codifiée par des textes.

Récemment, le gouvernement a décidé que l’histoire des religions serait inscrite dans les programmes scolaires. Cette décision prouve a contrario qu’on enseigne actuellement l’Histoire sans les religions.
Dans le monde contemporain, la religion, associée au pouvoir, ou s’opposant à lui, ou le mettant dans l’embarras, nous montre que l’histoire des peuples ne peut se séparer d’elle. Cela invite à un retour vers la connaissance des religions.

Les religions telles qu’elles se présentent dans l’Histoire

Pour autant, peut-on bâtir une histoire des religions ? Chaque religion – au sens large – avec son fondement mythique, doctrinal ou prophétique est un univers en soi, si bien qu’on n’observe entre les religions ni enchaînement, ni trame commune.

Il n’y a pas une histoire des religions. Il y a des religions dans l’Histoire.

Religions & Histoire est consacrée à la découverte des religions telles qu’elles se présentent dans l’Histoire.

Cette nouvelle revue n’a pour objet ni la religion subjectivement vécue, ni l’insertion de la religion dans le monde contemporain, mais la religion objet d’observation et de connaissance.

Un domaine d’informations d’une prodigieuse richesse

La religion étant une composante de l’Histoire, son étude suit la méthode historique basée sur le recensement de faits avérés et l’établissement d’une chronologie. Par une impropriété de langage commune à toutes les disciplines historiques, on a pris l’habitude d’appeler écrit scientifique un écrit savant, comité scientifique un comité de savants. Cela donne à penser que l’Histoire doit épouser les méthodes de la science.

Dans le cours de l’histoire intervient la conscience humaine. Comme elle, le cours de l’histoire est irréversible. Tout fait historique demeure donc unique. Parallèlement, la conscience est soustraite au déterminisme des phénomènes physiques, ce qui réserve toujours à l’esprit une part d’imprévu et de liberté. L’unicité du fait historique et la part de liberté qui existe dans les facteurs spirituels rendent inapplicable à l’Histoire, et a fortiori à sa composante religieuse, la méthode axiomatique de la science. Cela n’interdit pas toute explication causale dans la description d’un fait religieux rapporté à son cadre historique particulier.

À l’opposé du réductionnisme qui vise à introduire des lois et des modèles dans l’Histoire, la démarche fructueuse de l’historien consiste à approfondir l’information. C’est grâce à cette démarche que la connaissance des religions – au sens large – ne cesse de s’enrichir.

Le scrupule de l’historien et la liberté de jugement du lecteur

Pour chaque domaine religieux Religions & Histoire fait appel à un ou plusieurs historiens dont les travaux sont notoires. Ces historiens composent le comité scientifique de la revue. Leur collaboration a permis dès le début de découvrir l’extrême richesse des connaissances actuelles, généralement méconnue parce que peu divulguée.

Religions & Histoire, se tenant à l’écart des interprétations ou transpositions qui dénaturent toujours les faits historiques, demande à des historiens d’exposer les connaissances acquises. Seul le scrupule de l’historien préserve pour le lecteur la liberté d’esprit qui lui permet de s’informer véritablement et de garder son approche personnelle de la religion.


Pour plus de renseignement ou pour tout abonnement allez sur le site de la revue Religions & Histoire ou contactez les éditions Faton – infos@faton.fr – 03 80 48 98 46

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