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Cinéma au Japon – Un bon scénario de sortie de crise – Courrier International

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• CINEMA au JAPON •

Un bon scénario de sortie de crise

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Courrier international, 9 mars 2009

Récompensé aux Oscars, le cinéma japonais, au même titre que les mangas ou les jeux vidéo, apparaît comme un bon moyen d’aider le pays à surmonter ses difficultés actuelles.

L'affiche japonaise de L'embaumeur (Okuribito)
L’affiche japonaise de L’embaumeur (Okuribito)
Le 22 février, à l’occasion de la 81e cérémonie de remise des Oscars, un événement suivi dans le monde entier, deux films japonais ont été récompensés. Okuribito (L’embaumeur) a remporté le prix du meilleur film étranger et Tsumiki-no ie (La maison en petits cubes) a été sacré meilleur court-métrage d’animation. En cette période de sombres perspectives économiques et sociales, cette double récompense est indubitablement une bonne nouvelle. Loin de nous en contenter, nous devrions y voir l’occasion de reprendre espoir et de regagner confiance dans notre capacité à devenir un « grand pays culturel ».

Dans Okuribito, le personnage principal, qui vient de perdre son travail, se voit contraint d’accepter un emploi d’embaumeur et, au cours de son face-à-face avec la mort, il commence à avoir une nouvelle conception de la vie et de la mort. Tsumiki-no ie est l’histoire d’un vieillard qui vit dans une ville submergée par les flots à cause de l’élévation du niveau de la mer. Comme dans un jeu de cubes, il rajoute des étages à sa maison au fur et à mesure que l’eau monte, tout en se remémorant la famille qu’il a perdue. Ces deux œuvres, qui abordent des thèmes intimes et profonds en mêlant les questions de la vie et de la mort au problème du réchauffement planétaire, expriment des sentiments qui dépassent les frontières linguistiques et territoriales. Même si les langues, les coutumes et les systèmes de valeurs diffèrent, les chefs-d’œuvre cinématographiques ont une force d’expression et de communication universelle.

Peu avant de recevoir l’Oscar, Okuribito a été récompensé par le grand prix de la 63e édition du prix Mainichi du cinéma. « Cette œuvre a obtenu de bonnes notes dans de nombreux domaines (direction, scénario, interprétation, photographie, musique). Elle exploite à fond l’idée qui conduit à s’intéresser à un métier comme celui de thanatopracteur, tout en proposant une profonde réflexion sur la vie », a-t-on alors écrit à son sujet. Si le cinéma est un art complet qui combine des talents dans de multiples domaines, que ce soit au stade de l’inspiration, de l’élaboration du projet, du tournage ou du montage, ce film exprime remarquablement l’essence même de cet art.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Lion d’or accordé à Akira Kurosawa pour son film Rashomon et le prix Nobel de physique décerné à Yukawa Hideki avaient stimulé les Japonais. Aujourd’hui, la situation a beaucoup changé. Cependant, ces nouvelles récompenses devraient leur insuffler une nouvelle énergie et les encourager à s’ouvrir davantage à la création, même si la potentialité et la richesse culturelles du Japon sont respectées et reconnues à l’étranger. Dans le passé, on avait tendance à penser que la culture japonaise n’était appréciée en Occident que pour son exotisme. Le cinéma et la littérature ont réussi, au prix de beaucoup d’efforts, à sortir de ce carcan. En revanche, d’autres formes artistiques (mangas, films d’animation, musique, jeux vidéo et mode), qui se sont affranchies des traditions et mœurs anciennes, n’ont eu, elles, aucune difficulté à le faire.

En 2008, les films japonais ont devancé en termes d’audience les films occidentaux dans l’archipel. Si le Japon a décroché deux statuettes aux Oscars, c’est sans nul doute parce que son cinéma se porte mieux. Aujourd’hui, alors que l’économie se trouve dans une impasse et qu’il est urgent de changer de modèles industriels, le débat sur nos conceptions et nos modes de vie est en train de s’intensifier. En ce sens, on peut dire que les deux films récompensés à Hollywood illustrent bien cette tendance. Reste à savoir si le Japon saura tirer parti de ces nouvelles forces que représentent la santé de son cinéma et l’apparition d’une nouvelle culture pour la jeunesse. Le gouvernement semble particulièrement fermé à ce domaine. Espérons que les deux Oscars vont le conduire à changer son approche.

Source www.courrierinternational.com

C’est un article du Mainichi Shimbun

Mainichi Shimbun

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  • Fondé en 1872 sous le nom de Tokyo Nichi Nichi Shimbun, le Mainichi Shimbun est le plus ancien quotidien japonais. Il a pris la dénomination actuelle en 1943 lors d’une fusion avec l’Osaka Mainichi Shimbun. Centriste, le « Journal de tous les jours » est le troisième quotidien national du pays par la diffusion.
  • Il a bénéficié, au début du siècle dernier, de la collaboration de prestigieux écrivains tels que Ogai Mori ou Ryunosuke Akutagawa. Le Mainichi connaît depuis plusieurs années une crise financière dont il a du mal à sortir.

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