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La Pollution lumineuse, cette méconnue

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54-4.jpgOn pointe souvent les conséquences sur la vie animale de la pollution lumineuse engendré par les activités humaines. Comme les tortues qui, une fois pondu, ne retrouvent pas le chemin de la mer. Mais on évoque plus rarement l’impact des constructions humaines sur la qualité de la lumière qui berce la nature. Selon une étude parue dans la revue Frontiers in Ecology and the Environment, la polarisation de la lumière provoquée par la réflexion des ondes sur les infrastructures humaines perturbe gravement la vie et la reproduction de nombreux animaux et insectes. [[En novembre dernier, des chercheurs israéliens ont montré qu’un insecte suspecté de véhiculer le choléra lorsqu’il pond choisit ses mares en se guidant sur la polarisation de la lumière.]]

La lumière naturelle est une onde qui vibre aléatoirement dans toutes les directions. Mais quand elle interagit avec de la matière, certaines directions sont privilégiées. C’est par exemple le cas des molécules d’air qui, par beau temps, polarisent la lumière et tendent à brouiller les contrastes d’un ciel de cumulus. Les photographes le savent, qui utilisent un filtre polariseur qui permet d’obtenir de plus belles images. Ou les marins et skieurs, qui portent des lunettes polarisantes pour réduire la réflexion du soleil sur l’eau et la neige et atténuer les phénomènes d’éblouissement.

De nombreux animaux, principalement des insectes, utilisent la polarisation de la lumière pour se repérer. C’est par exemple le cas des abeilles qui s’en servent pour déterminer la position du soleil et s’orienter. D’autres s’en servent pour leurs migrations, ou pour trouver le meilleur endroit où se reproduire. A condition que rien ne vienne altérer l’environnement. Car les immeubles, les routes, les voitures, les piscines et même les nappes de pollution modifient la polarisation de la lumière et perturbent la faune, expliquent Gabor Horvath, György Kriska et Péter Malik (Université d’Eötvös, Hongrie) et Bruce Robertson (Université d’Etat du Michigan, Etats-Unis).

Plus les surfaces sont lisses, et plus la lumière se polarise quand elle se réfléchit dessus. Au point, selon les chercheurs, de créer de véritables pièges écologiques. Ils relatent ainsi que certains insectes pondent leurs œufs sur l’asphalte de routes, sans aucune chance de les voir un jour éclore. D’autres se précipitent vers ce qu’ils croient être un étang, pour trouver une flaque d’hydrocarbure toxique pour leurs œufs.

Cette perturbation de la vie des insectes rejaillit sur les autres espèces animales. Privés de leur première source d’alimentation, des poissons et des batraciens pourraient en souffrir. Parmi les solutions proposées: utiliser des matériaux moins réfléchissants pour la construction, et recouvrir les voies de communication de revêtements plus rugueux. Mais là, ce sont les riverains —humains— qui se plaindraient d’une autre pollution, sonore cette fois.


Par Denis Delbecq pour Science & Vie

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