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Les Inspirations Bouddhistes d’Anton — L’Arbre consciencieux

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L’ARBRE CONSCIENCIEUX


Arbre_de_vie.jpgUn arbre se mirait dans l’eau transparente du lac et se posait quotidiennement cette question : « Est-ce que je plais au ciel qui m’a créé et me veut resplendissant, à son image ? »

Il ne savait pas comment examiner sa conscience, car personne ne le lui avait enseigné. Cependant, tous ceux qui passèrent devant lui et entendirent la réflexion qu’il faisait tout haut lui posèrent des questions pour l’aider dans son auto-évaluation.

Le premier qui passa par là fut le cultivateur. Il lui dit : « Tu devrais porter plus de feuilles, produire plus de fleurs, plus de fruits. »

Le deuxième qui passa par là fut le bûcheron. Il lui dit : « Tu devrais redresser cette branche tordue, pousser un peu plus droit et mieux résister au vent. »

Le troisième qui passa par là fut le héron. Il lui dit : « Tu devrais fournir plus d’ombre, mieux accueillir les oiseaux et leurs nids. »

Le quatrième qui passa par là fut le jardinier. Il lui dit : « Pourquoi ces feuilles jaunies ? Avec ta force immuable et l’engrais que j’investis, tu peux mieux fleurir. »

Le cinquième qui passa par là fut un philosophe. Il lui dit : « Est-ce que tu donnes le bon exemple, toi qui es dressé sur la terre, à la fois enraciné et appelé à t’élever, à grandir ? »

Le sixième qui passa par là fut une fourmi. Elle lui dit : « Tu dors trop souvent. Tu hibernes trop longtemps. »

Le septième qui passa par là fut une tortue. Elle lui dit : « Tu es fier d’être plus haut que les autres. »

Le huitième qui passa par là fut un météorologue. Il lui dit : « Tu te plains du vent glacial qui te brise et te dénude. Tu te plains de la pluie qui t’inonde, du soleil qui rend tes veines arides. Tu te demandes, chaque saison, si tu vas survivre. »

Le neuvième qui passa par là fut un juge. Il lui dit : « Tu devrais éliminer tes défauts, multiplier tes vertus. »

Le dixième qui passa par là fut un gitan. Il lui dit : « Tu devrais convertir ton immobilité et déchirures en joyeuse fête de la vie. »

Le onzième qui passa par là fut un scarabée. Il lui dit : « Tu devrais être plus tolérant envers ceux que tu aimes moins. »

Le douzième qui passa par là fut un ver de terre. Il lui dit : « Tu devrais avoir l’écorce plus douce et montrer plus de patience et d’hospitalité. »

Face à tant de remises en question et d’invitations à la réflexion, l’arbre consciencieux fut un peu trop confus. Il trouva son examen de conscience pénible. Il se sentait abattu. Il se dit : « Est-ce possible de corriger tous ses défauts ? Est-ce possible d’être parfait et pleinement vertueux ? »

Une brise légère, qui passait par là, lui murmura au fond de l’oreille, entre deux petites branches : « Laisse toujours battre ton cœur au rythme de l’Amour. Vis simplement, de ton mieux, ta vie. »

Depuis, cet arbre fait beaucoup moins souvent des examens de conscience et vit en paix. Fidèle à lui-même, il apprend à être plus doux, au quotidien.


Par Bernard Antoun

Extraits de Mémoires de ciels et de vents (2005) éd. Humanitas (Québec)


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