UN LIVRE POUR JUSTIFIER LA POLITIQUE CHINOISE AU TIBET
26.09.2008
Six mois après les émeutes de Lhassa, la Chine redore son blason en divulguant un rapport sur la protection et le développement de la culture tibétaine. Ce «Livre blanc» réfute notamment les accusations de «génocide culturel» lancées par le Dalaï Lama.
«Informer» sur la politique chinoise au Tibet
Intitulé «La Protection et le Développement de la Culture tibétaine», le rapport veut expliquer à la communauté internationale que le gouvernement chinois a mis tout en œuvre pour protéger et développer la culture tibétaine.
Le Livre blanc est divisé en six parties expliquant que la culture tibétaine n’a jamais été exterminée. Tout d’abord, sans prendre en compte l’avant-propos et la conclusion, les quatre autres chapitres s’évertuent à montrer l’implication de la politique de Pékin en faveur des Tibétains : « Le tibétain est largement appris, utilisé et développé », « La transmission, la protection et la valorisation du patrimoine culturel », « La liberté des pratiques religieuses et les us et coutumes sont respectés », « Les sciences modernes, l’éducation et la presse se développent sous tous leurs aspects ».
Un éloge de la culture tibétaine
Des extraits du livre sont diffusés par les médias officiels, notamment une apologie des Tibétains et de leur culture : « La culture tibétaine constitue un des joyaux du patrimoine culturel chinois et mondial. La culture tibétaine, pilier spirituel de la vie des Tibétains, et les autres cultures, notamment celle des Han, ne cessent de se développer en s’influençant et en s’assimilant » indique le livre blanc.
Pour étayer son rapport, le Bureau de l’information du Conseil des Affaires d’Etat rappelle qu’en 1959, une réforme politique avait aboli le régime «théocratique de servage féodal», et mis ainsi fin à une politique de riches et de pauvres.
Toutefois, le rapport n’explique pas que depuis, le gouvernement chinois s’est immiscé dans les affaires religieuses tibétaine, en particulier concernant la nomination des Panchen Lama. La future succession du Dalaï Lama est d’ailleurs l’objet d’une controverse, puisque ce dernier songe à désigner un successeur avant sa mort (contrairement à la tradition) pour éviter que les autorités chinoises ne placent un homme à leurs ordres.
Il n’est pas fait mention également de l’emprisonnement du dixième Panchen Lama alors âgé de 6 ans.
Un avertissement pour le Dalaï Lama
Dans le document, le gouvernement n’hésite pas à qualifier le Dalaï Lama de perturbateur : « La clique du dalaï-lama et les forces anti-chinoises occidentales, tout en jouissant des acquis de la civilisation et de la culture moderne, espèrent que l’ethnie tibétaine et la culture tibétaine en restent au Moyen Age, sous prétexte de «protéger la culture tibétaine» a indiqué le rapport.
C’est le septième rapport que le Bureau de l’information du Conseil des Affaires d’Etat publie sur le Tibet. Les autorités ont très mal pris les propos du chef spirituel tibétain aux médias internationaux. Ce dernier a déclaré à de nombreuses reprises que « la culture tibétaine a été exterminée ». En réponse, Pékin indique que «son ancienne domination culturelle, son ancien système culturel, son privilège culturel et ses intérêts acquis» allaient être exterminés reprenant à son compte, le vocabulaire du chef spirituel tibétain.
Le livre blanc conclut sur l’attitude du Dalaï Lama : « Son complot de faire reculer la roue de l’Histoire est absolument intolérable».
Par Céline Tabou
Source: www.icilachine.com