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Vivre le tourisme en Chrétien – Histoire récente du tourisme

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VIVRE LE TOURISME EN CHRETIEN


La Pastorale du Tourisme dans la Mission Evangélisatrice de l’Eglise

par S. E. Mgr. Agostino MARCHETTO, Secrétaire du Conseil Pontifical


L’objectif fondamental est celui de procéder à un échange d’expériences qui nous permette de connaître les activités en relation avec la pastorale du tourisme dans les différents pays. Cela nous permettra d’établir, avec une vision sur le futur, quelques voies de collaboration sur certains des aspects qui nous sont communs. Et oui, parce que la pastorale du tourisme n’est pas nouvelle ou à inventer. Au contraire, le tourisme a été un des phénomènes du monde moderne que l’Eglise a suivi avec beaucoup d’attention et même avec un esprit prophétique. Le tourisme en effet prend une place très important dans la vie du chrétien et, je crois pouvoir l’affirmer, pleine de signification théologique, ce qui revient à dire la même chose du temps libre, qui est temps de loisir, de repos, mais pas seulement. Le tourisme nous rappelle, en outre, une pratique religieuse aussi importante et présente dans toute l’histoire de l’Eglise, celle du pèlerinage; il arrive, de fait, que le tourisme puisse se présenter comme une version sécularisée du pèlerinage. Disposer d’un temps libre plus long, d’autre part, crée l’image d’un espace de liberté, de temps que l’homme peut organiser en pleine autonomie, et en conséquence, qui apparaît – et est considéré – comme un temps particulièrement humain.


Voici signalés, de façon assez peu systématique, certain des thèmes qui doivent faire partie de nos considérations sur le tourisme, d’abord pour l’accepter, et ensuite pour formuler les principes de notre réponse pastorale. Au cours de mon intervention, cependant, je devrai me limiter nécessairement à parler de certains de ses aspects, les plus significatifs, en tenant compte de la réalité concrète des pays ici représentés.


HISTOIRE RECENTE DU TOURISME


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Au début du IIIe millénaire, nous pouvons dire avec raison que le tourisme a atteint sa phase de plein développement, capable de vaincre même le trauma du 11 septembre. Car ce phénomène constitue de fait, actuellement, une réalité mondiale, avec un mouvement de 715 millions de touristes internationaux d’après les données correspondantes à l’année 2002, publiées par l’Organisation Mondiale du Tourisme: il s’agit de la principale activité économique dans le monde. Il faut retenir encore aussi que, selon la même O. M. T., on peut faire le calcul pour évaluer le tourisme intérieur, c’est-à-dire les déplacements touristiques à l’intérieur des pays respectifs, en multipliant par dix le chiffre précédent. Ce résultat nous paraît invraisemblable, mais il suffit de penser à y inclure, en parlant de nos pays, les déplacements pour les fins de semaine, les vacances scolaires ou les fêtes religieuses et populaires et ce chiffre nous paraîtra alors quasi raisonnable.


Tout ce mouvement a été rendu possible grâce à l’évolution de la réglementation du temps de travail, qui a accordé un allongement des temps de loisirs. Mais la possibilité a été offerte surtout par l’introduction des congés payés – pour la première fois en 1936 -, car ils ont donné une opportunité insoupçonnée pour le tourisme. Après la parenthèse de la Seconde Guerre Mondiale, dans les années 60 et suivantes, son explosion dans la dimension de masse a été en effet la conséquence de l’introduction généralisée des congés payés.

Il est basé fondamentalement sur la capacité d’organiser le déplacement de grands groupes de personnes selon des programmes préétablis. Plusieurs facteurs entrent ici en considération, que nous n’allons pas maintenant détailler. De toute façon il faut dire que le tourisme de masse s’est développé préférablement comme un tourisme de loisirs sur les plages, avec une forte concentration, de rares activités alternatives et peu de contacts avec la réalité du pays visité. Il fut, dans ses débuts, extrêmement agressif par rapport au milieu ambiant, à la culture des communautés locales et aussi à l’économie des Pays de destination. Tout au long des années, on a bien essayé des modèles différents, mais en maintenant toujours les caractéristiques d’origine. De cette manière, le tourisme de masse garde une place dominante, car il ouvre de nouvelles destinations, mais en causant aussi de graves préjudices, le plus souvent au détriment des aspects sociaux (relation de travail, exploitation sexuelle) et culturels (érosion culturelle, ‘folklorisation’ des coutumes traditionnelles), ainsi que de l’environnement.


Durant les années 80 et 90, il y a eu une forte réaction contre ce type de tourisme et, en conséquence, il y a eu une ouverture sur de nouveaux modèles. Deux facteurs pousseront cette réaction. En premier lieu, ce fut une réaction de l’industrie touristique elle-même, en voyant que ce phénomène de masse allait épuiser les ressources disponibles, par exemple les plages, pour cause de dégradation. Cependant, un facteur décisif fut, d’autre part, la généralisation d’un nouveau type de touristes, plus intéressés par les aspects culturels de leur voyage, avec une meilleure conscience écologique et avec un plus grand désir de meubler leur voyage avec des activités complémentaires, comme le sport, l’aventure, la connaissance des environs, de l’histoire et des populations. Pour répondre à ces nouveaux intérêts, l’industrie touristique a donc créé de nouveaux modèles, de nouveaux types de tourisme, que la publicité des agences offre aujourd’hui comme « écologique », « personnalisé », « exotique », « ethnique », « solidaire », etc.


Il serait cependant exagéré de parler, comme il a été dit, d’un changement du tourisme. Sa version de masse demeurera un secteur important du phénomène actuel, et la massification est devenue, par-là même, inéluctable avec tout nouveau modèle créé. Le tourisme d’hiver a atteint, par exemple dans le centre même de l’Europe, un degré de massification quasi insupportable. On peut dire la même chose du tourisme culturel. Il suffit de rappeler un exemple, celui de la ville de Florence, en Italie, ou la Cathédrale de Paris, avec plus de 10 millions de visiteurs par an. Il y a aussi un autre exemple, toute proportion gardée, le fameux Paris-Dakar.

Mais que ce soit en partie pour tenir compte des exigences d’une plus grande conscience sociale et, en partie, pour s’assurer une expansion toujours plus grande, l’industrie touristique a adopté des codes de conduite plus acceptables. Les agences touristiques elles-mêmes, autant dans leurs associations que dans les Organisations internationales du secteur, proposent maintenant de nouveaux paramètres pour un tourisme qui soit plus respectueux de l’environnement, plus adapté au développement des peuples, en définitive, plus humain. Il faut souligner, dans ce sens, l’adoption du « Code d’Ethique Mondiale pour le Tourisme », approuvé par l’Organisation Mondiale du Tourisme en 1999, et la « Déclaration pour un tourisme responsable dans ses destinations », publié à l’occasion du Sommet de Johannesburg, en août 2002.


Dans ce document, qu’il faut lire dans le contexte du débat actuel sur la globalisation et sur les exigences d’un développement durable, la communauté d’accueil en constitue le point central d’attention. C’est une nouvelle manière de considérer l’apport du tourisme au développement des pays récepteurs concernés.


Le tourisme, en effet, est considéré comme un facteur de première importance pour le développement. Durant les années d’expansion du tourisme de masse, beaucoup de Gouvernements ont vu dans ce phénomène une voie rapide vers le développement, parce que l’exploitation touristique requiert relativement peu d’investissements, emploie une main d’oeuvre relativement sans grande préparation et crée des revenus immédiats. Ces caractéristiques ont donc beaucoup d’attrait pour nombre de Gouvernements, mais en réalité tous ces « bénéfices » ont été plus substantiels pour les pays des agences touristiques que pour les populations d’accueil. De toutes façons, dans la réalité, le tourisme est la principale exportation pour un tiers des pays en voie de développement, et il occupe une place importante dans 83 % d’entre eux. C’est dans cette perspective aussi, qu’il faudrait penser à notre présence ici.


La nouvelle « conduite » de l’industrie touristique veut corriger la ligne en vigueur jusqu’ici, en favorisant une meilleure formation des travailleurs, une plus juste utilisation des ressources propres des Pays (agriculture, arts traditionnels, etc.), une présence respectueuse et relationnelle des touristes, et, en définitive, une plus grande participation de la communauté réceptrice dans la planification, l’exploitation et la participation aux bénéfices de l’activité touristique. Ce sont des valeurs implicitement chrétiennes, religieuses. Ainsi, de manière très significative, l’Organisation Mondiale du Tourisme a proposé le thème suivant pour la Journée Mondiale du Tourisme en 2003: « Le tourisme, élément moteur dans la lutte contre la pauvreté, dans la création d’emplois et dans l’harmonie sociale ». C’est un thème humainement important et valable.


Ces paroles promettent un futur optimiste, peut-être utopique, pour le développement du tourisme. Sûrement, et cela nous intéresse, au cours des prochaines années, malgré les difficultés présentes et futures, les résultats statistiques marqueront de nouveaux gains économiques pour le tourisme mondial. Sûrement aussi, il est très incertain que ces résultats signifient réellement une plus grande participation des pays récepteurs aux bénéfices du tourisme, et plus incertain encore que, grâce au tourisme, l’harmonie sociale augmente considérablement.


En disant ceci, je ne mets pas en question les possibilités qu’offre le tourisme. Ce phénomène, en effet, possède substantiellement les caractéristiques nécessaires pour être un instrument de connaissance mutuelle, de respect des personnes, apte à faciliter le dialogue entre cultures et religions, pour renforcer la paix et la solidarité entre les nations. D’où notre intérêt et notre rencontre ici à Beyrouth. Mais ces conditions ne produiront des fruits que si tous ceux qui sont impliqués dans le tourisme décident, encore, de travailler pour cela. Tout dépend de l’action conjointe des opérateurs et des travailleurs du secteur, des touristes et des communautés d’accueil. Voilà ce qui est, en résumé, l’objectif qui suscite l’intérêt de l’Eglise pour ce phénomène et qui anime une pratique pastorale comptant aujourd’hui de nombreuses années d’histoire, riche en fruits abondants.


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