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Thailande – Bien peu d’Espoir quant au Statut des Mae Chee

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THAILANDE: BIEN PEU D’ESPOIR QUANT AU STATUT DES MAE CHEE [[Traduit de l’Anglais par Hélène LE, pour www.buddhachannel.tv ]]


08.05.2008

buddhist_thai_nuns2.jpgBANGKOK, Thailande – Les Mae chee ou nonnes aux robes immaculées, qui ont cru obtenir un statut légal de membre monastique sous la nouvelle législation appuyée par leurs aînés, seront grandement déçues.

Non, les nonnes n’obtiendront aucun statut légal en tant que clercs. Ceci est clair comme de l’eau de roche, sur l’ébauche du projet de loi de Soutien et Protection du Bouddhisme. Pire, elles se verront enlever la liberté dont elles jouissent.

Ne blâmez pas les nonnes si elles se sentent trahies.

Il est avéré que nos mae chee natives du pays ont longtemps souffert d’un manque de soutien pour leurs quêtes spirituelles, étant avant tout traitées comme une main d’œuvre de temples.

Elles ont dû faire bon accueil au changement, lorsque le Bureau du Bouddhisme National a annoncé qu’il soutiendrait le projet de loi en passe de reconnaître les nonnes comme clercs et appuierait leur travail du dharma.

Qui peut à présent blâmer leur optimisme? Amnart Buasiri du Secrétariat du Conseil Ecclésiastique a lui-même indiqué que le projet de loi ferait des nonnes, des nak buat ou clercs.

Mais en vérité, le projet de loi ne définit pas les nonnes comme des clercs. Les mae chee, énonce t-il, sont des laïques bouddhistes pratiquantes ou upasika, qui portent des robes blanches, se rasent le crâne, observent les huit préceptes et vivent comme des sans-abris.

Et alors que ce projet de loi ne reconnaît même pas les mae chee comme membres monastiques, il ordonne en plus qu’elles soient sous contrôle du clergé.

Toutefois, concernant le soutien financier au travail des mae chee, le clergé ne veut rien savoir. La loi stipule clairement qu’il relève du gouvernement, et non du clergé.

Vous vous demandez pourquoi tant de femmes prennent le chemin des Bhikkhuni? Ou encore pourquoi autant préfèrent s’investir de manière indépendante dans le travail du dharma?

Avant la création de l’Institut des Nonnes, un organisme auto-régulé, les nonnes étaient sous le contrôle immobilisant du clergé qui les enchaînaient aux cuisines du temple, explique Arun Pet-urai, une doyenne mae chee.

Son appel pour une clarification des droits des mae chee au sein de la nouvelle structure ne fait pas seulement écho aux inquiétudes de ses paires, il montre également qu’elles n’ont pas du tout été consultées.

On peut parler d’un manque de respect.

Fait intéressant, le projet de loi des aînés ne mentionne pas du tout l’Institut des Nonnes. Les nonnes, énonce t-il, doivent être sous le contrôle du clergé.

Vous saisissez?

Si les nonnes parviennent à un accord pauvre dans ce projet de loi du Soutien et de la Protection du Bouddhisme, c’est parce que l’objectif principal du clergé ne porte pas sur la justice mais le pouvoir.

Sur 43 articles, un seul porte sur les mae chee. Sur le contrôle des mae chee pour être précis.

Le reste parle d’obtenir du gouvernement qu’il paye pour la propagation du travail du clergé et pour sa protection face aux menaces – en particulier celles des médias.

Il s’agit d’une version étendue du même projet de loi, rejeté par l’Assemblée Législative Nationale l’année dernière. Vous souvenez vous de sa clause controversée sur la méconduite sexuelle des moines, qui punissait seulement les femmes, et non les moines?

Cette clause a été retirée. Mais le reste est plus ou moins identique même si la sanction légale a été réduite.

Pour exemple, la sanction prévue pour les médias qui montrent le clergé sous un mauvais jour, va de cinq ans de prison minimum et/ou d’une amende de 100 000 bahts, jusqu’à 10 ans de prison et 500 000 bahts d’amende.

Au demeurant, elle est bien plus importante que la sanction légale de la loi de diffamation.

La même sanction sévère est appliquée pour tout ceux qui « imiteraient » ou « déformeraient » les enseignements – un message sévère destiné aux nouveaux groupes religieux, en particulier le mouvement émergeant des Bhikkhunis.

Et bien que les sites, icônes et rituels religieux sont des affaires culturelles qui changent à travers le temps et varient d’un endroit à l’autre, le clergé interdit tout changement survenu sans son accord.

Ceux qui en font fi, risquent de lourdes sanctions.

Le message est clair. Le clergé détient les enseignements, les rituels, les icônes, les sites. Eux seuls peuvent en récolter les bénéfices.

Pour être exacte, cette ébauche devrait être intitulée Soutien et Protection du Clergé, et non pas du Bouddhisme.

Il s’agit clairement d’un cas d’abus de Bouddhisme pour le pouvoir d’une clique.


Par Sanitsuda Ekachai – Assistant Editor (Outlook)

Source : Bangkok Post

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