« Un simple moine bouddhiste, ni plus, ni moins », voilà comment se présente lui-même Tenzin Gyatso, l’actuel Dalaï Lama. Pourtant, derrière cette affirmation à la modestie sacrée, Tenzin Gyatso, toujours prêt à diffuser son message d’amour et de paix, semble incarner parfaitement l’« océan de sagesse », propre à sa Sainteté le Dalaï Lama .
Avant de s’appeler Tenzin Gyatso, il se prénommait Lhamo Dhondup. Né le 6 juillet 1935 dans une famille de paysans de la province d’Amdo (nord-est du Tibet), le petit Lhamo Dhondup est reconnu comme la réincarnation du 13ème Dalaï Lama (Thubten Gyatso) à l’âge de deux ans.
Quatre années plus tard, il commence son éducation monastique, formation rigoureuse qu’il suit avec succès : à 23 ans, il termine ses examens avec mention et obtient son doctorat de philosophie Bouddhiste.
Mais entre temps, les relations entre la Chine et le Tibet se sont envenimées. Suite à l’arrivée des communistes au pouvoir en Chine, l’armée chinoise envahit le Tibet en octobre 1950. Le Dalaï Lama, souhaitant l’indépendance de son pays, se rend à Pékin en 54 pour négocier un accord de cohabitation avec Mao Ze Dong.
En vain…
En mars 59, alors qu’une rébellion populaire est réprimée par les troupes chinoises, le Dalaï Lama doit s’enfuir en Inde.
Il s’installe à Dharamsala, suivi par des milliers de tibétains en exil.
Le Dalaï Lama témoigne de cette répression de 1959 dans le livre « Mon pays et mon peuple » :
« Des dizaines de milliers des nôtres ont été tués […]. Ils n’ont pas été seulement fusillés, ils ont été battus à mort, crucifiés, brûlés vifs, noyés, écorchés, enterrés vivants […]. Ces meurtres ont été commis en public.
La raison principale et fondamentale est qu’ils ne voulaient pas renoncer à leur religion. »
Ainsi allait commencer le combat pour la paix du Dalaï Lama, leader politique et chef spirituel. Partisan de la non-violence, il a confié dans une interview à Midi libre que « cette non-violence constitue la base permettant de développer l’amour et la compassion qui sont l’essence même du bouddhisme.»
Dès 1960, plusieurs dizaines de milliers de camps de réfugiés sont mis en place en Inde, ainsi que des monastères et des écoles. Le 9 mars 1961, Tenzin Gyatso lance un appel aux Nations Unies en faveur d’une restauration de l’indépendance du Tibet. Et, en 63, poursuivant sa lutte pour la démocratisation du régime tibétain, il présente un projet de constitution pour son pays.
Sans succès… Il commence alors à voyager, se rendant d’abord en Thaïlande et au Japon, avant d’atteindre les pays de l’Ouest dans les années 70. Depuis, il se déplace constamment : rien qu’au cours de l’année 2006, il est allé en Israël, au Brésil, en Argentine, au Chili, au Pérou, en Autriche, en Belgique, au Canada, aux Etats-Unis et en Italie.
Luttant sans répit pour l’indépendance et l’autonomie de son pays ainsi que pour les droits des Tibétains, le Dalaï Lama persévère. En 87, il propose un véritable « Plan de Paix » en cinq points, devant être débattu devant le parlement de Strasbourg l’année suivante. Encore une fois, le projet n’aboutit pas.
Au-delà, le Dalaï Lama transmet ses messages de paix et d’amour. Dans son combat, il ne cesse de réaffirmer les valeurs qu’il estime essentielles. En 2001, s’adressant au Parlement Européen, il déclare : « Le monde devient de plus en plus interdépendant. Dans ce nouveau contexte, il est clair que l’intérêt de chacun dépend du respect de l’intérêt de tous ». Et pour lui, « ce sont les qualités de l’esprit humain telles que l’amour, la compassion, la patience, la tolérance, le pardon, le contentement, le sens des responsabilités et l’harmonie qui apportent le bonheur individuel et collectif. » Des mots qui réapparaissent dans chacun de ses discours, et lui ont valu de recevoir le Prix Nobel de la Paix en 1989.
Un honneur qui, s’il a permis à sa Sainteté de diffuser son message auprès des plus grands chefs d’état, n’a en revanche pas favorisé la résolution de la question Tibétaine.
Un rapport récent de Human Rights Watch (2006) montre que les autorités chinoises ont intensifié leurs campagnes de réeducation centrées sur l’opposition au Dalaï Lama.
Mais ce dernier garde espoir, et continue ses déplacements à travers le monde entier : « Une atmosphère positive ne peut être créée par un seul côté », affirme-t-il.
« Comme le dit un vieil adage tibétain, une seule main ne suffit pas pour faire entendre un applaudissement« .
Clémence de la Robertie pour www.buddhachannel.tv