S. S. DALAÏ LAMA – APPEL AUX FRÈRES ET SŒURS SPIRITUELS CHINOIS [[Traduit de l’Anglais par Hélène LE, pour www.buddhachannel.tv ]]
25.04.2008
Hamilton, NY (USA) – Aujourd’hui, je voudrais lancer un appel personnel à tous les frères et sœurs spirituels chinois, au sein et à l’extérieur de la République Populaire de Chine, spécialement adressé aux fidèles du Bouddha.
Je le fais en tant que moine bouddhiste et étudiant du plus respecté des maîtres, le Bouddha. J’ai déjà lancé un appel à la communauté chinoise générale. A présent, je fais appel à vous, mes frères et sœurs spirituels, pour une question d’urgence humanitaire.
Les peuples chinois et tibétain partagent un héritage spirituel commun en Bouddhisme Mahayana. Nous vénérons le Bouddha de la compassion – Guan Yin dans la tradition chinoise et Chenrezig dans la tradition tibétaine – et nous chérissons la compassion pour tous les êtres en souffrance, comme l’un des idéaux les plus spirituels qui soient. De plus, le Bouddhisme s’est étendu en Chine avant de parvenir de l’Inde au Tibet, j’ai donc toujours considéré les Bouddhistes chinois avec le plus grand respect du aux frères et sœurs aînés.
Comme la plupart d’entre vous en êtes conscients, depuis le 10 mars de cette année, une série de manifestations a eu lieu à Lhassa et dans plusieurs régions tibétaines. Ces dernières ont été causées par un profond ressentiment tibétain à l’encontre les politiques du gouvernement chinois. J’ai été profondément attristé par la perte de vies, aussi bien chinoises que tibétaines, et ai immédiatement appelé les autorités chinoises et tibétaines, à la retenue. J’ai notamment appelé les Tibétains à ne pas faire usage de violence.
Malheureusement, les autorités chinoises ont utilisé des méthodes brutales de développement en dépit des appels à la retenue lancés par des dirigeants mondiaux, des citoyens renommés des ONG, beaucoup d’intellectuels chinois en particulier. Dans le processus, il y a eu des vies perdues, beaucoup de blessés, et un grand nombre de détenus tibétains.
La répression continue, visant notamment des institutions monastiques, sur lesquelles reposent traditionnellement la connaissance et la tradition bouddhiste anciennes. Beaucoup ont été isolées. On nous a rapporté que beaucoup de détenus étaient battus et traités sévèrement. Ces mesures répressives semblent faire partie d’une politique officielle systématique.
Sans aucun observateur international, journaliste ou même touriste autorisé au Tibet, je suis profondément inquiet pour le destin des Tibétains. Parmi lesquels nombre de blessés lors de la répression, notamment dans les régions isolées, trop terrifiés pour chercher des traitements médicaux, de peur d’être arrêtés. Selon certaines sources fiables, des personnes fuiraient vers les montagnes, où elles n’ont ni nourriture ni abris. Ceux qui restent, vivent constamment dans la crainte d’être le prochain à être arrêté.
Je suis profondément peiné de cette souffrance actuelle. Je suis très inquiet quant à la manière dont se concluront ces tragiques événements. Je ne crois pas qu’on puisse parvenir à une solution à long terme, par des mesures répressives. Le meilleur moyen pour aller de l’avant est de résoudre les problèmes entre les Tibétains et les dirigeants chinois à travers le dialogue, comme je l’avance depuis longtemps. J’ai assuré à plusieurs reprises aux dirigeants de la République de Chine que je ne demandais pas l’indépendance.
Ce que je réclame, c’est une autonomie significative pour le peuple tibétain qui assurera la survivance à long terme de notre culture bouddhiste, notre langue et notre identité distincte en tant que peuple. La riche culture bouddhiste tibétaine fait partie de l’héritage culturel plus vaste, de la République Populaire de Chine et peut être bénéfique pour nos frères et sœurs chinois.
A la lumière de cette présente crise, j’encourage chacun d’entre vous à appeler à la fin immédiate de la répression brutale en cours, à la libération de tous les détenus, ainsi qu’à la fourniture immédiate de soins médicaux aux blessés.
Le Dalai Lama
Hamilton, NY
24 avril 2008
Source : www.dalailama.com