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Résumé : Que se passe t-il au Tibet ?

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80 morts ?

Thubten Samphel, porte-parole du gouvernement en exil, a précisé que de nombreuses sources à l’intérieur du Tibet avaient dénombré au moins 80 corps depuis les premières violences.


Après les évènements meurtriers de Lhassa, les tanks chinois sont aujourd’hui dans les rues et l’armée quadrille la ville.

Voici le résumé des principaux évènements de la semaine relatés dans la presse francophone .


photo AFP
photo AFP

Lundi 10 Mars

DHARAMSALA :

Déclaration de Sa Sainteté à propos du Tibet :

« La répression augmente jusqu’à atteindre d’énormes et inimaginables violations des droits de l’Hommes, jusqu’à la négation de la liberté religieuse et jusqu’à la politisation des questions religieuses ». « Ces dernières années, le Tibet a été le théâtre d’une répression et d’une brutalité croissantes. Malgré ces développements malheureux, je reste déterminé à poursuivre ma politique de la ‘voie moyenne.’ »

Début de la marche Dharamsala/Tibet :

Des centaines de Tibétains en exil en Inde se sont préparés à entamer une marche protestataire de six mois jusqu’au Tibet.

« C’est une marche populaire. Ce pourrait être notre plus important mouvement de protestation depuis que nous sommes partis en exil en 1959. Nous sommes déterminés à rentrer chez nous et personne ne pourra nous empêcher de le faire », a déclaré l’un des organisateurs de la manifestation, Lobsang Yeshi.
« Il n’y a pas de meilleure façon pour les Tibétains de prouver qu’ils appartiennent au Tibet », a expliqué Lhadon Tethong, président des Etudiants pour un Tibet libre, chapitre international.


LHASSA :

Ce même jour, un demi millier de moines du monastère de Drepung ont défié les autorités en organisant à Lhassa une marche qualifiée par Pékin d' »illégale » et de « menace contre la stabilité sociale ». Plus tard dans la journée, plusieurs moines d’un autre monastère important, celui de Sera, se sont réunis devant le Jokhang, la « cathédrale » de Lhassa.

Des touristes ont raconté que ces moines « formaient un cercle silencieux autour de la police », qui, dans un premier temps, n’a pas été en mesure de procéder à des arrestations. Des sources ont indiqué que les autorités chinoises n’auraient pas choisi la confrontation au début des manifestations, laissant même les moines de Drepung organiser leur « sit-in » durant huit heures.


NEPAL :

Une centaine de réfugiés tibétains au Népal ont été arrêtés après des heurts avec la police à Katmandou au moment où ils tentaient de se rendre à l’ambassade de Chine, à l’occasion du 49e anniversaire de la fuite du Dalaï Lama en Inde. « Ils seront probablement relâchés d’ici à ce soir », a déclaré une officier de police népalais alors que près de 500 personnes protestaient devant le commissariat aux cris de « Liberté pour le Tibet ».


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Mardi 11 Mars

LHASSA :

Mardi matin, après la marche vers Lhassa de 600 moines de Sera, les autorités chinoises ont décidé de disperser les manifestants. Ces moines se rendaient au siège de la police pour réclamer la libération de ceux qui avaient été arrêtés la veille. A leur arrivée, près de 2 000 policiers leur ont lancé des gaz lacrymogènes.


INDE :

La police indienne a entrepris de stopper la marche des tibétains vers la frontière. Elle les a informés qu’ils n’étaient pas autorisés à sortir du district de Kangra, dans l’Etat de l’Himachal Pradesh.

« Les réfugiés tibétains ont le droit de retourner au Tibet », a réaffirmé Tsewang Rigzin, président du Congrès des jeunes tibétains. « C’est le premier obstacle majeur auquel nous sommes confrontés, mais nous restons déterminés », a-t-il ajouté.
Pour les autorités indiennes, les marcheurs ne respectent pas un accord qui interdit aux exilés tibétains de mener des « activités anti-chinoises » sur le sol indien.

« S’ils nous arrêtent, nous recommencerons dès que nous aurons été libérés », a dit Tenzin Tsundue, un vétéran de la cause tibétaine.


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ETATS-UNIS :

Les Etats-Unis retirent la Chine de la liste des pires violateurs des droits fondamentaux. Le gouvernement américain relègue désormais la Chine au rang des «pays autoritaires en pleine révolution économique ayant vécu des changements sociaux rapides mais n’ayant pas procédé à des réformes politiques et continuant à nier à ses citoyens les droits de l’homme et les libertés fondamentales». La mesure coïncide en tout cas avec l’annonce récente de la reprise d’un «dialogue» entre les deux pays sur la question des droits de l’Homme.


PEKIN :

Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a demandé à Sa Sainteté de cesser les tentatives d' »indépendance du Tibet », et d’effectuer des actes concrets pour faire davantage de bien aux Tibétains. « La clique du Dalaï Lama a évoqué à plusieurs reprises la ruine de la culture et de l’environnement tibétains. Mais en fait, la société, l’économie et la culture tibétaines se sont développées régulièrement. Le peuple tibétain est de plus en plus heureux de jour en jour », a dit Qin Gang aux journalistes. « La seule chose qui a été détruite était le régime de servage, que la clique du Dalaï Lama avait envie de rétablir ».

Mercredi 12 mars

LHASSA :

600 moines du monastère de Sera ont essuyé les charges de deux mille policiers chinois à Lhassa. Les moines scandaient « libérez notre peuple » et reprenaient des slogans en faveur des droits de l’homme et de la liberté, a rapporté un témoin.


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NEW DELHI :

Une manifestation tibétaine a été violemment réprimée. Les manifestants ont tenté de pénétrer dans l’ambassade de Chine et ont été arrêtées par les autorités.

Jeudi 13 mars

LHASSA :

Les ralliements et manifestations continuent vers ce que l’on qualifie déjà comme le plus grand mouvement de protestation contre le régime chinois.


INDE :

La police indienne a arrêté la centaine d’exilés tibétains qui marchaient depuis lundi vers le Tibet. Ils ont été inculpés pour « menace contre la paix » et condamnés pour cela à deux semaines de détention.


PEKIN :

«Grâce aux efforts du gouvernement local et de l’administration démocratique des temples, la situation à Lhassa est stable ». Le porte parole du gouvernement chinois a également parlé de « quelques moines à Lhassa qui ont créé des désordres afin de semer le trouble ». Il a qualifié ces manifestations de « coup organisé par des groupes du dalaï-lama », avant de conclure: «Les autorités compétentes ont réglé l’affaire selon la loi.»

Vendredi 14 Mars

DHARAMSALA :

Sa Sainteté s’est dit « profondément inquiet » face à la tournure que prennent les événements et a appelé Pékin à cesser de recourir à la force. « Ces manifestations, poursuit-il dans un communiqué, sont une manifestation du profond ressentiment du peuple tibétain face à l’administration actuelle. »

En fin d’après midi, son porte parole annonçait que les accusations chinoises selon lesquelles le Dalaï Lama avait fomenté les manifestations violentes au Tibet étaient « absolument sans fondement


REACTIONS INTERNATIONALES :

– Paris :

Bernard Kouchner. « Nous avons demandé que le respect des droits de l’Homme soit assuré », a-t-il souligné avant de préciser que le communiqué ne faisait en revanche « pas mention des Jeux olympiques ». « La France n’était pas partisane d’un boycott mais la France peut attirer l’attention sur la concomitance entre les Jeux olympiques et cette aspiration tibétaine que la Chine doit prendre en compte. »

– Washington :

l’ambassadeur américain à Pékin demande au gouvernement chinois de « faire preuve de retenue » au Tibet et de ne pas recourir à la force, selon le Département d’Etat à Washington. La Maison Blanche « regrette » les violences au Tibet et réclame de la Chine le respect de la culture tibétaine.

– Union Européenne :

Les dirigeants européens réunis en sommet à Bruxelles appellent les autorités chinoises à faire preuve de « retenue » après les violences au Tibet

– Londres :

Le ministère britannique des Affaires étrangères fait part de son « inquiétude » suite aux informations faisant état de coups de feu à Lhassa.


PEKIN :

Les troubles à Lhassa ont été orchestrés par « la clique du Dalaï Lama », accuse le gouvernement régional du Tibet selon l’agence Chine nouvelle. Les médias chinois, strictement contrôlés, ont passé sous silence les évènements de Lhassa, seul le service en anglais de l’agence officielle Chine Nouvelle destinée à l’étranger en faisant mention.


LHASSA :

Plusieurs personnes ont été tuées, selon le centre des urgences médicales de la capitale du Tibet. Une touriste étrangère confirme avoir entendu des coups de feu, dans un entretien téléphonique avec l’AFP. Des touristes étrangers témoignent de la « panique » ayant accompagné l’intervention des forces de l’ordre à Lhassa, dans des interviews par téléphone avec l’AFP.
Les pompiers et un groupe de défense des droits des Tibétains indiquent que des incendies se sont déclarés sur le marché de la ville ancienne de Lhassa, le Barkhor, qui entoure le principal monastère de la capitale tibétaine. La situation est maintenant très chaotique », témoigne un habitant de Lhassa joint par téléphone. « Des manifestants incendient des voitures, des motos et des bus, des pierres ont été lancées contre des vitrines. Nous sommes effrayés. »

Selon James Miles, journaliste britannique de The Economist cité par l’agence japonaise Kyodo, des émeutiers contrôlaient le centre de Lhassa vendredi à la nuit tombée. « Les forces de sécurité forment apparemment un cordon de sécurité autour du centre historique de la capitale tibétaine », a-t-il ajouté. Selon un témoin cité par Matt Whitticase, du mouvement Free Tibet Campaign basé à Londres, un millier de policiers ont été déployés face à 400 manifestants près du temple de Jokhang. Quatre policiers auraient été blessés dans ces incidents, a-t-il ajouté.

«les manifestations ont éclaté simultanément en plusieurs endroits… Par moments, cela semblait organisé, et à d’autres, très spontané, de plus en plus de Tibétains rejoignaient la foule »
Une autre manifestation regroupant entre 3 000 et 4 000 personnes a eu lieu également à Xiahe dans le Gansu, province voisine du Tibet où vit une minorité tibétaine.

« Nous attendons ce qui se passera demain (samedi) », a dit une habitante contactée vendredi soir. « Cela pourrait empirer, nous avons peur. »

Deux moines de Drepung seraient dans un état critique après une tentative de suicide, selon Radio Free Asia.


KATHMANDOU :

Au moins 12 moines bouddhistes qui manifestaient en soutien aux Tibétains ont été blessés.

Le Népal a également annoncé qu’il fermerait au mois de mai l’accès au sommet de l’Everest pour le passage de la flamme olympique afin d’empêcher toute manifestation de soutien aux Tibétains.

Samedi 15 MARS

PEKIN :

Aux premières heures l’agence Chine nouvelle a indiqué que l’ordre public était « globalement revenu à la normale » et que plusieurs personnes avaient été hospitalisées, sans préciser qui étaient les blessés.

Le numéro un du Parti communiste chinois Hu Jintao a été reconduit par le Parlement pour cinq ans à la tête de l’Etat


PAS DE REACTION DANS LES PAYS ASIATIQUES :

Les pays asiatiques se sont abstenus pour l’instant de réagir aux événements du Tibet, même si les évènements font la « une » des journaux.


LHASSA :

Les informations sont rares, aucun journaliste n’est sur place et alors que la terreur semble régner.

Les trois monastères où les lamas ont entamé des grèves de la faim, ont été isolés du monde par les forces de l’ordre. Selon l’ONG Free Tibet campaign, basée à Londres, quinze lamas au moins ont été arrêtés.

Des tanks et des véhicules militaires patrouillent dans les rues.

« Aujourd’hui, Lhassa est complètement bouclé et il y a des militaires chinois partout, a raconté une touriste danoise de 58 ans, Bente Walle. « C’est une ville-fantôme ».
Les journalistes étrangers sont interdits de séjour au Tibet actuellement, à moins d’avoir un sauf-conduit de Pékin. Tous les étrangers ont besoin d’un permis spécial pour accéder à cette région autonome.

Les autorités chinoises ont donné un ultimatum aux manifestants. Toujours selon Chine Nouvelle, les personnes ayant participé aux émeutes à pourraient bénéficier de leur “clémence” s’ils se rendaient d’ici lundi à minuit.

Les autorités chinoises ont affirmé que la loi martiale n’était pas en vigueur à Lhassa. Mais l’accès du Tibet aux touristes étrangers en Chine est désormais impossible, selon plusieurs tour-opérateurs chinois.


INDE :

Plusieurs dizaines de manifestants dont de nombreux moines bouddhistes, ont repris la marche en direction du Tibet, malgré l’arrestation des précédents « marcheurs » jeudi.

« Nous continuerons de marcher jusqu’à ce que nous atteignions le Tibet », a déclaré l’organisateur de la marche, Chemi Youngdrung.


PEKIN :
Le numéro un du Parti communiste chinois, Hu Jintao, a été reconduit pour cinq ans à la tête de l’Etat,

Selon l’agence officielle Chine Nouvelle, les manifestations antichinoises de vendredi à Lhassa ont fait au moins 10 morts et de nombreux blessés dans cette capitale.


DHARAMSALA :

Le Parlement tibétain appelle l’ONU à envoyer des représentants immédiatement et à intervenir et enquêter sur les violations actuelles des droits de l’Homme au Tibet.
Le gouvernement en exil s’est déclaré « hautement préoccupé » par des informations « émanant des trois régions du Tibet et faisant état de personnes tuées au hasard, de blessés et d’arrestations de milliers de Tibétains qui manifestaient pacifiquement contre la politique chinoise ». «Nous avons des informations non confirmées faisant état d’une centaine de morts et de l’instauration de la loi martiale à Lhassa».

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