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Pacem in Terris – Partie 3 – Rapports entre les communautés politiques

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PACEM IN TERRIS

The Legacy of Christ
The Legacy of Christ

Rapports entre les communautés politiques


Droits et devoirs
– 80 – Nous affirmons à nouveau l’enseignement maintes fois donné par Nos prédécesseurs : les communautés politiques ont, entre elles, des droits et des devoirs réciproques : elles doivent donc harmoniser leurs relations selon la vérité et la justice, en esprit d’active solidarité et dans la liberté. La même loi morale qui régit la vie des hommes doit régler aussi les rapports entre les États.
– 81 – Ce principe s’impose clairement quand on considère que les gouvernants, lorsqu’ils agissent au nom et pour l’intérêt de leur communauté, ne peuvent en aucune façon renoncer à leur dignité d’homme ; dès lors, il ne leur est absolument pas permis de trahir la loi de leur nature, qui est la loi morale.
– 82 – Ce serait d’ailleurs un non-sens que le fait d’être promus à la conduite de la chose publique contraigne des hommes à abdiquer leur dignité humaine. N’occupent-ils pas précisément ces postes éminents parce que, en raison de qualités singulières, on a vu en eux les membres les meilleurs du corps social ?
– 83 – En outre, c’est l’ordre moral qui postule dans toute société la présence d’une autorité ; fondée sur cet ordre, l’autorité ne peut être utilisée contre lui sans se ruiner elle-même. L’Esprit-Saint nous en avertit : Écoutez donc, rois, et comprenez ! Instruisez-vous, souverains des terres lointaines ! Prêtez l’oreille, vous qui commandez aux peuples ! Car c’est le Seigneur qui Vous a donné le pouvoir et le Très-Haut la souveraineté ; c’est lui qui examinera votre conduite et scrutera vos desseins [[Sg 6,2-4.]].
– 84 – Faut-il enfin rappeler, en ce qui concerne les rapports internationaux, que l’autorité doit s’exercer en vue du bien commun ? Telle est sa première raison d’être.
– 85 – Or, l’un des premiers impératifs majeurs du bien commun concerne justement la reconnaissance et le respect de l’ordre moral. La bonne organisation des États trouve son assise sur le roc inébranlable et immuable de la loi morale, manifestée par le Créateur lui-même…, de l’ordre naturel, et inscrite par lui dans le coeur des hommes en caractères ineffaçables. Comme un phare resplendissant, elle éclaire de ses principes la route à tenir par les hommes et les peuples. Qu’ils se guident sur les signes et les avertissements si sûrs qu’elle leur adresse, s’ils ne veulent pas livrer à la tempête et au naufrage toute la peine et l’ingéniosité dépensées pour établir une organisation nouvelle [[Cf. Pie XII, Radio message de Noël, 1941, AAS XXXIV, 1942, p. 16.]].


Dans la vérité
– 86 – La vérité doit présider aux relations entre les communautés politiques. Cette vérité bannit notamment toute trace de racisme ; l’égalité naturelle de toutes les communautés politiques en dignité humaine doit être hors de conteste. Chacune a donc droit à l’existence, au développement, à la possession des moyens nécessaires pour le réaliser, à la responsabilité première de leur mise en oeuvre. Chacune revendiquera légitimement son droit à la considération et aux égards.
– 87 – L’expérience nous montre les différences souvent notables de savoir, de vertus, de capacités intellectuelles et de ressources matérielles qui distinguent les hommes les uns des autres. Mais cet état de fait ne donne aux plus favorisés aucun droit d’exploiter les plus faibles ; il leur crée, à tous et à chacun, un devoir plus pressant de collaborer à leur élévation réciproque.
– 88 – De même, certaines communautés politiques peuvent se trouver eu avance sur d’autres dans le domaine des sciences, de la culture, du développement économique. Bien loin d’autoriser une domination injuste sur les peuples moins favorisés, cette supériorité oblige à contribuer plus largement au progrès général.
– 89 – Il ne peut, certes, pas exister d’êtres humains supérieurs à d’autres par nature ; par nature, tous sont d’égale noblesse. Et pas davantage les communautés, politiques ne connaissent d’inégalité entre elles au point de vue de la dignité naturelle. Chacune est comme un corps dont les membres sont des hommes. D’ailleurs, l’histoire montre que rien n’affecte les peuples comme ce qui touche de près ou de loin à leur honneur, et cette sensibilité est légitime.
– 90 – La vérité exige encore que, dans les nombreuses initiatives rendues possibles par les dernières inventions de la technique et qui favorisent une plus large connaissance mutuelle entre peuples différents, on observe toujours une sereine objectivité. Chaque communauté peut assurément mettre en relief ses richesses propres, mais il faut absolument proscrire les méthodes d’information qui en violation de la vérité, porteraient injustement atteinte à la réputation de tel ou tel peuple [[Cf. Pie XII, Radio message de Noël, 1940, AAS XXXIII, 1941, p. 5-14.]].


Dans la justice
– 91 – Les rapports entre les communautés politiques doivent se conformer aussi aux règles de la justice ; ceci implique la reconnaissance des droits mutuels et l’accomplissement des devoirs correspondants.
– 92 – Puisque les communautés politiques ont droit à l’existence, au progrès, à l’acquisition des ressources nécessaires pour leur développement à la première place dans les réalisations qui les concernent, à la défense de leur réputation et de leur dignité, on en conclura qu’elles sont obligées, à titre égal, de sauvegarder chacun de ces droits et de s’interdire tout acte qui les léserait. Dans leurs rapports privés, les hommes ne peuvent poursuivre leurs intérêts propres au prix d’une injustice envers les autres ; pareillement, les communautés politiques ne peuvent légitimement se développer en causant un préjudice aux autres ou en exerçant sur elle une pression injuste. Il n’est pas hors de propos de citer ici le mot de saint Augustin : Une fois la justice mise de côté, que deviennent les empires, sinon des brigandages en grand [[De civitate Dei, lib. IV, c. 4 ; P. L., XLI, 115 ; cf. Pie XII, Radio message de Noël, AAS XXXII, 1940, p. 5-13.]] ?
– 93 – Il peut évidemment arriver, et de fait il arrive, que les communautés politiques entrent en rivalité d’intérêts ; ces conflits ne peuvent pourtant se régler ni par la force des armes ni par la fraude ou la tromperie, mais comme il convient à des hommes, grâce à la compréhension mutuelle, par une estimation objective des données et moyennant un compromis équitable.


Le sort des minorités
– 94 – Depuis le XIXe siècle, s’est accentuée et répandue un peu partout la tendance des communautés politiques à coïncider avec les communautés nationales. Pour divers motifs ; il n’est pas toujours possible de faire coïncider les frontières géographiques et ethniques : d’où le phénomène des minorités et les problèmes si difficiles qu’elles soulèvent.
– 95 – A ce propos, Nous devons déclarer de la façon la plus explicite que toute politique tendant à contrarier la vitalité et l’expansion des minorités constitue une faute grave contre la justice, plus grave encore quand ces manoeuvres visent à les faire disparaître.
– 96 – Par contre, rien de plus conforme à la justice que l’action menée par les pouvoirs publics pour améliorer les conditions de vie des minorités ethniques, notamment en ce qui concerne leur langue, leur culture, leurs coutumes, leurs ressources et leurs entreprises économiques [[Cf. Pie XII, Radio message de Noël, 1941, AAS XXXIV, 1942, p. 10-21.]].
– 97 – On observera pourtant que ces minorités, soit par réaction contre la situation pénible qui leur est imposée, soit en raison des vicissitudes de leur passé, sont assez souvent portées à exagérer l’importance de leurs particularités, au point même de les faire passer avant les valeurs humaines universelles, comme si le bien de toute la famille humaine devait être subordonné aux intérêts de leur propre nation. Il serait normal, au contraire, que les intéressés prennent également conscience des avantages de leur condition : le contact quotidien avec des hommes dotés d’une culture ou d’une civilisation différente les enrichit spirituellement et intellectuellement et leur offre la possibilité d’assimiler progressivement les valeurs propres au milieu dans lequel ils se trouvent implantés. Cela se réalisera s’ils constituent comme un pont qui facilite la circulation de la vie, sous ses formes diverses, entre les différentes traditions ou cultures, et non pas une zone de friction, cause de dommages sans nombre et obstacle à tout progrès et à toute évolution.


Solidarité efficace
– 98 – La vérité et la justice présideront donc aux relations entre les communautés politiques, et celles-ci seront animées par une solidarité efficace, mise en oeuvre sous les mille formes de collaboration économique, sociale, politique, culturelle, sanitaire et sportive : formes possibles et fécondes pour notre époque. A ce propos, ne perdons pas de vue que la mission naturelle du pouvoir politique n’est pas de limiter aux frontières du pays l’horizon des citoyens, mais de sauvegarder avant tout le bien commun national, lequel assurément est inséparable du bien de toute la communauté humaine.
– 99 – Ainsi, il ne suffit pas que les communautés politiques, dans la poursuite de leurs intérêts, se gardent de se causer du tort les unes aux autres. Il leur faut mettre en commun leurs projets et leurs ressources pour atteindre les objectifs qui leur seraient autrement inaccessibles. Dans ce cas, toutefois, on évitera par-dessus tout que des arrangements avantageux pour tel ou tel groupe de communautés politique ne se soldent pour d’autres par des dommages, mais bien par des avantages positifs.
– 100 – Pour satisfaire à une autre exigence du bien commun universel, chaque communauté politique doit favoriser en son sein les échanges de toute sorte, soit entre les particuliers, soit entre les corps intermédiaires. En beaucoup de régions du monde coexistent des groupes plus ou moins différents sous le rapport ethnique ; il faut veiller à ce que les éléments qui caractérisent un groupe ne constitue pas une cloison étanche entravant les relations entre des hommes de groupes divers. Cela détonnerait brutalement à notre époque, où les distances d’un pays à l’autre ont à peu près disparu. On n’oubliera pas non plus que, si chaque famille ethnique possède des particularités qui forment sa richesse singulière, les hommes ont en commun des éléments essentiels et sont portés par nature à se rencontrer dans le monde des valeurs spirituelles, dont l’assimilation progressive leur permet un développement toujours plus poussé. Il faut donc leur reconnaître le droit et le devoir d’entrer en communauté les uns avec les autres.


Équilibre entre populations, terres et capitaux
– 101 – Personne n’ignore la disproportion qui règne en certaines zones entre les terrains cultivables et l’effectif de la population, ou bien entre les richesses du sol et l’équipement nécessaire à leur exploitation. Cet état de choses réclame, de la part des peuples, une collaboration qui facilite la circulation des biens, des capitaux et des personnes [[Cf. Jean XXIII, encycl. Mater et Magistra, AAS LIII, 1961, p. 439.]].
– 102 – Nous estimons opportun que, dans toute la mesure du possible, le capital se déplace pour rejoindre la main-d’oeuvre et non l’inverse. Ainsi, on permet à des foules de travailleurs d’améliorer leur condition sans avoir à s’expatrier, démarche qui entraîne toujours des déchirements et des périodes difficiles de réadaptation et d’assimilation au nouveau milieu.


Le problème des réfugiés politiques
– 103 – L’affection paternelle que Dieu Nous inspire envers tous les hommes Nous fait considérer avec tristesse le phénomène des réfugiés politiques. Ce phénomène a pris d’amples proportions et cache toujours d’innombrables et très douloureuses souffrances.
– 104 – Ce fait montre que certains gouvernements restreignent à l’excès la sphère de liberté à laquelle chaque citoyen a droit et dont il a besoin pour vivre en homme ; ces régimes vont parfois jusqu’à contester le droit même à la liberté, quand ils ne le suppriment pas tout à fait. Une telle spoliation constitue sans aucun doute un renversement de l’ordre social, puisque la raison d’être des pouvoirs publics est de réaliser le bien commun, dont un élément fondamental consiste à reconnaître le juste domaine de la liberté et d’en protéger les droits.
– 105 – Il n’est pas superflu de rappeler que le réfugié politique est une personne, avec sa dignité, avec tous ses droits. Ceux-ci doivent lui être reconnus ; ils ne sont point caducs du fait que l’exilé serait, dans son pays, déclaré déchu de ses titres civiques ou politiques.
– 106 – Aussi bien est-ce un droit inhérent à la personne humaine que la faculté de se rendre en tel pays où on espère trouver des conditions de vie plus convenables pour soi et sa famille. Il incombe donc aux gouvernements d’accueillir les immigrants et, dans la mesure compatible avec le bien réel de leur peuple, d’encourager ceux qui désirent s’intégrer à la communauté nationale.
– 107 – Nous saisissons cette occasion d’exprimer officiellement Notre approbation et Nos éloges pour les initiatives qui, selon les principes de la solidarité fraternelle et de la charité chrétienne, travaillent à alléger les épreuves des personnes contraintes à s’expatrier.
– 108 – Nous proposons à l’attention et à la gratitude de tout homme loyal les multiples activités que déploient, dans un domaine si délicat, les institutions internationales spécialisées.


Désarmement
– 109 – Mais par ailleurs, il Nous est douloureux de voir, dans des pays à l’économie plus développée, les armements redoutables déjà créés et d’autres toujours en voie de création, non sans d’énormes dépenses d’énergie humaine et de ressources matérielles. De là, des charges très lourdes pour les citoyens de ces pays, tandis que d’autres nations manquent de l’aide nécessaire à leur développement économique et social.
– 110 – On a coutume de justifier les armements en répétant que dans les conjonctures du moment la paix n’est assurée que moyennant l’équilibre des forces armées. Alors, toute augmentation du potentiel militaire en quelque endroit provoque de la part des autres États un redoublement d’efforts dans le même sens. Que si une communauté politique est équipée d’armes atomiques, ce fait détermine les autres à se fournir de moyens similaires d’une égale puissance de destruction.
– 111 – Et ainsi les populations vivent dans une appréhension continuelle et comme sous la menace d’un épouvantable ouragan, capable de se déchaîner à tout instant. Et non sans raison, puisque l’armement est toujours prêt. Qu’il y ait des hommes au monde pour prendre la responsabilité des massacres et des ruines sans nombre d’une guerre, cela peut paraître incroyable ; pourtant, on est contraint de l’avouer, une surprise, un accident suffiraient à provoquer la conflagration. Mais admettons que la monstruosité même des effets promis à l’usage de l’armement moderne détourne tout le monde d’entrer en guerre ; si on ne met pas un terme aux expériences nucléaires tentées à des fins militaires, elles risquent d’avoir, on peut le craindre, des suites fatales pour la vie sur le globe.
– 112 – La justice, la sagesse, le sens de l’humanité réclament par conséquent, qu’on arrête la course aux armements ; elles réclament la réduction parallèle et simultanée de l’armement existant dans les divers pays, la proscription de l’arme atomique et enfin le désarmement dûment effectué d’un commun accord et accompagné de contrôles efficaces. Il faut empêcher à tout prix, proclamait Pie XII, que la guerre mondiale, avec ses ruines économiques et sociales, ses aberrations et ses désordres moraux, déferle une troisième fois sur l’humanité [[Cf. Radio message de Noël, 1941, AAS XXXIV, 1942, p. 17, et Benoît XV, Exhortation aux gouvernants des peuples belligérants, 1er août 1917, AAS IX, 1917, p. 418.]].
– 113 – Mais que tous en soient bien convaincus : l’arrêt de l’accroissement du potentiel militaire, la diminution effective des armements et – à plus forte raison – leur suppression, sont choses irréalisables ou presque sans un désarmement intégral qui atteigne aussi les âmes : il faut s’employer unanimement et sincèrement à y faire disparaître la peur et la psychose de guerre. Cela suppose qu’à l’axiome qui veut que la paix résulte de l’équilibre des armements, on substitue le principe que la vraie paix ne peut s’édifier que dans la confiance mutuelle. Nous estimons que c’est là un but qui peut être atteint, car il est à la fois réclamé par la raison, souverainement désirable, et de la plus grande utilité.
– 114 – D’abord il s’agit d’un objectif voulu par la raison. Pour tous la chose est évidente ou du moins elle devrait l’être : tout comme les rapports entre les particuliers, les relations internationales ne peuvent se régler par la force des armes ; ce qui doit les régir, c’est la norme de la sagesse, autrement dit la loi de vérité, de justice, de solidarité cordialement pratiquée.
– 115 – Objectif souverainement désirable. Qui ne voudrait voir les risques de guerre éliminés, la paix sauvegardée et toujours mieux garantie ?
– 116 – Enfin, rien de fécond comme un tel résultat. La paix rend service à tous : individus, familles, nations, humanité entière. Il résonne encore à nos oreilles, l’avertissement de Pie XII : Avec la paix, rien n’est perdu ; mais tout peut l’être par la guerre [[Cf. Radio message du 24 août 1939, AAS XXXI, 1939, p. 334.]].
– 117 – Aussi, comme Vicaire du Christ-Jésus, Sauveur du monde et Auteur de la paix, traduisant les aspirations les plus ardentes de la famille humaine tout entière et suivant l’impulsion de Notre coeur, anxieux du bien de tous, Nous estimons de Notre devoir d’adjurer tous les hommes, et surtout les gouvernants, de n’épargner aucun effort pour imprimer aux événements un cours conforme à la raison et à l’humanité.
– 118 – Que les assemblées les plus hautes et les plus qualifiées étudient à fond le problème d’un équilibre international vraiment humain, d’un équilibre à base de confiance réciproque, de loyauté dans la diplomatie, de fidélité dans l’observation des traités. Qu’un examen approfondi et complet dégage le point à partir duquel se négocieraient des accords amiables, durables et bénéfiques.
– 119 – De Notre côté, Nous implorerons sans cesse les bénédictions de Dieu sur ces travaux, afin qu’ils créent des résultats positifs.


Dans la liberté
– 120 – L’organisation internationale doit respecter la liberté. Ce principe interdit aux nations toute ingérence dans les affaires internes des autres comme toute action oppressive à leur égard. A chacune, au contraire, de favoriser chez les autres l’épanouissement du sens des responsabilités, d’encourager leurs bonnes initiatives et de les aider à promouvoir elles-mêmes leur développement dans tous les secteurs.


La promotion des pays en voie de développement économique
– 121 – Une commune origine, une égale Rédemption, un semblable destin unissent tous les hommes et les appellent à former ensemble une unique famille chrétienne. C’est pourquoi Notre encyclique Mater et Magistra a recommandé aux pays mieux pourvus l’assistance à départir sous les formes les plus variées aux nations en voie de développement [[AAS L111, 1961, p. 440-441.]].
– 122 – Nous éprouvons une vive satisfaction à constater l’accueil très favorable fait à Notre appel. Nous espérons que celui-ci trouvera encore plus d’écho à l’avenir et que les peuples pauvres, en améliorant leur situation matérielle le plus vite possible, parviendront à un degré de développement permettant à chacun de mener une existence plus humaine.
– 123 Mais, soulignons-le avec insistance, l’aide apportée à ces peuples ne peut s’accompagner d’aucun empiétement sur leur indépendance. Ils doivent d’ailleurs se sentir les principaux artisans et les premiers responsables de leur progrès économique et social.
– 124 – C’est l’enseignement si sage de Notre prédécesseur Pie XII : L’organisation nouvelle fondée sur les principes moraux exclut toute atteinte à la liberté, à l’intégrité ou à la sécurité des nations étrangères, quelles que soient l’étendue de leur territoire ou leur capacité de défense. Forcément, en raison de la supériorité de leurs ressources et de leur influence, les grandes puissances définissent, en général, par priorité, le statut des unions économiques qu’elles forment avec des nations plus petites et plus faibles. Mais à celles-ci non moins qu’aux autres, dans le domaine de l’intérêt général, on doit laisser leur indépendance politique et la faculté réelle de rester neutres lors des conflits internationaux conformément aux droits de défendre leur développement économique propre. Moyennant ces conditions, elles pourront concourir au bien commun de l’humanité et assurer le progrès matériel et spirituel de leur peuple [[Cf. Radio message de Noël, 1941, AAS XXXIV, 1942, p. 16-17.]].
– 125 – Les communautés politiques économiquement développées, dans leur action multiforme d’assistance aux pays moins favorisés, sont tenues de reconnaître et de respecter les valeurs morales et les particularités ethniques de ceux-ci, et de s’interdire à leur égard le moindre calcul de domination. C’est ainsi qu’elles apportent une précieuse contribution à la formation d’une communauté mondiale, dont tous les membres, conscients de leurs obligations comme de leurs droits, travailleraient sur un pied d’égalité à la mise en oeuvre du bien commun universel [[Jean XXIII, encycl. Mater et Magistra, AAS LIII, 1961, p. 443.]].


Signes des temps
– 126 – Il est une persuasion qui, à notre époque, gagne de plus en plus les esprits, c’est que les éventuels conflits entre les peuples ne doivent pas être réglés par le recours aux armes, mais par la négociation.
– 127 – Il est vrai que, d’ordinaire, cette persuasion vient de la terrifiante puissance de destruction des armes modernes et de la crainte des cataclysmes et des ruines épouvantables qu’occasionnerait l’emploi de ces armes. C’est pourquoi il devient humainement impossible de penser que la guerre soit, en notre ère atomique, le moyen adéquat pour obtenir justice d’une violation de droits.
– 128 – Le fait est, cependant, que nous voyons encore, hélas ! régner bien souvent sur les peuples la loi de la crainte, ce qui les conduit à consacrer des sommes énormes aux dépenses militaires. Ils agissent ainsi non dans un dessein offensif, affirment-ils – et il n’y a pas de raison de mettre en doute leur sincérité, – mais pour dissuader les autres de les attaquer.
– 129 – Néanmoins, il est permis d’espérer que les peuples, intensifiant entre eux les relations et les échanges, découvriront mieux les liens d’unité qui découlent de leur nature commune ; ils comprendront plus parfaitement que l’un des devoirs primordiaux issus de leur communauté de nature, c’est de fonder les relations des hommes et des peuples sur l’amour et non sur la crainte. C’est, en effet, le propre de l’amour d’amener les hommes à une loyale collaboration, susceptible de formes multiples et porteuse d’innombrables bienfaits.


– Pacem In Terris – Partie 1 – L’ordre dans les êtres humains
– Pacem In Terris – Partie 2 – Rapports entre les hommes et les pouvoirs publics
– Pacem in Terris – Partie 3 – Rapports entre les communautés politiques
– Pacem In Terris – Partie 4 – Rapports des communautés politiques avec la communauté mondiale
– Pacem In Terris – Partie 5 – Directives pastorales


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