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Birmanie – Le bouddhisme en action – Préceptes et histoire

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Un moine peut-il « faire de la politique »

même si c’est dans une situation d’urgence ?


Je voudrais réagir par rapport à la remarque d’une personne que j’ai eu au téléphone hier soir qui, après avoir lu notre dossier sur la Birmanie, considère que les bonzes birmans, en tant que corps religieux, devaient rester à l’écart de tout engagement politique. Selon notre interlocuteur, leur rôle n’est pas de prendre partie dans un conflit, mais d’apporter un comportement éthique. Elle ajoute que le danger de cette position, sans compter les violences, serait de réduire la dimension spirituelle du bouddhisme ou de la religion en général.

Plusieurs fois, ces questions ont été soulevées : Est-ce permis par les préceptes ? Dans une situation d’urgence un moine peut-il « faire de la politique » ? Qui s’engagent, les moines en tant que « religieux » ou en tant que « personnes sociales » ?


Les moines bouddhistes ne sont pas sans lien avec la société, et encore moins dans un pays entièrement dédié à Bouddha. Sans jouer le rôle de guides de conscience politique, ils partagent les mêmes valeurs avec la communauté.

Leur engagement est un fait avéré. En 1948, ils ont été actifs dans la lutte pour l’indépendance face aux colonisateurs britaniques. Aussi lors des manifestations de 1988, puis deux années plus tard, au moment de la « révolte des jeunes Bonzes » à Mandalay.

Etant quotidiennement en contact avec le peuple, ils ne se démarquent pas du coeur de la vie sociale.

Les préceptes ne sont pas des régles dogmatiques

mais des comportements éthiques

face auxquels nous pouvons nous mesurer et progresser.


Il ne faut pas confondre.

Les préceptes ne sont pas des rêgles dogmatiques mais des comportements éthiques face auxquels nous pouvons nous mesurer et progresser. Les principaux sont au nombre de cinq, ceux que tous les gens qui ont « pris refuge » cultivent.

Le Bouddha les a énoncé dans une souplesse à caractère humain.

Il ne dit pas « Ne tue pas » mais « je m’abstiens de nuire à la vie d’autrui ».

Il prend largement en compte la dimension humaine de l’homme,
dans toutes ses complications et sa fragilité.
Ce ne sont pas de bonnes choses qu’il faut accomplir,
ce sont les mauvaises choses qu’il faut éviter.
Ici la question « est-ce permis par les préceptes » n’a pas de sens.

Les préceptes sont respectés dans la démarche des moines bouddhistes face à la junte militaire.

La question véritable, indirectement soulevée par notre interlocuteur est:

« à quoi servent les préceptes? »

Purifier son esprit, prendre conscience de tout ce qui nous entoure

et arrêter de s’investir sans des choses mauvaises ou inutiles.

Il ne faut pas les réduire à une science de l’intériorité
mais les cultiver dans une éthique de responsabilité individelle et collective.

Quand les moines birmans sont en marche pour la paix,

ils le font dans un esprit positif puissant.

Ils cultivent ce que l’on nomme dans le bouddhisme
les « 4 incommensurables », les 4 conduites vertueuses:
– la bienveillance universelle
– la compassion
– la joie sympathique
– l’équanimité, qui est l’état de paix face à toute circonstance.


En 1996, dans une interview au Bangkok Post, Aung San Suu Kyi déclare:

« La tradition d’engagement des moines dans la politique est très ancienne
et ne disparaîtra pas facilement.

Elle se manifeste plus ou moins ouvertement selon les circonstances

et elle peut se réfugier dans la clandestinité ».


En son temps le Bouddha donna son point de vue pour améliorer la vie sociale et économique.

Il énonce les 10 devoirs du roi qui s’appuient sur un soucis de sociabilité,

d’aide envers les plus démunis

et insiste surtout sur les affres du pouvoirs.

Le roi doit appliquer le don, être bienveillant, appliquer les 5 préceptes,

respecter des valeurs telles que l’honnêteté, l’intégrité dans l’exercice de ses fonctions…


Pour le moment, l’action des moines à limiter beaucoup de dégâts.

Comme le précise la figure de proue du bouddhisme européen, Matthieu Ricard, dans son message de soutien:

« Ils font preuve de courage en se mettant au premier rang, il est certain que si le peuple avait commencé à manifester, cela aurait été Tiananmen en quelques heures. »


Que doit-on attendre de leur démarche de paix?

Une défection au sein même de la junte?

Cette philosophie de paix en marche a déjà fait ses preuves.

Une journée de cérémonies et de prières pour la Birmanie est organisée par l’Union Bouddhiste de France à la Pagode de Vincennes le samedi 6 octobre. Buddhachannel couvre l’événement, et dans une démarche d’interaction, nous proposons à quiquonque d’agir à sa manière. (création de badge, diffusion d’affiches…)


Stanislas Wang-Genh pour www.buddhachannel.tv

Prions et agissons pour les birmans
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