La tradition mythologique celtique enseigne qu’Arthur repose sur l’île d’ Avalon. Quiconque retrouvera l’entrée de ce royaume, retrouvera le roi légendaire, veillé par sa soeur la Fée Morgane, dans l’attente de son retour qui marquera l’union de la Bretagne.
Avalon (« la pommeraie » en gaulois) est une île au sens celte du terme : un endroit isolé, coupé de l’espace et du temps et séparé du reste du monde.
Sa reine la Fée Morgane y demeure, accompagnée de ses huit soeurs les prêtresses de Ceridwen. Seuls les initiés savent appeler la barque qui y mène et retrouver le chemin à pieds, au travers d’un labyrinthe marécageux. Ces épreuves confèrent à l’endroit un caractère mystique inaccessible et hautement féerique.
L’île mythique fait figure d’un autre monde_ pour certains un au-delà_ dont l’entrée pourrait bien se situer dans notre monde. Elle donne en outre des indications précieuses sur l’évolution des croyances celtiques, à travers l’Histoire et ses rebondissements. De fait, les descriptions d’Avalon sont fonction de l’influence plus ou moins grandissante du Christianisme sur les traditions celtiques.
Avant que les chevaliers de la Table Ronde ne retrouvent le Graal, Avalon est l’île sacrée celtique par excellence. Puis au fur et à mesure que l’on progresse dans le temps, elle perd étrangement de son aura pour finalement prendre place durant la Renaissance, sur une des premières cartes de l’Amérique (à l’emplacement de Terre-Neuve).
Comment expliquer que l’île mythique de la légende arthurienne aie autant perdu de son aspect magique?
En dépit de cette dévalorisation, il n’a jamais été question de disparition car Avalon demeure une légende symbolique de la tradition celtique. Les récits de l’île se greffent simplement à un fond christiannisé. Beaucoup la considère comme le « dernier refuge de la tradition celtique », pareille à l’Irlande préservée pendant des siècles grâce à son insularité.
Toutefois, la comparaison s’arrête là.
On situe aujourd’hui l’emplacement d’Avalon à Glastonbury, dans le comté de Sommerset, au Sud de l’Angleterre. Des vestiges de villages lacustres y témoignent du passé insulaire de la ville et donnent du crédit à cette hypothèse.
Il convient cependant de ne pas négliger que Glastonbury fut l’un des premiers établissements chrétiens d’Angleterre. Il n’est pas impossible que l’Eglise soucieuse de conquérir les âmes des fougueux Celtes, se soit approprié la légende arthurienne de manière à ce que l’acculturation s’effectue au mieux.
LA FIN DU DRUIDISME ET LA DISPARITION D’ARTHUR
Comme Arthur, la tradition celtique est gravement blessée. Et tout comme son roi, elle souffre de sombrer dans l’oubli.
Le parallèle est saisissant.
En Bretagne conquise par les Romains, les druides ont disparu de la postérité alors que la Christianisation précoce est définitive. Le clergé ne fait pourtant pas disparaître les bardes, personnages folkloriques et la langue indigène subsiste tout comme les petits royaumes celtiques.
En revanche, en Bretagne armoricaine, la mythologie celtique ne survit qu’à l’état résiduel au sein d’un pays largement christianisé depuis longtemps.
Quant à l’Irlande, elle ne connaît le Christianisme que très tardivement, vers le milieu du Vème siècle. Le pays est converti en une seule fois en 432, lorsque le roi Loegaire, ses filles, ses guerriers et ses druides sont approchés par Saint Patrick, à la cour de Tara.
Quelques années plus tard, l’Irlande était chrétienne, sans heurts et sans martyrs. Patrick revoit la législation irlandaise pour la mettre en conformité avec la parole évangélique. Elle est alors mi-Chrétienne, mi-celtique il faudra trois siècles à Rome pour la remettre au pas.
La symbolique Avalon est encore aujourd’hui une source d’inspiration pour les cinéastes et romanciers.
Elle est l’âme des légendes arthuriennes parce qu’aussi le sanctuaire de la convalescence du roi. Cette île mythique résiste à l’érosion en emportant dans son sein, une figure légendaire de la mythologie celtique et son accès inconnu des novices l’isole de la corruption des hommes.
Tout comme Morgane autrefois s’y était réfuguée afin de fuir ses amours malheureux et la cruauté du destin, il semblerait que l’âme de la mythologie celtique s’y soit évanouie dans l’attente du réveil.
Hélène LE, pour www.buddhachannel.tv