Accueil Espace Bouddhiste Société 25 mai 1964: discours de Modibo Keita pour la journée de l’Afrique

25 mai 1964: discours de Modibo Keita pour la journée de l’Afrique

102
0

DISCOURS DE MODIBO KEITA



_modibokeita.jpg



1915-1977

Président de la République du Mali entre 1960 et 1968, il participe à la rédaction de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, adoptée par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en juin 1981 et la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, adoptée par l’OUA en juillet 1990.


Exposé au cours d’une conférence des cadres lors de la journée de l’Afrique



25 mai 1964


Chers Camarades,



Nous commémorons aujourd’hui le jour où pour la première fois dans l’histoire, les chefs de 31 Etats indépendants prenaient place dans l’hémicycle de l’Africa Hall à Addis-Abéba, pour dégager ensemble un cadre à leur unité.

L’événement avait surpris par son ampleur, certes. L’insistance sur les curiosités exotiques des apparats ou des caractères n’a jamais pu masquer les inquiétudes des héritiers légaux et spirituels des Empires.

Les observateurs et spécialistes impénitents savaient combien les hommes réunis à Addis-Abéba se souviendraient.
Ils savaient que l’initiative de cette rencontre trouve son origine et un écho profond dans les coeurs des hommes de tout notre continent, qui n’ont jamais cessé de lutter pour l’unité.

Ils savaient que cette Conférence s’inscrirait dans cet élan invincible des peuples d’Afrique vers la liberté, dans la tradition d’hommes d’honneur qui n’ont jamais capitulé devant l’occupant étranger.

Partout, sous tous les cieux, sous toutes les latitudes, la géante Afrique rappelait à ses maîtres d’hier, à tous leurs homologues comme à leurs valets, que l’enfant esclave avait grandi et goûté aux primeurs de la liberté, que l’arbuste d’hier devenu roi de la forêt, avait décidé de sortir de sa torpeur.

L’histoire récente des territoires d’Afrique atteste à chaque instant que nos peuples n’ont jamais dissocié la lutte d’émancipation de la lutte pour l’unité.

La stratégie des mouvements de libération de notre continent imposait comme une nécessité première le rétablissement de cette unité.

C’est en raison du caractère prioritaire de cet objectif, que notre Parti, l’Union Soudanaise-R.D.A., a vu le jour, par la fusion en 1947, de la S.F.I.O. Soudanaise, du Parti Démocratique Soudanais, et plus tard du B.D.S.

Les citoyens du Soudan Français d’hier avaient exprimé alors dans leur majorité leur parfait accord avec le Rassemblement Démocratique Africain, en affirmant leur conviction que l’unité est l’arme décisive des peuples en lutte pour leur libération, leur émancipation comme le stipulait le manifeste du mouvement.

Voilà le principe qui a guidé notre Parti, l’Union Soudanaise-R.D.A., et que chaque militant a vérifié dans les faits par la solidarité agissante entre les sections du R.D.A., car, à chaque moment, les échanges de délégations sont venus compléter une harmonisation plus profonde des objectifs et des méthodes, harmonisation indispensable en raison même du développement inégal de la lutte et des conditions objectives de celle-ci.

L’unité ainsi conçue et mise en oeuvre, a assuré le développement croissant de la lutte, mettant en évidence dans la période de 1947 à 1955, un certain nombre d’enseignements, de lois fondamentales du développement historique du mouvement de lutte de libération des peuples.

La première leçon que nous pouvons retenir est que, c’est dans la définition claire des objectifs et des moyens concrets de les atteindre, moyens nécessairement à la portée du peuple, que celui-ci peut être mobilisé.

Nous y avons appris, et les autres partis africains également, que seul le peuple est invincible, d’où la nécessité de demeurer soudés à lui, pour assurer la victoire.

Le recul du temps nous permet par ailleurs de mieux apprécier ce qui, à l’époque, fut baptisé le tournant du Rassemblement Démocratique Africain, ou du syndicalisme africain, etc. Replacé dans le contexte général de notre progression, ils apparaissent non point comme des tournants, mais comme des ressaisissements salutaires, un retour à la réalité objective de nos pays. Ces mêmes faits, replacés dans la période historique de 1946 à nos jours, vérifient une fois de plus, que le développement de la lutte des peuples ne suit jamais une ligne droite. En effet, les travailleurs, les jeunes, les femmes, les anciens combattants que nous étions, ne pouvant pas nier que ce qui est atteint et ce qui se réalise aujourd’hui correspond, en tout point, à nos désirs secrets d’hier, à nos revendications les plus chères. Ce qui, ici, est valable pour le Mali, l’est aussi pour l’entité Afrique en ce qui concerne l’indépendance…

Toute cette expérience ne réaffirme-t-elle pas avec force que l’unité est nécessaire au triomphe des causes justes, de la cause du peuple.

C’est pour cela qu’en 1956, lors des débats sur la loi-cadre, des discussions sérieuses se sont déroulées sur ce qui a été appelé le projet Defferre. Vous en devinez les fondements, que les historiens africains auront à reconstituer. Il faut se souvenir que l’époque envisagée était dominée par un dilemme. Fallait-il cueillir cette semi-autonomie, couronnement des sacrifices consentis par nos peuples, et continuer de livrer bataille contre la division de l’Afrique ? où bien, conscients que l’unité est nécessaire, fallait-il refuser la loi-cadre et préserver l’unité, avec sous-entendu, la libération totale de l’Afrique et son indépendance réelle.

Entre les deux options, la première correspondait aux calculs des colonisateurs, la seconde entrait en contradiction avec les lois et l’expérience du développement historique de la société, parce que cette perspective relevait des vieilles positions dogmatiques sur la révolution globale.

Parce que la seconde voie était fondamentalement erronée et condamnée par l’histoire, nous avons choisi la première avec la perspective de féconder les liens séculaires entre peuples africains par les relations politiques déjà développées à un degré appréciable.
L’opinion était courante alors selon laquelle il était impossible de conserver l’unité après la balkanisation ; elle traduisait concrètement une appréhension justifiable devant les difficultés qui jalonnent la voie choisie par notre Parti, comparée implicitement à l’autre alternative. Mais n’est-ce pas, camarades, le propre des voies justes, des causes justes, que de comporter des difficultés ?

Ce dont il fallait s’assurer dès cette époque, c’est la place accordée aux problèmes de l’Unité par les responsables africains eux-mêmes. Il s’agissait de savoir si chacun d’entre eux était prêt à prendre la cause du peuple, c’est-à-dire à mener la bataille pour l’Unité africaine, ne fût-ce que sur la base de la plate-forme géographique, économique des entités administratives, consacrées par plusieurs décades d’occupation étrangère, donc de vie économique, politique, sociale et culturelle commune.

D’autre part, le mouvement de libération nationale en Afrique, on l’a souvent peu souligné se situait dans l’après-guerre, dans le contexte progressiste de l’élargissement du camp de la liberté, par la naissance de nouvelles démocraties. En 1946, la crise générale de l’impérialisme devait s’accentuer par le développement de la lutte des peuples pour leur libération, plus particulièrement de la lutte des peuples colonisés, à laquelle contribuait concrètement notre parti, à la tête de notre peuple. De plus, notre choix correspondait aux décisions de la Conférence historique de Bandoeng, qui dans ses résolutions en 1955 donnait la priorité exclusive aux combats pour la liberté par les voies que dictent les conditions spécifiques des pays opprimés.

Le Rassemblement Démocratique Africain en général, plus singulièrement notre Parti, devait établir avec courage et clairvoyance l’ordre de priorité entre les divers objectifs de nos peuples. Dans le contexte historique de Bandoeng, en respect même de la mémoire des héros de Thiaroye, d’Abidjan, de Bouaflé, de Dimbokro, de Bouaké, de Sikasso, de Conakry, de Kankan et d’ailleurs, notre Parti a donné au combat la place qui lui revient. Certes, la situation nouvelle appelait la mise en œuvre de formes nouvelles. Mais cette capacité d’adaptation n’est-elle pas une qualité indispensable au Parti révolutionnaire promu aux honneurs de l’Histoire comme le nôtre ?
Une fois de plus, l’Unité était mise au service de la Révolution, avec la conviction établie qu’à son tour la Révolution consolidera et fera progresser l’Unité. L’étape de la loi-cadre devait confirmer le lien objectif, dialectique qui unit ces deux notions, dans la réalité, comme dans le cœur de chaque Africain.

L’Histoire n’a pas laissé subsister le doute plus longtemps, et les partis révolutionnaires, les partis du peuple au service du peuple, s’étaient attelés avec succès aux tâches de décolonisation des conditions objectives internes de libération. Dans cette œuvre se retrouvaient au fur et à mesure, sur la plate-forme de combat, les antagonistes de 1956. Survient le Référendum de 1958, dans une Afrique caractérisée par un degré inégal du niveau de développement de la lutte et partant de la prise de conscience des masses.
Là encore, le courage politique, la fidélité à la cause du peuple, l’engagement de la révolution ne se mesuraient point par un vote mécanique, affirmatif ou négatif ; nous sommes en droit de penser que si l’Histoire n’a pas dit son dernier mot, le choix était clair : il s’agissait de prendre une décision conforme aux intérêts de la Révolution, une décision au service exclusif des intérêts majeurs de la Révolution, une décision en fonction des moyens maxima et objectifs de la Révolution. Je suis de ceux qui pensent que les choix dans leurs diversités se sont soumis à cet impératif, selon le niveau du développement de la lutte.
Après ce fait marquant de notre histoire, les travailleurs, les jeunes se sont retrouvés une fois de plus, côte à côte sur le terrain de la lutte, au fur et à mesure que se poursuit la lutte.

Ensemble, nous avons oeuvré à l’exploitation systématique du cadre nouveau de l’autonomie, où dans bien des domaines, l’événement est venu cautionner des situations de fait dans notre pays, situation créée par la volonté du peuple de dépasser le stade de l’autonomie. La lutte donc avait atteint un degré qui exigeait une ouverture à bref délai vers l’indépendance.

C’est le moment de se souvenir que l’Unité demeurait un de nos objectifs ; l’on saisira mieux pourquoi les conditions internes et déterminantes de la libération étant réunies, notre Parti s’est attaché à la réalisation des conditions extérieures, en raison même de notre attachement à la libération de tous les peuples et à la réalisation d’une nation indépendante économiquement stable. De plus, le contexte extérieur commande dans une mesure fort appréciable la vitesse de développement des forces révolutionnaires dans un pays central comme le nôtre, et constitue un élément déterminant de la tactique révolutionnaire de notre Parti.

discours2_modibo_keita.gif


« Ils savaient que l’initiative de cette rencontre trouve son origine et un écho profond dans les coeurs des hommes de tout notre continent, qui n’ont jamais cessé de lutter pour l’unité. »


Le degré d’ardeur des peuples d’Afrique, le niveau de leur conscience politique, la capacité de lutte des partis, de leurs cadres et de leurs dirigeants, leur volonté d’Unité ; bref, toutes ces différenciations normales ont eu pour effet la constitution d’ensembles nouveaux. C’était la preuve que l’Unité était devenue un stimulant indispensable de la lutte dans nos pays qui avaient à se libérer du colonisateur commun.

Voilà comment notre Parti s’empressa de constituer la Fédération du Mali, qui provoqua non seulement un îlot d’indépendance, mais une cassure dans le système politico-stratégique de la France en Afrique.

Il n’est point besoin ici de rappeler les effets positifs de cette union, aussi bien pour chacun des partenaires que pour le mouvement de libération en Afrique.

De même notre Parti a tiré de cette expérience, des enseignements inestimables sur l’édification et la pratique de l’Unité Africaine, sur le rôle, les méthodes et les moyens du néo-colonialisme.
L’éclatement de la Fédération du Mali n’a pas été moins bénéfique, en permettant de libérer les forces révolutionnaires parvenues à maturité à travers tout notre pays uni. Notre Congrès tirant les leçons de cette brève période, en même temps qu’il optait pour la voie socialiste du développement de notre société, réaffirmait l’unité dans son vrai cadre, c’est-à-dire celui de la Révolution, au service de la Révolution.
Nul ne conteste que c’est conformément à cette directive que nous avons constitué avec les pays frères du Ghana et de Guinée le 1er juillet 1961, l’Union des Etats Africains. Les bases du Groupe de Casablanca, élaborées le 7 janvier 1961, reflétaient le même esprit.

Vous savez ce qu’il advient de l’Afrique, de nos propres amitiés, sous les assauts répétés, perfides ou outrecuidants du néo-colonialisme. Vous savez aussi, les changements quantitatifs qui se sont accumulés ici et là en Afrique pour dégager la nécessité de l’appel mutuel, de la solidarité agissante entre Etats, pour servir les peuples africains épris de liberté et d’unité. Notre Parti a joué dans ce combat un rôle à la mesure de notre conviction en la justesse de notre option socialiste, un rôle également à la mesure de notre ardent désir d’unité.

La Direction Politique Nationale, en exécution des résolutions du Sixième Congrès, a multiplié les contacts qui ont porté de nombreux fruits parmi lesquels je cite pour mémoire le Traité portant délimitation des frontières entre la Mauritanie et le Mali, le Traité d’amitié et de coopération avec la Côte d’Ivoire, la reprise des relations avec le Sénégal, etc.. .

Tout au long de ce processus, notre Parti a veillé scrupuleusement au respect de notre option, au maintien et au développement de l’enthousiasme de notre peuple. Une fois de plus, il a confirmé notre conception, en mettant l’unité entièrement au service de la Révolution.

C’est le même contenu que nous donnions à notre participation à la Conférence d’Addis-Abéba, que de tous bords on vouait à l’échec ou à la contre-révolution. C’était, je crois, sous-estimer la volonté de libération des peuples d’Afrique, volonté à laquelle aucun responsable ne peut se soustraire. En vérité, pas un Chef d’Etat Africain ne pouvait échapper au contrôle de son peuple à la tribune internationale de l’Africa Hall. Notre Parti a apprécié correctement la situation, et traduisant votre volonté à tous, il a fait d’Addis-Abéba une contribution à l’Unité pour la libération de l’Afrique, pour la défense de la personnalité et de la dignité africaines, donc objectivement, un soutien direct au triomphe de l’option socialiste du Mali.

La Conférence d’Addis-Abéba a évité la cristallisation de l’Afrique en Afrique révolutionnaire dite aventurière et en Afrique réformiste dite modérée, en Afrique amie de l’Occident et en Afrique ennemie de l’Occident, inféodée à l’Est ; elle a barré la route à l’implantation de la guerre froide sur notre Continent.

C’est bien cela, la signification profonde que notre Parti en a tirée le 8 juin 1963, au cours de sa Conférence Nationale des Cadres et qui seule est à la base de l’approbation unanime de notre peuple, en dehors de toute autre raison subjective. Ainsi, nous constaterons que la Charte de l’Organisation de l’Unité Africaine reconnaît que « l’Unité permet de sauvegarder l’indépendance des peuples et leur souveraineté face aux entreprises du Colonialisme », elle confirme une position de notre Parti.

Lorsqu’elle indique plus précisément que « l’Unité permet l’élaboration d’une politique africaine indépendante de toute influence étrangère », l’intention exprimée rencontre notre préoccupation ; lorsqu’elle opte pour (je cite) : « l’affirmation d’une politique de non-alignement à l’égard des blocs », notre adhésion est totale. Lorsqu’enfin, les 31 chefs d’Etats Africains ont inscrit dans la Charte qu’ils ont ratifiée (je cite) : « le dévouement total à l’entière émancipation des territoires d’Afrique encore dépendants, nous militants de l’Union Soudanaise-R.D.A., nous reconnaissons que nous sommes comblés. »

La Conférence des Chefs d’Etats a été plus loin ; elle a élaboré, dans le cadre de l’O.U.A., un programme sous forme de résolutions concernant tous les domaines ; elle a créé les institutions chargées d’appliquer, de mettre en œuvre ce programme.

L’honneur revient au Comité de Libération, appelé encore « Comité des Neuf ». Disons tout de suite que le Gouvernement de la République du Mali, pénétré de l’importance vitale de cet Organisme, s’est acquitté de sa quote-part, et ce dans les délais indiqués. Cet organisme subit les assauts des ennemis et des critiques. Les nationalistes souhaitent ardemment l’organisation d’un approvisionnement en matériel de guerre, la formation technique et militaire de leurs ressortissants. Il est indiscutable que ces demandes étaient justifiées à l’avance par les résolutions d’Addis-Abéba.
Il reste que le Comité des Neuf a eu d’abord à s’atteler à l’unification des mouvements d’indépendance dans chaque territoire, et à élaborer en même temps son plan d’action. J’ai la certitude que la prochaine Conférence des Chefs d’Etats prendra, sous la forme la mieux appropriée, les décisions convenables, en définissant à chaque Etat son apport en vue de donner satisfaction aux combattants de la liberté. Quant au problème de l’Afrique du Sud, des succès importants ont été remportés dans les réunions internationales, notamment auprès du Conseil de Sécurité, au point qu’ils ne sont pas rares ceux de nos camarades qui pensent que tous les moyens pacifiques et diplomatiques ont été épuisés contre le monstre de l’Apartheid.

La réalité est tout autre, et révèle que le boycott stratégique n’est pas appliqué par tous les Etats. Il n’est un secret pour personne que tous les bateaux ou avions à destination de l’Afrique du Sud ont un besoin indispensable de ports et d’aérodromes africains. La question est de savoir à quel moment les Etats intéressés se décideront-ils à affronter le combat, c’est-à-dire à en accepter les sacrifices par l’interdiction de leurs ports et aérodromes aux avions et bateaux en provenance ou en direction de l’Afrique du Sud ?

Quant au boycott économique, il est encore le moins respecté des Etats. Ainsi, par exemple, plus de 33% des investissements en Afrique du Sud sont assurés par une compagnie diamantifère dont les principaux membres sont des Etats Africains. Le tableau est plus triste encore si l’on y ajoute les ventes d’armes, même par les pays progressistes, les achats de produits de consommation courante, etc.

Après l’année d’organisation, l’O.U.A. devra se consacrer à la solution de ce problème en prenant entièrement ses responsabilités en vue de l’application effective, par chaque membre, de la décision commune.

Concernant la représentation équitable de l’Afrique au sein des organes de l’O.N.U., un succès important a été remporté par l’adoption de deux amendements à la Charte de l’O.N.U., ayant pour effet de donner satisfaction aux Etats Africains.

Ces amendements, après ratification par les Etats, ne pourront être appliqués qu’à la condition qu’aucun vote négatif ne soit émis par les membres du Conseil de Sécurité. Il m’est impossible de penser qu’une seule de ces grandes puissances s’engage par son refus, à faire le plus cruel affront à l’Afrique et aux Africains. Face au problème posé, l’Afrique, en général, le Mali, en particulier, ne veut et ne peut admettre aucune justification au refus.

La conférence d’Addis-Abéba avait eu raison, n’est-ce pas, de recommander l’élimination des bases militaires étrangères ? La situation actuelle est là, criarde, pour ceux qui croyaient encore à leur efficacité pour assurer la sécurité de leur Etat, à la nécessité de maintenir longtemps encore ces bases. La preuve est faite, partout, qu’elles ne peuvent être et n’ont jamais été au service du peuple, qu’elles constituent au contraire une phalange d’un néo-colonialisme agressif et subversif à travers notre jeune continent, dans nos jeunes Etats. Exemples : projets de subversion contre certains Etats Africains.
Il nous faut saluer ici les décisions courageuses prises par certains Etats frères, qui ne sont pas, certes, frontaliers du Mali et qui contribuent ainsi, d’une manière décisive, au développement rapide d’une coopération sans réserve avec notre pays et au renforcement de la personnalité africaine. L’Organisation de l’Unité Africaine, camarades, a pesé de tout son poids sur les grandes puissances et peut se flatter des résultats obtenus dans ce domaine.

Elle a élaboré des principes d’entente qui ont prouvé leur efficacité dans les conflits territoriaux et frontaliers, apportant à chacun la preuve de la maturité et de la vitalité du Continent. C’est le lieu de réaffirmer notre attachement au respect des frontières léguées par le système colonial. C’est un principe intangible de notre politique, que pour tout Africain, les limites de l’Etat se confondent avec celles de la colonie de la veille, à moins d’un traité entre cet Etat et son voisin libéré.

D’ores et déjà, nous sommes rassurés, que la Commission de médiation, de conciliation et d’arbitrage qui sera mise en place lors de la Conférence prochaine, répondra pleinement à nos espoirs.

L’Organisation de l’Unité Africaine a élaboré des bases de coopération économique et culturelle. Les Commissions spécialisées ont élaboré leurs programmes, qui ont reçu un début d’application. Il est évident que la pratique de cette coopération fera apparaître mieux encore, parce que concrètement la nécessité urgente de décoloniser les structures. Le processus dans ce domaine est déjà amorcé, et d’ores et déjà, des initiatives admirables sont inscrites à l’actif de la Révolution décidée à Addis-Abéba.

Voilà qui explique assez pourquoi l’O.U.A. fait l’objet de critiques malveillantes, de manoeuvres perfides de division et même d’attaques ouvertes de la part des impérialistes. Ce qui est en cause entre eux et nous, ce n’est rien moins que la liberté de l’Afrique et son émancipation.

C’est pourquoi nous poursuivrons notre chemin inexorablement. Les regroupements sur commande n’y pourront rien, car, pour nous tous, ce qui importe, c’est la volonté de nos peuples.

C’est pourquoi aussi l’Organisation de l’Unité Africaine ne saurait puiser sa force que dans nos organisations populaires, de jeunes, de femmes, de travailleurs. Ils doivent reconnaître en cette organisation le porte-drapeau de leurs aspirations profondes à l’unité, à la liberté, à la fraternité, bref, de tous ces idéaux qui justifiaient leur liaison organique avec leurs homologues internationaux ou non-africains.

Chers Camarades,

Voilà brièvement ce que le Parti m’a chargé de vous transmettre. Les mois à venir verront les dirigeants Africains se pencher sur une application plus rigoureuse des décisions arrêtées en commun, en dégageant les voies d’accès à l’unité et la coopération efficace.

Pour réussir, l’Organisation de l’Unité Africaine a besoin du soutien total, actif et enthousiaste des peuples Africains et de leurs organisations populaires.

C’est à cette tâche urgente que vous convient votre Parti, l’Union Soudanaise-R.D.A. et sa Direction Nationale, pour que vive l’Afrique libre et unie, pour que vive le Mali.


www.buddhachannel.tv

Previous article25 mai : Journée mondiale de l’Afrique
Next articleInde — Conversions massives au bouddhisme à Mumbai