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Ile de la Réunion – Un Plaidoyer pour la Non-violence et la Cohésion sociale

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06.10.2008

L’association culturelle Tamij Sangam a célébré vendredi le 139ème anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi avec le Groupe de dialogue inter-religieux. Les différents intervenants ont souligné l’actualité du combat du grand militant anticolonialiste indien, assassiné il y a quarante ans.

À la tribune, de gauche à droite, le docteur Selvam Chanemougame, président de Tamij Sangam, René-Louis Pestel, adjoint au maire de Saint-Denis délégué à la culture, Idriss Issop Banian, président du Groupe de dialogue inter-religieux, et Mgr Gilbert Aubry, évêque de La Réunion
À la tribune, de gauche à droite, le docteur Selvam Chanemougame, président de Tamij Sangam, René-Louis Pestel, adjoint au maire de Saint-Denis délégué à la culture, Idriss Issop Banian, président du Groupe de dialogue inter-religieux, et Mgr Gilbert Aubry, évêque de La Réunion

« C’est un public nombreux, de près de trois cents personnes, qui a participé ce vendredi 3 octobre à la mairie de Saint-Denis à une conférence organisée par Tamij Sangam sur le thème de « Gandhi et la non-violence », avec comme conférencier Brahmachari Om Kara Chaitanya, un jeune disciple du Swami Adwayananda, de l’Ashram du Port. La conférence était doublement intéressante, avec la découverte de ce jeune enseignant de sanskrit et aussi avec la participation des différentes traditions religieuses réunionnaises, qui ont apporté leur vision dans cette discussion sur le sujet de la non-violence. Cette conférence passionnante s’est conclue par le vernissage d’une exposition faite avec le concours de Vishwanaden de l’île Maurice et du gouvernement indien, qui a offert les photos d’archives ». Ce commentaire du docteur Selvam Chanemougame, président de Tamij Sangam, résume parfaitement la réussite de cette soirée. Un événement révélateur des avancées de la société réunionnaise dans sa lutte pour valoriser son interculturalité et porteuse de projets visant à relever les grands défis de notre avenir.

Des principes fondamentaux

Le Brahmachari Om Kara Chaitanya a notamment rappelé les combats héroïques menés par Gandhi pour libérer son pays du colonialisme britannique. Opposé aux violences inter-religieuses, le Mahatma fut tué par un intégriste hindou, alors que le peuple indien venait de conquérir son indépendance.

« plus l’être humain est commandé par ses désirs, plus il ressemble à l’animal »

Or durant toute sa vie militante, il avait prôné la non-violence comme ligne de conduite pour défendre ses grandes causes à portée universelle. Il a mis son intelligence et sa détermination au service de son peuple, en défendant des principes fondamentaux comme : « je dois agir envers les autres comme je veux qu’ils agissent envers moi et je ne dois rien faire aux autres que je ne veux pas qu’ils me fassent ». Car « plus l’être humain est commandé par ses désirs, plus il ressemble à l’animal ». Après l’exposé du Brahmachari, plusieurs représentants du Groupe de dialogue inter-religieux ont apporté leur contribution au débat. Tout d’abord, le président Idriss Issop Banian, pour qui « à l’heure où le monde est marqué par de graves violences et injustices, les valeurs soutenues par Gandhi restent des bases essentielles d’un monde de paix ». Il a également dénoncé l’intégrisme musulman, « qui donne une forme dévoyée de l’islam » et il a souligné à quel point « l’interculturalité réunionnaise est une richesse à valoriser. Ensemble, devenons des artisans de la paix en créant une société basée sur des relations justes entre les personnes ». Pour Mgr Gilbert Aubry, « nous devons réguler nos instincts pour que nos pulsions de vie ne se transforment pas en pulsions de mort ». Faisant un lien entre Gandhi et Jésus, il a noté que ce dernier « a été rejeté par son environnement religieux et politique à cause de son attitude révolutionnaire et pacifique en faveur de l’amour, de la justice et de la liberté, bases de la paix ». Le responsable de l’Église catholique à La Réunion a souligné l’importance du dialogue entre Réunionnais et la nécessité de « nous remettre en cause » sur le plan individuel et collectif afin de « construire une seule famille humaine ». Le révérend Pecqueux, représentant des bouddhistes, a rappelé que le bouddhisme est confronté à la violence dans plusieurs pays et que les bouddhistes cherchent constamment à trouver des remèdes à ce fléau.


La principale violence

Pour sa part, le pasteur protestant Michel Bidois a rapproché Gandhi de Martin Luther King, qui a lutté pour libérer son pays du racisme et qui a été assassiné il y a quarante ans. La meilleure façon de lui rendre hommage est de continuer son combat et de « nous mobiliser ensemble pour ce qui est juste et vrai ». Enfin, Élija Baichoo, le représentant de la communauté religieuse Bahaï’e, a noté que « si toutes les religions défendent la non-violence, malheureusement il y a beaucoup de violences entre les peuples, dans nos sociétés, les familles et les couples ». Il a exprimé le souhait que « des politiques éducatives soient mises en place pour faire vivre l’humanité dans un village planétaire, solidaire et libéré des violences destructrices ». Dans le débat qui a suivi avec le public, un intervenant a insisté sur le fait que « la non-violence est une réponse positive, un acte d’amour face à la violence ». Un autre auditeur a déclaré qu’il aurait aimé que Gandhi se batte autant « pour l’interdépendance des Indiens que pour leur indépendance ». Une façon de souligner à quel point le combat pour la non-violence est inséparable de la lutte pour la cohésion sociale et pour créer concrètement les conditions de l’harmonie sociale. Car la principale violence à combattre n’est-ce pas l’injustice, la discrimination, la recherche du profit maximum par l’exploitation des autres, l’abandon des plus pauvres ?


L. B.

Source : www.temoignages.re – Nout zournal OnZe Web

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