09.10.2008
STOCKHOLM (AFP) – L’écrivain français Jean-Marie Gustave Le Clézio a reçu aujourd’hui la consécration du Nobel de littérature pour une œuvre dominée par les thèmes du voyage, de l’exil et de la nostalgie des mondes primitifs.
L’Académie suédoise » a expliqué dans ses attendus avoir récompensé avec Le Clézio « l’écrivain de la rupture, de l’aventure poétique et de l’extase sensuelle, l’explorateur d’une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante ».
Le Clézio, 68 ans, était considéré depuis des années comme un lauréat potentiel et son nom circulait avec insistance cette fois-ci dans les cercles littéraires suédois.
L’Académie suédoise n’a pas donné d’autres raisons à son choix mais il est évident que l’auteur de « Désert » avait de nombreux appuis parmi des académiciens sensibles à son idéalisme et ses critiques de la civilisation matérialiste.
Connu en Suède où plusieurs de ses romans sont traduits, J.M.G. Le Clézio avait reçu en juin dernier le prix littéraire suédois Stig Dagerman qui lui sera remis le 25 octobre à Stockholm. Le romancier refera le voyage le 10 décembre pour venir chercher son Nobel.
« Je suis très ému et très touché », a-t-il dit dans une interview en français à la radio publique suédoise. « C’est un grand honneur pour moi », a-t-il ajouté.
Les derniers lauréats français sont l’écrivain d’origine chinoise Gao Xingjian en 2000 et Claude Simon, grande figure du Nouveau roman, en 1985.
Né le 13 avril 1940 à Nice, dans le sud de la France, d’une famille émigrée à l’Ile Maurice au 18e siècle, Jean-Marie Le Clézio est considéré comme un des maîtres de la littérature francophone contemporaine. Son écriture est classique, simple mais raffinée, colorée.
Il a reçu entre autres le prix Renaudot en 1963 pour son ouvrage « Le procès-verbal ». Il était alors âgé de 23 ans.
Influencé au début par le nouveau roman, Le Clézio va évoluer vers une littérature plus spirituelle avec une attirance pour les thèmes du paradis perdu.
« Le point central de l’œuvre de l’écrivain se déplace de plus en plus en direction d’une exploration du monde de l’enfance et de sa propre histoire familiale », note l’Académie dans son communiqué.
Il évoque notamment la figure de son père, un médecin de brousse anglais, dans l’Africain (2004). Son ouvrage précédent, Révolution (2003), traitait des grands thèmes de son œuvre, l’exil, le conflit des cultures et les ruptures de la jeunesse.
Le romancier a beaucoup voyagé depuis sa jeunesse, États-Unis, Thaïlande en tant que coopérant, Mexique et a été employé dans les années 70 par l’Institut d’Amérique latine en Amérique centrale.
J.M.G Le Clézio a notamment écrit « La fièvre », « L’extase matérielle », « Terra amata », « Le livre des fuites », « La guerre », « Désert » (peut-être son chef d’œuvre), « Le chercheur d’or », « Onitsha », « Étoile errante », « Le poisson d’or », « Révolutions », « Ourania » et, en 2008, « Ritournelle de la faim ».
Marié et père de deux filles, il vit à Albuquerque dans l’Ouest des États-Unis mais vient souvent à Nice et dans sa maison bretonne de la baie de Douarnenez.
Ce nomade n’est pas un ermite. Il est notamment membre du jury d’un des prix littéraires les plus célèbres en France, le Renaudot.
En couronnant Le Clézio, le Nobel de littérature a confirmé sa prédilection pour la littérature européenne. Au cours des 20 dernières années, les écrivains européens dominent largement et c’est à la romancière britannique Doris Lessing que le prix avait été décerné l’année dernière.
Le Clézio recevra un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1,02 million d’euros).
Deux autres Français ont reçu cette année un Nobel, les chercheurs Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi en médecine pour leurs recherches sur le virus du sida.
Source : AFP