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Le Taoïsme non officiel en Chine

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Le taoïsme non officiel

mêle souvent ses manifestations multiformes avec la religion populaire. Sa vitalité éclate aux yeux dès qu’on entre en n’importe quel temple taoïste célèbre. Partout des gens se pressent autour de devins et de voyantes qui lisent dans la main, de guérisseurs qui font des massages ou transmettent par des gestes le qi (l’énergie vitale), de médicastres qui vendent des potions infaillibles pour guérir toutes sortes de maladies ou pour « rendre immortelLe nombre de ces « agents religieux populaires » augmente chaque jour. Même dans les milieux intellectuels il est courant d’entendre parler de célèbres maîtres en qigong (exercices respiratoires) qui semblent faire des miracles et des guérisons, ou de hauts fonctionnaires de l’Etat qui consultent un mage extralucide ou un devin spécialiste des Bagua (huit diagrammes) et du Yi Jing (« classique des changements ») avant de prendre une décision importante.

Les daoshi

Dans les régions rurales, il y a les daoshi plus ou moins liés à la secte Zhengyi à qui les gens s’adressent pour toutes sortes de besoins : guérir une maladie, combattre le mauvais oeil, entrer en contact avec les âmes des défunts ou les libérer de leurs peines, apaiser les esprits méchants, choisir le bon endroit pour construire sa maison ou pour ensevelir un mort, déterminer le temps propice pour partir en voyage ou lancer une affaire, etc. Il n’est pas facile pour l’Etat de se servir de l’association taoïste pour contrôler ce que font ces daoshi. Les solutions possibles vont de la condamnation de leurs activités comme « pratiques superstitieuses et immorales » à leur contrôle par la voie administrative, mais en se heurtant à des usages enracinés dans la culture populaire.

Un rapport sur les daoshi de la ville de Zhangye (Ganzu) explique : « On s’est demandé s’il ne faudrait pas institutionnaliser l’activité des daoshi de la secte Zhengyi et l’administrer de quelque façon. Certains tiennent que leurs pratiques sont superstitieuses, qu’il ne faut donc pas les officialiser, mais les laisser au contrôle de la sécurité publique. D’autres, au lieu de considérer ces daoshi comme une organisation superstitieuse, voient en eux une secte importante du taoïsme, avec un grand nombre d’adeptes, une influence sociale considérable. Ils observent, ajoute-t-on, les rites taoïstes et appliquent les réglements. L’association taoïste devrait donc accepter le status quo, reconnaître les droits de ces daoshi et leurs intérêts légaux, et prendre des initiatives pour gérer leur activité. L’expérience des dernières années l’a montré : mieux vaut les organiser et les contrôler que de les laisser à leur libre initiativeDe fait, comme nous l’avons indiqué, l’association taoïste chinoise a publié de nouvelles normes pour réglementer les activités des daoshi de la secte Zhengyi. Cela ne signifie cependant pas que tous les problèmes ont été résolus. Au contraire, la situation échappe encore à tout contrôle, surtout dans les campagnes.

Les Sectes secrètes

Une troisième manifestation de la vitalité du taoïsme non officiel est la resurgence des sectes secrètes. Leurs activités sont souvent dénoncées par les organes officiels. Un réglement approuvé en septembre 1983 par le comité permanent de l’assemblée nationale du peuple a fixé des châtiments pour « quiconque organise des sociétés ou des sectes secrètes réactionnaires, utilise des croyances et des superstitions féodales pour mener des activités contre-révolutionnaires et mettre en sérieux péril la sécurité du pays ». Est particulièrement active la secte Yiguan Dao, au point que sa propagation a été, avec le danger créé en diverses provinces par l’activité des sectes, la première question abordée par la « conférence nationale sur le travail religieux » convoquée par le Conseil de l’Etat en décembre 1990.

Tout cela démontre que la situation actuelle du taoïsme en Chine est assez complexe et instable. Le conflit est évident. D’un côté, les pouvoirs civils encouragent, sous leur entier contrôle, le développement des « belles traditions du taoïsme » qui consistent à : « considérer le temple comme sa propre maison, tâcher de se suffire financièrement, se livrer aux activités religieuses régulières, protéger le patrimoine culturel et artistique, prendre part au travail de production et à la sylviculture, faire progresser la médecine, développer les services d’assistance, contribuer à améliorer le niveau d’instructionD’un autre côté, des individus et des groupes étroitement liés aux masses prennent des initiatives et mènent des activités sur un tout autre plan, en fréquent désaccord avec les organes de contrôle officiels.

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