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En Chine, Bouddha infiltre la mode, l’art et l’électro

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Matérialisme, impression de vide… malgré un pays en pleine croissance, le jeune Chinois moderne n’échappe pas aux grandes questions existentielles qui ponctuent nos vies à tous.

En Chine, le bouddhisme, qui fait partie des religions officielles du pays (avec le taoïsme, l’islam, le protestantisme, le catholicisme et le confucianisme) est particulièrement populaire. Nous sommes allés à la rencontre de jeunes Chinois pour parler du bouddhisme dans leur pays.


La mode et l’art chinois à la sauce bouddhiste

“C’est vrai que le bouddhisme est très à la mode”, me dit Zhangjian, jeune musicien. “Et cela répond à un besoin. C’est sans doute parce que le monde actuel est extrêmement flou et difficile à cerner, les gens se sentent un peu perdus. On dit d’ailleurs en langage bouddhique que nous traversons une période de ‘déclin du Dharma’ (comprendre ici une période de trouble spirituel qui selon les écrits peut durer de 500 à 10 000 ans).

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Sur Taobao.com, le Ebay chinois, et dans les “concept stores” branchés, on voit clairement que les coupes inspirées des vêtements des bonzes (moines), alliées à des matériaux haut de gamme (cachemire mongol, laine tibétaine) occupent une place de choix chez les gens soucieux de consommer moins et mieux.

“Maintenant que nous sommes dans une ère économique relativement prospère, les gens ont plus d’aspirations spirituelles, ils veulent se libérer des choses inutiles dans leur vie. Avant, la Chine était trop pauvre, c’était impossible d’avoir ce genre de considérations”, commente Chen Tianzhuo, un jeune artiste en vogue, notamment connu pour ses performances hybrides où se mélangent psychédélisme et mythologie orientale.

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Religion, marketing et socialisme

Depuis la mort du leader chinois Mao Zedong en 1976 (c’est depuis sa mort que le gouvernement a réintroduit la liberté de culte qui était interdite avant), les rétroviseurs des voitures chinoises ne sont plus décorés de son portrait, ils ont été remplacés par des figurines de Guanyin (bouddha de la miséricorde).

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En Chine, le bouddhisme doit servir l’intérêt général de la nation et fusionner avec l’idéologie socialiste. Religion et socialisme, cela peut paraître incompatible mais le parti a un concept infaillible pour faire opérer la chimie : l’harmonie. L’harmonie, c’est le maître mot, la devise ultime, l’élément à maintenir à tout prix pour préserver la paix sociale.

Dans cette optique, le président Xi Jinping encourage les associations bouddhistes à travailler en profondeur les sutras qui vont dans le sens de la paix et même vers la modernité, en finançant en échange les aspects les plus grégaires du culte du Bouddha à coup de temples flashy et de statues dorées.

En 2017, Bouddha est donc au centre de toutes les attentions et le phénomène est aussi multiple que les avatars qui fleurissent dans les temples. Les valeurs du bouddhisme : compassion, liberté, respect de la vie, non-violence, tolérance ; la pratique, notamment le travail sur le corps et les émotions, et la recherche de la sérénité, gagne en popularité. Dévots, néo hippies, hommes d’affaire en quête d’absolution ou anciens maoïstes, nombreux sont ceux qui cherchent “la voie” dans une Chine en pleine mutation.

Religion, pratique morale, philosophie de vie ou science, Bouddha a la côte et c’est parti pour durer.


Source : Konbini

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