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Karma Capitalism — par Tristan Lecomte

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Je ne viens pas vous parler de la manière de gérer un monastère bouddhiste ou d’une théorie élaborée par des illuminés sectaires, mais d’un courant managérial des plus sérieux et ancré dans la pratique d’entrepreneurs californiens et texans des plus brillants. Vous avez dit texans? Oui, c’est en effet à Austin qu’est né le mouvement pour le capitalisme conscient, initié par le très libéral John Mackey, fondateur de Whole Foods, leader mondial des chaînes de magasins bio, dont le capitalisme karmique est une des sensibilités.

Le Karma Capitalism, développé par exemple au sein de la première chaîne hôtelière indépendante californienne « Joie de vivre » (qui compte des dizaines d’hôtels et des milliers de salariés), consiste à replacer l’action de l’entreprise, du manager et plus largement de tous les collaborateurs dans l’idée que tout acte positif envers l’autre ou l’environnement extérieur aura une répercussion positive sur soi et son organisation. Croire au Bien en un mot. Cette loi du Karma s’envisage aussi dans une dimension transgénérationelle, nos actes positifs aujourd’hui auront des répercussions positives pour les générations futures, incluant les futurs managers, collaborateurs et futurs propriétaires de notre organisation… On replace ainsi les objectifs de l’entreprise sur le long terme jusqu’à l’infini. On appréhende mieux l’interdépendance des enjeux du développement durable, on redonne sa place aux valeurs humanistes dans l’entreprise, et on crée ainsi de la valeur incrémentale pour l’entreprise. Croire que le bien est aussi créateur de richesses, matérielles et immaterielles, de bien-être et de satisfaction personnelle par exemple, moteur de motivation dans l’entreprise.

Marginal vous allez dire? Mais n’est ce pas Google qui a pour mission de « faire le bien » et même BMW qui récemment nous promettait « la Joie »? A n’en pas douter, nous vivons actuellement un changement profond du modèle capitaliste, marqué par le retour des valeurs. Parce qu’il est urgent de redonner du sens au travail et à la consommation, pour le bien-être de tous mais aussi pour trouver les vrais relais de la croissance. Le shampoing trois en un ne fait plus rêver, ni le plan de carrière dans une entreprise sans âme.

Nous sortirons de cette crise grâce à un retour aux valeurs qui sont seules capables de nous mobiliser durablement: le bien, la vérité, la compassion, la transparence. Il ne s’agit pas d’instrumentaliser ces valeurs juste pour relancer la machine, cela ne marchera pas. Il faut faire un vrai retour sur soi et proposer d’intégrer ces valeurs dans son organisation. « A quoi sert tout ce savoir et ces richesses si ce n’est pour aider ceux qui souffrent » nous demande le prix Nobel de la Paix Mohammad Yunus. Il faut proposer ce changement intérieur que chacun de nous attend en réalité. Il faut faire le bien, ne serait-ce que pour redonner du sens à notre système économique et plus largement, à nos vies.


Source: L’Express




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