Comment voit-on la joie dans la pensée occidentale et la joie dans ce que le bouddhisme appelle « mudita ».
Chez nous, occidentaux, la joie est une émotion à la fois positive, qui peut devenir un choix spirituel de vie. Cette satisfaction profonde s’allie à notre conscience dans une approche palpable du bonheur.
Pour le philosophe hollandais Spinoza, le grand penseur de la joie, cette joie forme, avec la tristesse et le désir, l’un des trois affects fondamentaux de l’être humain : tous les autres sentiments (amour, haine, espérance, crainte, etc.) se définissent comme des formes particulières de joie ou de tristesse. La joie (lætitia en latin) est définie par Spinoza comme « le passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection » c’est-à-dire comme une augmentation de forces et de la réalisation de soi d’un être humain. La joie est ainsi un accroissement de notre puissance, lié à la réalisation de nos désirs et de notre effort pour persévérer dans l’existence.
Pour Nietzche, la joie est reliée à notre capacité d’approbation de l’existence avec ses joies et ses souffrances.
Henri Bergson voit dans la joie le signe d’un accomplissement, d’une réussite et d’un achèvement, ce qui, selon lui, en fait un indice du sens de l’existence humaine : en effet, toute grande joie est la conséquence d’une création – par exemple la joie de l’entrepreneur qui a fondé une entreprise qui marche, ou la joie de la mère qui a engendré et élevé son enfant, montrent qu’ils ont créé quelque chose de viable. Ainsi, le sens de la vie humaine serait la création. C’est pourquoi Bergson distingue soigneusement le plaisir, simple subterfuge de la nature pour provoquer la conservation des êtres vivants (la recherche du plaisir et la fuite du désagrément attirant ces êtres vers les actes utiles à la conservation de la vie), et la joie, qui signale quant à elle un accomplissement de la vie humaine.
Dans « l’art de la Joie », Nicolas Go repense la joie comme une pratique de sagesse qui se passe de toute raison et s’accomplit dans l’art, le rire et le sacré.
Et maintenant dans le bouddhisme, qu’est-ce que la joie ? Muditā désigne la joie en pâli comme en sanskrit, et ce terme est autant utilisé dans l’hindouisme que dans le bouddhisme. Pour le Bouddha, il s’agit de trouver, à l’aide de la conscience, une joie sans limite en regardant en chaque être les qualités plutôt que les défauts. Ce positionnement mental permet de laisser rayonner cette joie dans les 4 directions de l’univers. Cette méditation sur le Joie dite sympathisante, fait partie des Quatre Incommensurables, ces quatre pratiques indissociables dans une démarche bouddhique : Maitri ou Mettā, la bienveillance – Karunā, la compassion, Upeksā ou Upehhā l’Equanimité. Comme cette joie est toujours une joie qui naît devant les qualités des autres, leurs vertus, leurs richesses, leurs réussites, leurs bonheurs, elle est donc toujours intimement liée à cette compassion et à l’amour bienveillant. La joie sacrée, Muditā, se définit par le souhait que les autres connaissent un bonheur parfait dénué de toute souffrance ainsi que par la réjouissance devant ce bonheur.
Mais la joie bienveillante a 2 ennemis, un ennemi qui semble presque identique, l’euphorie,mais qui est un attachement excessif aux expériences plaisantes. Et un ennemi sournois, la jalousie qui nous fait détester les joies et les bonheurs des autres.
Donc, développons cette joie en toute circonstance envers chacun, quelque soient les contre-temps et les drames, ainsi le propose la pratique bouddhiste.