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Karmapa Orgyèn Trinlé Dordjé — L’importance d’être végétarien

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Le 3 janvier 2007, jour de la pleine lune, était le dernier jour des 24e Kagyu Meunlam. À l’ombre de l’arbre de la Bodhi, siège de l’éveil de 1000 Bouddhas, Orgyèn Trinlé Dordjé, le XVIIe Gyalwang Karmapa, a donné cet enseignement sur les bienfaits de ne pas manger de viande. Plus de 6000 personnes étaient présentes. L’enseignement a été entendu par des détenteurs de lignée, des Rimpochés, des lamas, des membres de la sangha monastique et des pratiquants laïques qui étaient venus de nombreux pays dont le Tibet, le Népal, l’Inde, Taïwan, la Corée, la Birmanie, les USA, le Canada, la Russie et toutes les régions d’Europe.


L’enseignement a été traduit en plusieurs langues simultanément et diffusé par radio FM. Ainsi il a été possible d’entendre le sens et en même temps de se connecter à la clarté et la passion de la voix puissante du Karmapa. La traduction anglaise a été assurée par Ringou Tulkou.


Je n’ai pas pris de notes sur le moment, mais peut-être une transcription complète sera disponible à une date ultérieure. Cependant, à plusieurs reprises pendant les enseignements des Meunlam, Sa Sainteté a dit que, en tant que famille Kagyu, nous ne devrions pas trop nous préoccuper des détails précis au détriment du sens de Son message. De façon pratique, je suis sûr que c’est un compte rendu fidèle de ce qui a été dit et le propose maintenant avec un sentiment d’urgence.


Vers la fin de l’enseignement, Sa Sainteté a demandé expressément aux personnes présentes de rendre l’enseignement accessible à d’autres puisqu’il considère que le sujet a une telle importance. Il a plaisanté en disant que les Tibétains devraient le traduire pour ceux de l’Amdo au cas où ceux-ci prétendraient ne pas avoir compris son dialecte.


Tout au long des Kagyu Meunlam, Sa Sainteté a souvent parlé de son enfance de nomade pauvre au Tibet. À un certain moment de l’année les nomades avaient pour habitude de rassembler les animaux qui devaient être abattus. À ces moments-là Sa Sainteté était complètement éperdue d’inquiétude à cause de la souffrance des animaux. Quoi que les siens tentent, ils ne parvenaient pas à contenir son chagrin. Depuis cette époque Sa Sainteté a dit qu’il avait beaucoup étudié le dharma et pratiqué avec diligence ; pourtant dans toutes ses études et ses pratiques il n’a jamais trouvé quelque chose qui puisse être créé qui était plus précieux que cette bonté qui s’élevait naturellement envers d’autres êtres. Il nous a tous encouragés à nous relier à cette bonté innée qui est en nous-mêmes.


Une fois quand il vivait au Tibet, quelqu’un avait lu les lignes de la main de Sa Sainteté et avait indiqué qu’il y avait des obstacles potentiels à sa vie dans sa 23e et sa 24e année. Depuis qu’il a quitté le Tibet, Sa Sainteté elle-même a fait un rêve sur la même question. Il a dit que, alors que normalement il n’a pas peur de la mort, il s’était réveillé de son rêve profondément inquiet. C’est en réponse à ceci qu’il a conclu que le meilleur remède aux obstacles à la fois à sa vie et à la vie du Dalaï-Lama serait que ses disciples protègent la vie et en particulier soient moins impliqués dans l’abattage d’animaux et la souffrance qui résulte de la consommation de viande.


Il était clair que le Karmapa n’était pas en train de faire une requête polie. En tant que chef de la lignée, il examinait les défaillances, faisait un diagnostic des obstacles et prescrivait un remède qui doit être suivi.


Avec effet immédiat :
– Aucune viande ne doit être préparée dans les cuisines de tout monastère ou centre Kagyu.
– Personne ne doit se trouver impliqué dans l’achat ou la vente de viande – pour tous ses disciples, c’est une pratique qui doit s’arrêter.
– Il ne doit y avoir aucun abattage d’animaux dans des locaux Kagyu – l’abattoir de Tsourpou doit être fermé.
– Sa Sainteté sait qu’il y a des moines portant la robe qui vont acheter de la viande et il ne veut plus jamais voir ça.

Sa Sainteté a dit qu’il sait que des lamas et des pratiquants ont toujours justifié la consommation de viande en disant qu’ils faisaient des prières pour les êtres qu’ils mangent ; ça ne suffit pas. Il a demandé combien d’entre eux pouvaient vraiment libérer des êtres de cette façon.

Aucun doute, nous avons vraiment un Karmapa et il commence à se faire entendre.


L’usage d’alcool et de viande pour les offrandes de tsok est aussi inacceptable. Sa Sainteté a cité des maîtres spirituels du passé qui avaient condamné la pratique d’utiliser les tsoks comme une excuse pour manger de la viande et boire de l’alcool. Ne laissant absolument aucune marge à l’interprétation, il a dit que quiconque utilise de la viande et de l’alcool comme tsok ne fait pas partie de la lignée de Karmapa. Si la pratique est au niveau où Mahakala vient vraiment et que véritablement il boit l’alcool et mange la viande, alors ça peut être justifié, mais autrement nous devrions utiliser des fruits !


Pendant toute la durée des Kagyu Meunlam, beaucoup de gens prenaient les voeux de sojong tous les jours à 6h du matin. Ceci avait lieu sous l’arbre de la Bodhi, sous la présidence de Sa Sainteté ou d’autres maîtres. Vers le début des Meunlam, Sa Sainteté avait expliqué le sens et le but des préceptes de sojong et avait indiqué, à ce moment-là, que la consommation de viande était un sujet important, qui serait traité ultérieurement. Il semble qu’à l’origine, il avait eu l’intention de donner aux gens une semaine de réflexion avant de prendre un engagement. Les événements ont fait qu’il nous a donné le temps de la pause thé pour décider de ce que nous nous sentions capables de promettre. Il a dit que parfois il valait mieux être spontané.


Plusieurs options étaient possibles et on nous a demandé de lever la main pour indiquer notre choix d’engagement et d’être témoin les uns les autres de nos décisions. Son souhait que chacun d’entre nous prenne un voeu individuel était clair et ferme. Ceci s’appliquait tout aussi bien aux Tibétains, qui historiquement n’avaient pas grand-chose d’autre à manger. Sa Sainteté a dit que « grâce à la bonté des Chinois » (ce sont les termes exacts) les Tibétains disposent de légumes et d’autres aliments.

Les choix proposés étaient les suivants :
– Ne pas manger de viande un jour par semaine
– Ne pas manger de viande un jour par mois
– Ne pas manger de viande les jours spéciaux comme les jours de pleine et nouvelle lune, les jours de Gourou Rimpoché et de Tara
– Ne manger de la viande qu’à un seul repas par jour
– Arrêter de manger de la viande pour toujours
– Arrêter de manger de la viande pour une période précise comme un, deux ou trois ans
– Réduire la consommation de viande avec pour objectif d’arrêter complètement


Pendant tout le discours il était évident que Sa Sainteté voulait que tous ceux qui ont une connexion avec sa lignée prennent un engagement pour deux raisons principales :
– Les enseignements du seigneur Bouddha demandent que nous agissions avec bonté et que nous préservions la vie.
– En raison de notre connexion avec Sa Sainteté, en améliorant notre conduite nous pouvons réduire les obstacles à sa (longue) vie.

Quand on réfléchit à l’activité inébranlable de bodhisattva des Karmapas, comment ne pas être heureux que pour une fois on nous donne une occasion simple et pratique d’aider/être utile ?


Vin Harris

9 Janvier 2007

à Eskdalemuir

www.buddhachannel.tv

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